Elles sont nombreuses les infirmières, sages-femmes, laborantines, techniciennes de surface, au sein du personnel socio-sanitaire, à se battre pour assister les patients atteints de la Covid-19.
Cet article a d’abord été publié, en avril 2021, par le journal L’Annonceur.
Sur le site de prise en charge de l’Hôpital du Mali, le travail est bien matinal et souvent sans repos pour la superviseure des techniciennes de surface, Mariam Gaba, constamment en blouse blanche. Elle veille entièrement à la propreté du site. Une mission qu’elle prend au sérieux. Abordée, elle ne cache pas ses émotions des premiers jours d’admission des malades de la Covid-19 sur le site. « Au tout début de la pandémie, raconte-t-elle, nous avions peur d’être contaminées. Cela, malgré la décontamination des matériels et le port des équipements de protection individuelle (EPI). Cette peur créait un sentiment d’angoisse et de stress permanent. Mais au fil du temps, nous avons appris à tout vaincre pour paraitre plus résistantes face aux malades qui nous abordent. »
A la clinique Bénédiction à Quinzambougou, Fatoumata Sissoko, infirmière, a commencé à travailler peu de temps avant l’irruption de la pandémie. Si elle pouvait assurer pleinement le service à domicile à son arrivée ou porter secours aux patients sans autres protocoles sanitaires, elle verra son quotidien changer radicalement. « La pandémie a créé la méfiance et la suspicion. Avant la clinique drainait plus de monde et le déplacement à domicile était assuré. Mais, avec la maladie, il fut des moments où même le peu de gens qui venaient ne voulaient pas s’asseoir sur nos bancs. Pire, certains se contentaient d’appels téléphoniques ou restaient dans leur voiture. Le personnel soignant avait peur d’être contaminée bien qu’on encourageât au respect des mesures barrières », confie-t-elle. Et de se réjouir de la baisse du taux de contamination de la population au virus.
Peur d’attraper la maladie
Mme Coulibaly Oumou Traoré, chargée de planning familial (PF) au Centre de santé communautaire de Bamako-Coura, témoigne : « Au tout début de la maladie à Covid-19, c’était compliqué. Les gens ne venaient pas, certains pensaient que ce sont les personnels socio-sanitaires qui étaient porteurs du virus. Or, au fond, jusque-là, je continue d’avoir peur d’attraper la maladie ».
Pour Mme Diallo Niakalé Diakité, responsable du service social du Centre de santé de référence de la commune VI, « la Covid-19 a apporté assez de changement dans [leurs] façons de faire. Vu qu’avant la maladie, on avait des financements, des donations pour la prise en charge médicale des indigents. Mais, avec la pandémie qui est d’ordre mondial, on n’a plus de financement ni de partenaires. Du coup, rien n’est plus facile ».
Accompagnement
La pandémie a ébranlé le personnel sanitaire d’une manière générale. Sur certains sites de prise en charge, il continue de bénéficier de l’accompagnement des psychologues, c’est du moins ce qu’explique Konandji Diarra, responsable de prise en charge psycho-sociale à l’Hôpital de dermatologie de Bamako. Mais avant, dit-elle, « ici au niveau de notre site de traitement, le personnel socio-sanitaire féminin nous a beaucoup aidés dans la prise en charge médicale des cas, l’assainissement et la propriété. Beaucoup d’entre elles ont été contaminées par le virus. Nous les avons approchées pour leur faire comprendre que c’est en sauvant d’autres vies qu’elles ont été infectées. De ce fait, avec la communication fluide, nous leur avons donné de l’espoir jusqu’à ce qu’elles parviennent à dompter la maladie. » Avant d’ajouter : « En dehors de l’appui moral, l’État a alloué un fonds à chaque site de traitement. Celui-ci est réparti entre tous les acteurs intervenants dans la prise en charge, que l’on soit femme ou pas, les sommes sont les mêmes ».
Sur le site de prise en charge des malades de la Covid-19 de l’Hôpital du Mali, l’appui de l’État n’a jamais fait défaut, même si la mobilisation prend souvent du retard, confirme Dr Aboubacar Sidiki Dramé, point focal Covid-19. « Outre le soutien matériel, le personnel socio-sanitaire a bénéficié de la prime spéciale annoncée par l’ancien chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta, explique-t-il. Même si la dotation a pris du temps. Au tout début, la prime était destinée à l’ensemble du personnel impliqué dans la prise en charge. Mais, ce n’est plus le personnel sanitaire seul qui en bénéficie. En plus, la prime est devenue un forfait pour toute l’année. Si celle de 2020 a été donnée, je n’ai pas d’informations précises pour le moment pour 2021 ».
Source : benbere