Humilié, l’ex Premier ministre l’a été et en l’espace de quelques heures son aura d’antan, celle de grand diplomate, voire de grand commis de l’Etat, aura disparu, fondu comme beurre au soleil.
Maintenant que la poussière s’est dissipée afin que l’on puisse se regarder les yeux dans les yeux et se parler, revenons un peu sur le cas Moctar Ouane pour rappeler qu’il n’est que l’agneau sacrificiel de la guéguerre au sommet de l’Etat que le Mali a connue depuis quelques mois, entre le président et le vice-président.
Hiérarchiquement, dans l’architecture institutionnelle mise en place, Moctar Ouane n’avait rien à voir avec Assimi Goïta. Nommé par le désormais ex président de la Transition, Bah N’Daw, il était sous les ordres de ce dernier et ne pouvait l’ignorer pour aller prendre des instructions du vice-président ou même le consulter.
“Quand quelqu’un te prête des yeux, tu ne regardes que là où il veut”. Si cet adage est resté valable entre l’ex président de la Transition et son Premier ministre d’alors, cela ne fut pas le cas entre le même Premier ministre et le vice-président de la Transition qui, au contraire, devait exiger la même chose de Bah N’Daw, lequel, en réalité, a été hissé au sommet de la colline de Koulouba pour être l’œil et l’oreille du groupe de colonels qui caressait la Communauté internationale dans le sens du poil, sans jamais renoncer aux envies de prendre en main les destinées du pays.
Ce qu’on ne peut aussi leur reprocher, eux qui ont mis fin au régime d’IBK, prenant ainsi une lourde responsabilité, devant Dieu et devant les hommes, de couvrir le Mali de bien-être et de sécurité. Exécuter eux-mêmes leurs plans et projets pour justifier devant l’Histoire les raisons de leur acte jugé criminel par la Constitution en cours au Mali, afin de mériter d’être absous d’une telle accusation, c’est la meilleure des choses qui puisse leur arriver. Il est vrai que toute personne, même la plus intelligente au monde, ne peut raconter exactement le rêve d’autrui. Pour les observateurs avertis, le clash était donc inévitable entre Assimi Goïta et Bah N’Daw.
Mais alors, passons ! Pour dire que les histoires de consultation avant une quelconque décision au sommet de l’Etat, c’était donc bien entre Bah N’Daw et Assimi Goïta.
Que l’on reproche donc à Moctar Ouane d’être sur la même longueur d’onde que Bah N’Daw ne doive pas étonner. Cela rentre même dans l’ordre normal des choses. Il faut, au contraire, le féliciter de sa loyauté envers son patron.
Si le chef de la junte actuelle a quelqu’un à blâmer, c’est bien son protégé, celui-là que lui-même avait amené de son champ où il cultivait tranquillement pour l’installer aux commandes de l’Etat.
L’ex-Premier ministre Moctar Ouane était tout simplement aux ordres. Ce n’est donc pas au brillant colonel actuellement chef de l’Etat qu’on apprendra, comme on l’enseigne dans l’armée, que “les ordres sont à exécuter sans hésitation ni murmure l’autorité qui les donne en est seul responsable”.
Amadou Baba NIANG