L’Afrique a déjà perdu l’organisation de la coupe du monde de football de 2026 qui revient au trio Etats-Unis/Canada/Mexique, alors que les stades du mondial 2018 ouvrent leurs portes ce jeudi 14 juin en Russie. A l’instar des autres équipes du reste du monde, les nations africaines ont leur destin en main, leurs joueurs évoluant dans les plus grands clubs du monde. Parfois ils sont même les meilleurs des championnats les plus huppés comme celui d’Angleterre où règne en maître un certain Mohamed Salah.
Si le pharaon de Liverpool n’est pas certain de chausser les crampons pour le premier match des Egyptiens contre les Uruguayens ce vendredi, pour cause de blessure, il n’en demeure pas moins qu’il est l’une des stars attendues en terre russe pour ce mondial. Au même titre que Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, Mohamed Salah essaiera de mener le plus loin possible les tiens, tout comme le feront Sadio Mané avec le Sénégal, John Obi Mikel avec le Nigeria, Wahbi Khazri avec la Tunisie, ou Younes Belhanda avec le Maroc. Contrairement aux anciennes coupes du monde où les victoires des Africains sont considérées comme des exploits, il faut désormais aligner les Africains sur le même pied que les Européens et Sud-Américains, tous jouant sur les mêmes pelouses et jouissant des mêmes potentialités qu’offrent les infrastructures en Occident. Mieux, des contrats mirobolants sont décrochés par des Africains qui n’ont plus à souffrir de quelque complexe que ce soit face à leurs homologues du nord.
Malheureusement, après la coupe du monde de 2010, organisée par l’Afrique du sud que d’aucuns ont considérée à raison comme juste un symbole, la coupe du monde s’est encore un peu plus éloignée de l’Afrique! Non pas parce que les Africains n’en veulent pas ou ne sont pas en mesure d’accueillir la compétition internationale, mais simplement parce que le football est devenue une véritable industrie dont la rentabilité est devenue la première et unique priorité. Si certains peuvent encore en tirer plaisir en y jouant ou en le regardant tant mieux. Le plus important aujourd’hui, ce sont les 14 milliards de dollars américains, dont 9 pour la Fifa, que devrait rapporter la coupe du monde de 2026. Dans cette optique, où l’argent roi règne sur le sport roi, l’Afrique n’a plus sa place dans les débats. Non seulement en matière d’infrastructures sportives et d’accueil, le continent est loin de faire le poids face aux grands stades et hôtels des Etats unis, du Canada et du Mexique, mais en plus, les maigres publics qui n’assistent aux matches que quand leur équipe nationale joue, ne peuvent rivaliser avec ces foules en délire qui savent ce que signifie réellement supporter. De plus, le pouvoir d’achat de l’Africain lambda, encore confronté à des difficultés existentielles comme se nourrir, se vêtir ou se soigner est loin de peser devant les portefeuilles des riches supporters du nord qui sont prêts à dépenser une fortune pour être témoins oculaires d’un événement de la taille de la coupe du monde.
Le Maroc pouvait-il réellement tenir la dragée haute à cette coalition de pays qui malgré leurs fortes divergences politico-diplomatiques ont su se mettre ensemble sur l’essentiel? Pire, de quelle chance pouvait se targuer le Maroc, quand les pays africains ont choisi, comme à l’accoutumée de se déchirer pour soutenir les intérêts venus d’ailleurs? Les marocains qui, il faut le reconnaître ne se sentent Africains que lorsque des intérêts colossaux sont en jeu pour eux, pouvaient-ils reposer leur rêve brisé pour la cinquième tentative d’arracher l’organisation de la coupe du monde? Rien n’est moins sûr et comme le dit le dicton, «ce qui devait arriver arriva». Il ne reste au Maroc qu’à se venger sur ce destin cruel qui lui a ôté le mondial 2026 de la bouche en brillant de mille feux sur celui qui fera rebondir la balle ronde, du 14 juin au 15 juillet 2918, sur les gazons verts russes. L’essentiel n’est plus de participer, mais de gagner! Et que malgré tout, le fair-play soit le vainqueur de la compétition mondiale de foot.
Pare Wakat Séra