Faradji Baba, désormais premier président de la Cour d’Appel de Bamako et Hamadoun dit Balobo Guindo, procureur général (PG) ont été, le jeudi 20 juillet dernier au sein de ladite juridiction, officiellement installés dans leur fonction. Premier du genre au Mali, la cérémonie d’installation solennelle des magistrats de grade exceptionnel a été, à cet effet, marquée par la présence du magistrat ministre Mamoudou Kassogué de la Justice et des Droits de l’homme, ainsi que Fatoma Théra, président de la Cour Suprême, Me Ousmane B. Traoré, Bâtonnier de l’Ordre de justice, des acteurs et différents responsables de la magistrature malienne.
La présence du ministre Kassogué à cette audience solennelle traduit l’intérêt et l’importance qu’il accorde à la cour d’Appel de Bamako. « Comment ne pas exprimer, Monsieur le Garde des Sceaux, l’émotion ressentie au plus profond de moi en pensant aujourd’hui que je succède à des personnalités aussi exceptionnelles que Monsieur Youssouf Kouyaté, Bakary Bathily, Nouhoum Tapily, Ousmane Traoré… », exprime le premier président. Aux participants de la cérémonie, le magistrat Faradji promet et rassure :« J’exprime toute ma gratitude aux membres du conseil supérieur de la Magistrature. Je leur confirme que je veillerais, dans le quotidien de mon action, à me hisser en toute circonstance à la hauteur de la confiance qu’ils ont portée en moi en validant la proposition de ma personne par Monsieur le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, pour exercer une mission aussi noble et si prestigieuse ». Ainsi, dira-t-il, la cour d’Appel se distingue par sa dimension vertigineuse de son ressort. Elle se caractérise aussi par la volumétrie de l’activité juridictionnelle et la haute technicité d’une part importante du contentieux. Pour avoir commencé sa carrière avec le nouveau Procureur général, Faradji Baba estime qu’il n’aura aucune difficulté à travailler avec le magistrat Hamadoun dit Balobo Guindo. « Je sais que nous n’aurons aucun mal à travailler ensemble dans un esprit de dialogue et en toute confiance ». Tout en tenant compte de la spécificité des ressorts de chaque acteur et chef de juridiction, Faradji Baba s’engage de mener un dialogue différencié pour l’aboutissement des réformes enclenchées sous la transition. Quant aux avocats du Mali, dit-il, la cour bénéficiera « du dialogue fructueux que je souhaite entretenir avec vous, monsieur le Bâtonnier, en l’occurrence Me Ousmane B. Traoré ».Connaissant parfaitement les défis de l’heure, le magistrat de grade exceptionnel semble être persuadé d’une chose : « les chantiers que nous aurons à mener sont nombreux ».Sans vouloir présenter un plan d’action exhaustif, il précisera que son ambition consistera à garantir à chaque magistrat du siège de Cour d’Appel de Bamako, à ceux des tribunaux et des juridictions à compétence étendue du ressort les conditions « d’un exercice serein et apaisé » de leurs fonctions. Cela, va-t-il poursuivre, « avec une exigence déontologique forte et un renforcement de la qualité du processus juridictionnel ». Aux collègues magistrats, il énoncera qu’ils doivent tous être les garants de l’éthique et de la déontologie du juge.
Le Mali désormais sur le chemin de sa dignité retrouvée
Pour la confiance placée en sa modeste personne, le procureur général n’a pas omis de remercier l’actuel ministre de la Justice, voire les membres du conseil supérieur de la Magistrature. La responsabilité unissant le ministre de la Justice et les procureurs généraux est unique en son genre. « Je réalise la portée et la délicatesse. C’est-à-dire la responsabilité qui m’est confiée en tant que procureur général près la cour d’appel de Bamako ». Une responsabilité qui, énonce Hamadoun, recouvre des missions diverses et variées. Tout comme son nouveau chef Faradji, Hamadoun dit Balobo Guindo dit mesurer l’importance des fonctions à lui confiées désormais. Selon l’article 48 du code de procédure pénale, avance-t-il, le PG représente en personne ou par ses substituts le ministère public auprès de la cour d’Appel et auprès de la cour d’Assises. Il est chargé de veiller à l’application de la loi pénale sur toute l’étendue du pays. Il est, à cet effet, responsable de la bonne application de la loi et du bon fonctionnement du parquet de son ressort. « Je m’efforcerais d’être un interlocuteur accessible et toujours disponible pour évoquer les sujets ayant trait à la vie des différentes juridictions ». Aux magistrats des différents parquets, le PG Guindo rappelle qu’ils sont, à longueur de journées, tous interpellés par rapport à de nombreux faits, notamment le défaut de diligence dans le traitement des dossiers, les abus commis par les unités d’enquête, les délais de garde-à-vue largement exagérés, les abus sexuels… « Je vous demande d’être fermes, vigilants et surtout de reste professionnels. Le magistrat doit être un modèle au sein de la société. Chaque acte posé doit aller dans le sens de l’honneur, de la dignité et surtout de la valeur d’un serment ». « Les signes forts d’un Mali se dessinent. Le vent de la liberté soufflera. Le sabre de la justice tranchera. L’équilibre et la justesse du pouvoir se maintiendront dans la balance. La main dans la main, estime le PG, le peuple malien avancera pour une union sacrée vers un avenir meilleur ». Puis de finir en ces termes : « C’est donc pour faire comprendre à tous qu’enfin le Mali est sur le chemin de sa dignité retrouvée pour une magistrature forte, indépendante et fière de s’affirmer ».
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS