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Cour d’assises de Bamako : l’ami violeur

Après une nuit bien arrosée, il fait irruption dans la chambre à coucher de son ami où l’épouse de celui-ci dormait seule. Il tente et échoue de la violer avant de se retrouver devant les juges

 

La tentative de viol est un acte criminel prévu et puni par les dispositions des articles 3 et 226 du code pénal malien pouvant donner lieu à des peines criminelles. C’est à cause de cette infraction que ID, un jeune homme originaire de la Guinée a comparu devant les jurés de la Cour d’assises dès la première semaine des travaux de la session en cours.
Dans la nuit 31 juillet au 1er août 2019, à Bamako-coura, un quartier situé en plein centre ville de la capitale en Commune III du District de Bamako, ce trentenaire a tenté de s’en prendre sexuellement et avec violence, sans le moindre consentement de sa future victime HB alors que cette dernière dormait dans sa chambre en l’absence de son époux qui se trouvait au travail.

Dans cette histoire, même s’il a mis son acte sur le compte de son état d’ébriété au moment des faits, beaucoup d’indices laissent à penser que ce jeune homme avait minutieusement mûri et préparé son plan à l’avance. Cette nuit-là, aux environs de 2 heures du matin, le présumé violeur avait fait irruption dans la chambre conjugale de dame HB. Très certainement qu’il savait que l’époux de sa future victime était absent. Il a trouvé que la femme de son ami dormait à poings fermés sous une moustiquaire. Cela ne le découragera point. Décidé à aller jusqu’au bout de sa logique machiavélique, il tentera de rejoindre la dame sous la moustiquaire. Comme par malchance pour lui, cette dernière a été alertée par les bruits de pas de celui qui allait être son violeur dans les minutes suivantes. Surprise de constater la présence d’un intrus dans sa chambre à une telle heure de la nuit, le premier réflexe de la dame a été de chercher à s’échapper.
Lorsqu’elle s’est réveillée brusquement pour s’enfuir, elle trébucha. Puis elle s’est retrouvée entre les mains de son bourreau avec qui elle était seule dans la chambre à coucher.
En dépit de tout, elle ne s’est pas laissée faire. Durant le combat qui a lieu entre eux, elle s’est défendue bec et ongle contre son agresseur. Par finir, elle est parvenue à se défaire de l’étreinte de celui qui tentait de la violer jusque dans sa chambre à coucher. Puis, sans perdre la moindre seconde, elle a alerté les autres occupants de la maisonnée. Comme si personne ne dormait, la cour s’est instantanément remplie d’individus dont certains encore somnolents.

C’était peine perdue pour le jeune Guinéen qui n’aura pas le temps de s’enfuir. Il a été coincé par la foule avant d’être maîtrisé par des secouristes improvisés. Dans les minutes qui ont suivi, il a été remis aux policiers en charge de la protection de mœurs et de l’enfance qui, peu de temps après, ont ouvert une information judiciaire contre ID. Ainsi, le jeune homme a été accusé de tentative de viol sur la personne de dame HD.
Après tous ces faits, il est ressorti de l’acte d’accusation que l’inculpé n’a pas reconnu les faits de tentative de viol à lui reprochés. Et qu’il est resté constant dans cette attitude aussi bien à l’enquête préliminaire qu’à l’instruction de son dossier. Néanmoins, il s’est expliqué. De ses explications, il est ressorti que le jour où les faits se sont passés, il était sorti pour une virée nocturne dans un bar du quartier. Quelques heures plus tard, il aurait quitté les lieux complètement soul, pour regagner son atelier de couture situé à Bamako-coura. Voilà qui ce qui semble pourtant clair.
Bizarrement, contre toute attente, après ses explications l’inculpé dit ne s’être souvenu de plus de rien. Toujours selon lui, son esprit ne s’est réveillé de sa torpeur que 24 heures plus tard. Et il s’est retrouvé dans les locaux des policiers, sans comprendre réellement les causes même de sa présence sur place. C’est en ce moment que les limiers lui ont rafraichi la mémoire en lui rappelant brièvement l’infraction qu’il avait commise 24 heures plus tôt. Le jeune homme a tout mis sur le compte de l’état d’ébriété dans lequel il se trouvait la nuit où les faits se sont passés. Pour davantage se disculper, il n’a pas hésité à dire clairement, qu’il était tellement sous l’effet de l’alcool qu’il ne se souvient plus de rien à propos d’une histoire de viol de femme.

Mais lorsqu’il s’est présenté à la barre devant les jurés, changement d’attitude. Sans hésiter une seconde, il a reconnu avoir tenté d’entretenir des relations sexuelles avec l’épouse de son ami en l’absence de celui-ci. Et une fois encore, il cherche une excuse à son acte, en mettant en avance le fait qu’il a agi sous l’effet de l’alcool.
« La nuit où les faits se sont passés, je m’étais rendu dans un bar où j’ai bu beaucoup d’alcool. Étant en état d’ébriété, je me suis bizarrement retrouvé dans la chambre de mon ami, contiguë à mon atelier. Je ne savais pas où je me trouvais ». Face aux juges, l’accusé a soutenu mordicus qu’il a agi alors qu’il était complètement soul. Donc, sans savoir qu’il était en train de commettre une infraction du genre viol. Et de surcroît, sur la femme de son ami. Dans la même logique, l’inculpé a reconnu avoir commis une erreur avant de présenter ses excuses à la Cour.
Pour le ministère public, les faits sont têtus. « Toute tentative de crime est considérée comme crime…», a soutenu le défenseur des citoyens. C’est pourquoi, le parquet a sollicité la Cour de maintenir l’inculpé dans les liens de culpabilité. Pis, le magistrat a déclaré l’accusé coupable des faits qui lui sont reprochés.

De son côté, le conseil de celui-ci a axé sa plaidoirie sur les problèmes personnels auxquels l’accusé peut être confronté soit au sein de sa propre famillesoit sur son lieu travail. Mieux, l’avocat a émis de sérieux doutes sur la culpabilité de son client partant de deux faits. D’abord, le fait que la victime ne parlait que la langue peuhl et qu’il a fallu passer par un interprète pour prendre ses dépositions. Puis, l’audience s’est passée en l’absence de partie civile pour que cette dernière puisse expliquer clairement ce qui a pu se passer. En plus de tout cela, l’avocat a déplore le manque d’un certificat médical d’expertise mental dans le dossier. Seul élément clé à ses yeux qui puisse permettre de comprendre si son client souffre d’une maladie mentale ou s’il a tout simplement agi sous l’effet de l’alcool.

Source : L’ESSOR

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