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Coronavirus : l’Afrique sur les charbons ardents

PRÉCAUTIONS. Aucun cas avéré n’est déclaré sur le continent, mais la fébrilité est bien là. Les autorités multiplient les mesures préventives.

Plus de 6 000 cas et 132 morts. C’est le dernier bilan délivré par les autorités chinoises concernant l’épidémie de coronavirus. Des chiffres qui dépassent désormais le nombre d’infections enregistrées lors de l’épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002-2003, laquelle avait contaminé 5 327 personnes. Si le virus, apparu en décembre sur un marché de Wuhan, dans le centre de la Chine, a été détecté dans de nombreux pays du monde, l’Afrique reste pour le moment épargnée. Un coup de chance ? Rien n’est moins sûr. Pour John Nkengasong, du Centre africain de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), « il est fort possible que nous ayons des cas sur le continent qui n’ont pas été détectés. Il est impensable que le continent soit le seul épargné », a-t-il déclaré, mardi 28 janvier, à la presse.

Un cas suspect a d’ailleurs été relevé au Kenya où une personne a été prise en charge à son arrivée à Nairobi, d’un avion en provenance de Guangzhou, selon Bénin Web TV. Les autorités n’ont, à ce jour, toujours pas confirmé la contraction de la maladie. Tout comme en Côte d’Ivoire, où, là aussi, une femme de 34 ans, étudiante à Pékin depuis cinq ans, a été prise en charge en début de semaine. Mais, pour le docteur Joseph Benié Bi Vroh, pas d’inquiétude. « La Côte d’Ivoire est prête », a-t-il estimé sur la radio internationale allemande Deutsche Welle.

 

De la prévention dans les aéroports

Le pays fait en effet partie des États africains ayant renforcé leurs mesures de prévention dans les aéroports, principales portes d’entrée de voyageurs en provenance de Chine. Des contrôles renforcés ont ainsi été appliqués dans les hubs aériens d’Éthiopie, du Kenya ou d’Afrique du Sud, les plus menacés d’après l’Organisation mondiale de la santé. Au Sénégal aussi, où le gouvernement a mis en place un numéro vert, l’aéroport Blaise-Diagne de Dakar a pris ses précautions. Mardi 28 janvier, un exercice de simulation de crise a été programmé, rapporte RFI. Des caméras thermiques, destinées à évaluer la température corporelle des passagers à leur sortir d’avion, ont également été installées, tout comme au Nigeria.

La première économie africaine – également premier partenaire commercial de la Chine en Afrique – a en effet ressorti son matériel de détection qu’elle s’était procurée en 2015, lorsque l’épidémie d’Ebola sévissait gravement en Afrique de l’Ouest. Le Centre nigérian de contrôle des épidémies (NCDC) a aussi annoncé ce week-end avoir mis en place des centres d’urgences à travers le pays pour répondre à la menace du coronavirus, mais également à une potentielle expansion de la fièvre Lassa, qui a tué 42 personnes dans le pays en janvier 2019.

Le Mozambique et la Guinée équatoriale plus sévères

Des mesures plutôt préventives donc, alors que d’autres États du continent prennent des décisions plus radicales. À l’image du Mozambique, dont le gouvernement a suspendu la délivrance de visas aux Chinois. L’objectif : « empêcher le virus de pénétrer le pays », a déclaré à la presse sa porte-parole, Helena Khida. « Dans le même but, les visas destinés aux Mozambicains désireux de se rendre en Chine sont également suspendus jusqu’à ce que la situation se normalise », a-t-elle annoncé. Une décision qui mettra à mal les échanges entre le Mozambique et l’empire du Milieu, son premier créancier depuis six ans. Fin 2018, le montant total des prêts servis au Mozambique par Pékin s’élevait à 2,2 milliards de dollars, la plupart ayant été injectés dans les travaux publics.

Du côté de la Guinée équatoriale, les décisions sont tout aussi sévères. Malabo a, en effet, décidé « de mettre en place un dispositif de contrôle dans les aéroports pour tous les passagers en provenance de la République populaire de Chine, qui seront placés en quarantaine durant 14 jours, correspondant à la durée d’incubation de la maladie », a annoncé lundi le Premier ministre dans un communiqué. Mercredi, quatre voyageurs en provenance de Pékin ont essuyé la nouvelle mesure. Comme le Mozambique, la Guinée équatoriale entretient des liens économiques forts avec Pékin, depuis qu’elle s’est lancée dans une politique de grands travaux financés par les revenus de l’or noir.

Inquiétude pour les étudiants africains

Autre inquiétude soulevée par plusieurs pays du continent : le sort des étudiants africains installés à Wuhan. En effet, si, chaque année, des millions de Chinois traversent le globe pour s’établir en Afrique, nombreux sont les étudiants africains à vouloir profiter de l’enseignement pratiqué en Chine. En 2018, ils étaient 81 000, selon les autorités chinoises. C’est notamment le cas pour plusieurs centaines de Marocains. Ce lundi, Mohammed VI a d’ailleurs ordonné le rapatriement de ceux établis à Wuhan. « Le souverain a également ordonné que toutes les mesures sanitaires soient prises au niveau des moyens de transport aérien, des aéroports et la mise en place d’infrastructures d’accueil spécifiques », affirme le journal Aujourd’hui Le Maroc.

 

Le Botswana et le Tchad, dont plusieurs étudiants résident aussi dans la ville chinoise, ont fait part de leurs inquiétudes, sans toutefois ordonner de retour. Les deux pays sont en contact constant avec leurs ambassades respectives en Chine, qui leur fournit une assistance. Celle du Tchad en Chine vient d’ailleurs d’accorder à ses jeunes ressortissants une assistance d’urgence de 30 000 yuans. Une somme destinée à prévenir la précarité éventuelle dans laquelle pourraient se retrouver les étudiants tchadiens, compte tenu de l’isolement opéré par la ville. Une situation qui pourrait s’accentuer, avec le pic de l’épidémie, prévu « dans une semaine ou dix jours », a estimé le spécialiste des maladies respiratoires Zhong Nanshan cité par l’agence de presse Chine nouvelle. Une fois ce pic atteint, l’épidémie sera de moindre intensité. Mais elle pourrait, encore, perdurer des mois.

Par Marlène Panara

Le Point

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