L’une des causes des crises du Mali est la mauvaise organisation des élections. La preuve : les contestations des résultats des présidentielles de 2018 et des élections législatives de 2020. Ces contestations existent parce que le doute règne sur les acteurs qui organisent les élections, notamment le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Pour mettre fin à ce problème, les groupements politiques et ceux de la société civile plaident pour la création d’un organe unique de gestion des élections afin d’éviter que l’organisation des élections ne soit pas liée à ceux qui sont au pouvoir.
En effet, pour la classe politique, la crédibilité des prochaines élections générales dépendra de la création de l’organe unique de gestion. « La création des conditions pour la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles par un Organe électoral unique et indépendant pour éviter la prise en otage du processus électoral par la junte militaire, qui a déjà corrompu et confisqué la victoire du Peuple à travers sa gestion de la Transition, et épargner aux Maliens une crise postélectorale aux conséquences incalculables », a sollicité le M5-RFP dans son dernier communiqué. Au-delà de ce mouvement hétéroclite, d’autres groupements politiques dont l’Alliance Ensemble pour le Mali (EPM) a recommandé à ce que la création de cet organe unique de gestion des élections soit une priorité des autorités de la transition.
Le consortium des organisations de la société civile pour une élection transparente au Mali dirigé par Dr Ibrahima Sangho est aussi favorable à la création de l’organe unique de gestion des élections. « On doit aller de l’avant, pour aller de l’avant, il y a la nécessité des réformes profondes au Mali. Il faut vraiment aller à la révision de la constitution si on veut aller à des élections propres crédibles, transparentes sans violence. Il faut aller obligatoirement à la création d’un organe unique et indépendant de gestion des élections…Nous en tant qu’organisation de la société civile, nous voulons un organe unique et indépendant de gestion des élections qui va s’occuper de toutes les phases des procédures électorales, qui va prendre en charge les missions du ministère de l’administration territoriale, les missions de la CENI, les missions de la DGE et qui va proclamer les résultats définitifs. S’il y a des contentieux, les protagonistes iront à la cour constitutionnelle », a-t-il laissé entendre. Lui, il demande d’ailleurs à ce que le processus s’accélère : « Si on veut installer un organe unique de gestion des élections, il faut s’y prendre tôt. Parce qu’en 1997, la CENI a été installée en janvier pour organiser les élections en avril, c’était trois mois, le délai était trop juste. Or aujourd’hui, pour la transition, c’est 18 mois, il reste 13 mois. Nous pensons qu’en dix mois on peut aller à l’installation de l’organe unique de gestion des élections…», a déclaré Dr. Ibrahima Sangho.
Or, le premier ministre a indiqué que la transition, par contrainte de temps, ne pourra pas créer l’organe unique de gestion des élections. « La transition est confrontée à des contraintes majeures et ne dispose pas de temps nécessaire pour rendre fonctionnel l’organe de gestion des élections afin de prendre en charge tout le processus électoral dans le respect strict de la durée de la transition », a déclaré Moctar Ouane.
Cet argument du premier ministre sera difficilement accepté par bon nombre d’éléments de la classe politique qui n’ont plus confiance aux autorités transitoires. Pour ces acteurs, sans l’organe unique de gestions des élections, les colonels au pouvoir vont placer un de leurs pions à la tête du Mali. Déjà le M5-RFP a montré son opposition à l’argument du premier ministre. Il sera certainement soutenu par d’autres groupements politiques et le bras de fer risque d’être rude entre eux et les gouvernants.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali