Alors que le contexte sous-régional se trouve fragilisé par la menace terroriste et la situation interne dégradée de plusieurs Etats frontaliers (Guinée, Burkina Faso, Mali…), l’opposition ivoirienne est montée en pression. Outre la non-reconnaissance de cette consultation l’opposition s’organise. Elle rôde désormais sa stratégie autour de la vacance du pouvoir, Alassane Ouattara n’étant plus reconnu, à ses yeux, comme le chef de l’Etat.
Par la voie de son porte-parole, Pascal Affi Nguessan, elle a appelé à une transition devant déboucher sur l’organisation d’une nouvelle présidentielle ouverte et pluraliste. D’autres leaders vont plus loin encore, et demandent aux Ivoiriens de prendre la rue. C’est le cas de Simone Gbagbo, deuxième vice-président du FPI, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux hier, en fin d’après-midi. Sorti de neuf ans de silence après son procès devant la Cour pénale internationale (CPI) Laurent Gbagbo a confié, pour sa part, le 29 octobre, sur la chaîne francophone Tv5 Monde, que « le pays courait à la catastrophe ». Quant à l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, exilé en France, il a constaté sur son compte twitter : « Nous n’avons aucune autre option que celle d’oeuvrer au départ de Ouattara du pouvoir ». Pour l’heure, l’effet recherché ne s’est pas produit. Lassés des crises systémiques de leurs dirigeants depuis bientôt trente ans les Ivoiriens, tous bords confondus, réfléchissent à deux fois avant de répondre aux appels empressés de leurs Etats-majors politiques. Le régime en place a d’ores et déjà mis en garde contre toute tentative de déstabilisation.
Attendue dans les prochains jours l’annonce de la victoire d’Alassane Ouattara par la CEI devrait toutefois accroître les tensions entre chaque camp tout en constituant le point de départ d’une crise dont l’intensité et la durée restent les grandes inconnues. A défaut d’adversaires le chef de l’Etat sortant est crédité de plus de 90% des suffrages exprimés. Un score qui renvoie aux 96% récoltés par Henri Konan Bédié lors de la présidentielle de 1995, où il s’était retrouvé seul face à un candidat après le refus de l’opposition de prendre part au vote. En Côte d’Ivoire, l’histoire électorale est un éternel recommencement
Frédéric Lejeal