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Covid-19 : les enseignants des écoles privées dans le pétrin

Galère, dette…ce sont ce qu’ont vécu les enseignants des écoles privées à cause de la pandémie de la covid-19, en tout cas à Bamako, dans la capitale malienne.

Les différentes fermetures des écoles dues à la pandémie de la covid-19 ont bouleversé les enseignants des écoles privées, généralement payés selon les heures enseignées. Cette situation a poussé certains enseignants, n’ayant pas d’autres moyens de gagner l’argent, que de s’endetter

jusqu’au coup. Selon Edouard Samaké, un enseignant dans le secteur privé qui a bien voulu taire le nom de son établissement, la covid-19 lui a causé d’énormes torts. « A cause de la pandémie, je n’arrivais pas à payer mes factures », a-t-il déploré avant d’indiquer « même manger était devenu un véritable parcours du combattant » pour lui et sa petite famille.

Cet enseignant, bien qu’il ait continué à donner des cours à domicile à certains élèves, était obligé de s’endetter pour subvenir aux besoins de sa famille. Et cette dette, il n’a pas fini de la payer jusqu’à présent. Cet enseignant, certainement non protégé par l’État, exprime sa colère contre les promoteurs des écoles qui, durant cette période, n’ont pas garanti la sécurité de leurs employés. « Pendant cette pandémie, nos relations avec nos promoteurs relevaient de la pire animosité », a révélé M. Samaké qui a accusé les promoteurs d’écoles de n’avoir eu « aucun souci pour les pauvres enseignants qu’ils sont ». Visiblement très remonté, cet enseignant estime que si « ces promoteurs avaient un peu d’humanisme, ils auraient dû donner un peu d’argent à chaque enseignant pour soulager leur misère ».

Un autre enseignant, Boucary Togo, tout souriant, dit en vouloir à l’État malien. « L’État, en voulant nous protéger de la covid-19, nous a exposé à la galère qui est plus dangereuse », a ironisé ce sortant de l’IFM qui sert dans une école privée à Baco-djicoroni. Les parents d’élèves, eux aussi, ont senti les conséquences de cette crise. Pour éviter que les enfants perdent de niveau, beaucoup ont été contraints de payer les cours à domicile pour leurs enfants. « Nous, à notre niveau, nous avons des enseignants qui donnaient des cours à domicile bien avant la pandémie et avec l’arrivé de la pandémie ce système a continué», nous a expliqué Boubacar Yalkoué, un parent d’élève. Ce qui est paradoxal et qui a joué sur les parents d’élève, c’est le paiement de la scolarité des enfants malgré la fermeture des écoles. « Pendant la pandémie, nous n’avons pas payé la scolarité. Mais à la reprise, les promoteurs nous ont saisi par rapport à ces sommes », a indiqué Boubacar Yalkoué qui a précisé qu’ils ont « mis la main à la poche puisse qu’il s’agît de l’avenir de nos enfants ». Bekai Diarra, un autre parent d’élève, quant à lui, a affirmé « qu’il a été obligé de payer des cours à domicile pour ses 4 enfants ».

Moctar Guindo, directeur et porte-parole du promoteur de l’école privé INTEC sise à Baco-Djicoroni, est conscient des difficultés qu’ont traversé les enseignants du secteur privé. Il affirme que la crise est indépendante de leur volonté et que les enseignants devaient comprendre leurs difficultés.

La part de responsabilité de l’État

L’État a-t-il aidé les écoles privées et leurs enseignants pendant ces fermetures d’écoles ? Pas tellement. En effet, l’État, même s’il a fait des dons de kits de lavage des mains, des gels hydro alcooliques et les cache nez, n’as pas songé à la situation des enseignants pendant la période de la fermeture des classes. « L’État, de sa manière et de sa façon de faire les choses, nous a accompagnés en termes des kits de lavage des mains, de gels hydro alcooliques et les cache nez », reconnait Moctar Guindo, gérant de l’école privée INTEC. L’État a également joué son rôle en termes de sensibilisation des écoliers sur le respect des mesures barrières. Mais, regrette-t-il, en dehors de nos dus de chaque année, « nous n’avons pas reçu d’autre aide particulière vis-à-vis de l’État durant cette pandémie».

Pour les quelques enseignants des écoles privées interrogés par nos soins, l’État aurait dû obliger, par une loi, les écoles privées à payer une somme forfaitaire à leurs employés afin d’alléger les contraintes de la crise sanitaire. Ce qu’il faut, enfin, retenir c’est que la pandémie de la covid-19 a causé d’énormes torts aux enseignants du secteur privé. Certains de ces enseignants laissés à leur propre sort, sont entrain de payer leur dette toujours.

Réalisé par Tioumbè Adeline Tolofoudié

Cet article a été publié avec le soutien de JDH (Journaliste pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada)

  Source: Le Pays

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