Les pré-congrès éclatés du Rassemblement des républicains (RDR), le parti du président ivoirien, se sont achevés dimanche 30 avril. Grogne des jeunes militants, demande de renouvellement des instances dirigeantes, et retour d’Alassane Ouattara à la tête du parti… Retour sur quatre jours de débats.
Pendant quatre jours, les pré-congrès du RDR devaient permettre aux militants de se faire entendre. Objectif : battre le rappel de la base et resserrer les rangs d’un parti divisé en vue du troisième congrès de la formation présidentielle, dont la date n’a pas encore été annoncée, mais qui pourrait selon certains cadres du parti avoir lieu en juillet.
« Nous n’avons pas mâché nos mots »
Des réunions locales pendant lesquelles les militants n’ont pas hésité à faire entendre leurs inquiétudes, et parfois leur ressentiment. Ce fut le cas à Man, dans l’ouest du pays, où plusieurs jeunes du parti ont un temps envisagé de boycotter le pré-congrès présidé par le ministre de la Promotion de la jeunesse, Sidi Touré, avant de décider d’y assister pour exprimer leur ras-le-bol.
« Nous avons combattu corps et âmes pour que le RDR accède au pouvoir, les jeunes ont donné leurs poitrines pour le parti. Mais la jeunesse a été oubliée, les jeunes sont marginalisés », déplore Diakite Zerbo, vice-président de la jeunesse républicaine à Man. Et d’ajouter : « Nous avons exprimé notre ras-le-bol, nous n’avons pas mâché nos mots. Le ministre a dit qu’il en avait pris bonne note et que notre position serait transmise. »
La jeunesse a été oubliée, les jeunes sont marginalisés
Une grogne de la base à laquelle s’attendaient les animateurs des pré-congrès. « Certains militants considèrent qu’il y a un problème de solidarité au sein du parti à l’endroit des plus vulnérables. Et même s’il y a eu des efforts et des progrès réalisés en direction des jeunes, ce n’est pas encore suffisant et leurs attentes sont fortes », affirme Mamadou Touré, porte-parole adjoint du RDR et secrétaire d’État chargé de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle.
Le retour de Ouattara « fortement demandé »
Autre revendication des militants : le renouvellement des instances dirigeantes du RDR, dont le secrétariat général est assuré par interim par Amadou Soumahoro. Dans la région du Gbôklè, dans le sud-ouest du pays, les participants au pré-congrès ont ainsi préconisé un renouveau « dans un bref délai » des instances, selon leurs recommandations rapportées par le RDR.
Alassane Ouattara est celui qui fédère le parti
Comme annoncé, les participants aux pré-congrès ont également demandé le retour d’Alassane Ouattara à la présidence du parti, un statut que l’ancienne Constitution lui interdisait. « Son retour a été fortement demandé, il est celui qui fédère le parti », estime Mamadou Touré. « À partir du moment où Alassane Ouattara sera de retour à la tête du parti, il lui reviendra en tant que président de choisir les équipes avec lesquelles il entend travailler », a poursuivi le député de Daloa.
Le RHDP en question
Autre sujet de débats : l’alliance du RDR avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), son allié politique au sein de la coalition au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Plus de deux ans après l’appel de Daoukro − qui avait conduit le PDCI à ne pas présenter de candidat en 2015 face à Alassane Ouattara en échange d’une alternance en 2020 −, plusieurs cadres et militants du parti d’Henri Konan Bédié martèlent désormais leur volonté de concourir à la prochaine présidentielle.
Une alliance électorale au cœur de certains pré-congrès. « À Koumassi, certains militants ont fait savoir qu’ils ne voulaient plus du RHDP, pendant que d’autres ont affirmé qu’ils en étaient satisfaits car cela avait permis d’instaurer un climat apaisé, mais ils souhaitent une clarification des statuts », explique Mamadou Touré. Autant de recommandations et questionnements qui seront transmis ce mercredi 3 mai au comité scientifique du parti, qui devra ensuite les présenter aux cadres du RDR en vue du congrès.
rfi