La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Tiéna Coulibaly
La première session de la Cour d’assises au titre de l’année judiciaire 2018-2019 a débuté lundi dernier dans la salle d’audience de la Cour d’appel de Kayes, en présence du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Tiéna Coulibaly. Pendant deux semaines, cette Cour qui est présidée par Hamidou B. Maïga, examinera 43 affaires criminelles relatives à plusieurs infractions.
Parmi les infractions contre les mœurs, on retient neuf cas, dont des viols (7) et deux de pédophilie. Les 18 cas d’infractions contre l’intégrité physique des personnes se répartissent entre les cas de coups mortels (6), d’assassinats (5), d’infanticide (4) et de meurtre (3). La Cour traitera également 3 cas d’infractions à la règlementation des stupéfiants. Quant aux infractions contre les biens en général, celles-ci portent sur 2 cas d’incendie volontaire, 1 cas de faux et usage de faux et 10 cas de vols qualifiés.
Le procureur général, Ibrahim Konta, a signalé qu’à l’exception d’un seul dossier de vol, tous les autres cas de vol sont cumulés avec d’autres infractions telles que l’association de malfaiteurs, la détention illégale d’armes à feu (qui sont le plus souvent des armes de guerre) et des munitions, les stupéfiants, les coups et blessures volontaires ainsi que les assassinats.
« Comme on peut le constater aisément, la criminalité dans le ressort de la Cour d’appel de Kayes se développe et devient de plus en plus violente. Les délinquants n’hésitent plus à agresser, blesser, tuer les paisibles citoyens et même brûler leurs domiciles pour s’accaparer de leurs biens », a commenté le procureur général Konta.
Lors de la dernière session de la Cour d’assises, il avait rappelé les dispositions contenues dans le préambule de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Elles sont relatives à la nécessité de restaurer sans délai la sécurité, promouvoir durablement la paix et la stabilité dans notre pays et traduire dans la réalité les règles de bonne gouvernance, de transparence dans la gestion, de respect des droits de l’Homme de la justice et de la lutte contre l’impunité, sans oublier l’impératif de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.
Les récents événements de Dioura, Koulogon et Ogossagou viennent de rappeler à l’ensemble du peuple malien, la nécessité de s’engager davantage pour l’atteinte de nos objectifs de paix et de sécurité. « Dans la lutte contre le terrorisme qui sévit dans notre pays depuis des années, je sais que les acteurs de la chaîne pénale dans leur ensemble y sont engagés avec le pôle judiciaire spécialisé, car le terrorisme est avant tout une infraction à la loi pénale. Le cas de notre collègue Soungalo Koné, président du Tribunal d’instance de Niono et son compagnon, le commandant de la Brigade territoriale de gendarmerie de Guiré qui ont payé le prix le plus fort en y perdant la vie, est un des exemples frappants », a évoqué Ibrahima Konta, en faisant observer une minute de silence en leur mémoire.
Au terrorisme qui sévit dans les régions du Nord et du Centre, s’ajoute une augmentation notoire des infractions collectives ou de foules, particulièrement dans la région de Kayes. « Oui, nous avons connu plusieurs cas de cette criminalité collective, notamment à Koniakary, Kéniéba et Yélimané, où nous avons assisté à des épisodes de violence gratuite, de destruction pour la destruction, de vandalisme, toutes choses qui ont provoqué une réaction profonde et émotionnelle de toute la nation, de toute la population qui se demande : Que faire pour arrêter cette violence montante ?», a-t-il déploré.
En plus de ces violences, il y a des cas plus préoccupants, la discrimination sociale ou l’esclavage, qui sont liés au « vivre ensemble dans nos villages ». De nos jours, la justice a enregistré 21 affaires relatives à des cas d’esclavage par ascendance. Parmi ces affaires, deux ont fait l’objet de médiation pénale, 7 ont été déjà jugées et le reste est en cours de traitement à différents niveaux (unités d’enquête, cabinets d’instruction ou déjà enrôlées pour jugement).
Le ministre Tiéna Coulibaly s’est réjoui de la bonne tenue de cette session qui, selon lui, devrait déboucher sur de bonnes décisions pour tous. « Le citoyen a besoin du sort qui est réservé à l’accusé.
Les magistrats doivent juger correctement en fonction du droit. Nous travaillons à l’humanisation de la justice. Je lance un appel à tous, notamment à la société, à se donner la main pour lutter contre les crimes », a déclaré le ministre de la Justice, Garde des Sceaux.
Avant l’étape de Kayes, le ministre Tiéna Coulibaly et sa délégation s’étaient rendus à Kita, puis à Bafoulabé pour s’imprégner des conditions de travail dans les services relevant de son département.
Bandé Moussa
SISSOKO
AMAP-Kayes
Source: Essor