À Bamako, le collectif Kuran Ko a tenu un sit-in pour exprimer son ras-le-bol face aux coupures d’électricité qui affectent la capitale et d’autres grandes villes du pays.
Il est 10h quand les premiers manifestants sont arrivés devant le parvis de la direction générale de l’Énergie du Mali (EDM-SA). Sur les banderoles, on pouvait lire : « EDM tue plus que le coronavirus », « EDM fournisseur du noir », « Plus de 20 ans, chaque année même problème».
Chaque année, pendant la période de chaleur, les besoins en électricité dans les ménages augmentent avec son lot de délestages intempestifs, qui affectent tous les quartiers de Bamako et au-delà. Ces dernières années, la colère est montée au sein des populations qui sont descendues dans la rue pour protester. Sur les réseaux sociaux aussi, la société Énergie du Mali-SA est prise à partie par des internautes qui pour signaler des coupures dans son quartier, qui pour dénoncer avec véhémence le difficile accès « à ce qui n’est qu’un service de base ».
Face à la montée des mécontentements, la société Énergie du Mali a tenté d’expliquer : « (…) Les lignes sont surchargées, les centrales sont sollicitées. Et c’est la même contrainte pour toutes les sociétés d’électricité dans le monde», avait tenté de convaincre le directeur général de l’EDM-S.A, M. Boubacar Keita sur l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM).
Un luxe
Ce jeudi 28 mai 2020, le collectif Kuran Ko a appelé à un sit-in devant la direction générale de l’Énergie du Mali, à Bozola, pour protester contre les coupures interminables d’électricité et la pénurie d’eau. « C’est clairement un manque de volonté politique de la part des autorités, s’insurge Amara Sylla, l’un des membres du collectif. Nous ne sommes pas des techniciens, nous sommes des clients et payons. Ce qui nous intéresse, c’est d’avoir de l’électricité pour travailler »
À quelques mètres de lui, Aïssata, une manifestante venue de Magnambougou Faso Kanu, quartier populaire de Bamako sur la rive droite du fleuve Djoliba, tient une pancarte sur laquelle il est écrit : « EDM = obscurité, Trop c’est trop, Stop délestage ». Pour elle, « l’électricité ne doit pas encore être un luxe en 2020 ». «Chez moi, à Magnambougou Faso Kanu, je n’ai l’électricité que 3h/24h », confie Allasy Maïga. Il ajoute que si Énergie du Mali n’est pas en capacité de fournir de l’électricité de façon quotidienne à tous ses abonnés, qu’elle procède à une distribution équitable avec un programme annoncé à l’avance. Ainsi, « les gens sauront à quoi s’attendre et s’organiseront en conséquence », dit-il.
Tension sociale
Dans un contexte de crise sanitaire marquée par la progression de Covid-19, cette situation de délestage chronique envenime la « tension sociale » à travers les marches et les émeutes, selon l’activiste et journaliste Malick Konaté, membre du collectif : « Il est inadmissible que nous payions de l’électricité sans arriver à travailler. EDM-SA tue plus que le coronavirus et nous ne l’accepterons pas ».
Au même moment, pendant que la devanture de la direction générale de la société est prise d’assaut, d’autres jeunes, une centaine environ, manifestaient devant l’agence EDM-SA de Faladié, sur la rive droite, pour protester.
Pendant que les manifestants continuaient à scander leur slogan « Anko couran ! EDM tue plus que Coronavirus », le chef de la cellule de communication de la société, M. Bally Idrissa Sissoko, s’est présenté avec une déclaration écrite qu’il a remise à la presse. « À la date de ce 26 mai, pratiquement 50% de la fourniture d’électricité est en passe d’être rétablie au niveau des quartiers de la rive droite et les techniciens donnent l’assurance qu’une semaine serait suffisante pour le retour à la normale », peut-on lire dans la déclaration.
Les organisateurs du sit-in prévoient d’entreprendre d’autres actions, si la situation ne s’améliore pas, jusqu’à la satisfaction de leurs exigences contenues dans la déclaration lue sur place.
Source : Benbere