Face aux pressions de Pékin pour l’arrêt du programme nucléaire nord-coréen, Pyongyang se rebiffe et use d’un ton rarement employé vis-à-vis de son principal allié.
“La Chine impatiente la Corée du Nord par ses remarques sur son programme nucléaire, et son attitude pourrait avoir des conséquences ‘graves’.” Ainsi parle l’Agence d’information centrale coréenne (KCNA), agence officielle du régime nord-coréen, citée par le site sud-coréen The Korea Times. “La Chine a franchi la ligne rouge” dans ses relations avec Pyongyang, qui “ne mendiera jamais l’amitié de Pékin”. Ce long commentaire est repris par le Rodong Sinmun, organe du Parti du travail au pouvoir, le 4 mai.
Selon The Korea Times, cette déclaration virulente est une réaction à la décision de Pékin de mettre en œuvre les sanctions internationales, avec l’arrêt de l’importation du charbon nord-coréen en février, et l’annonce d’un possible arrêt de la fourniture de pétrole.
Or, malgré des variations dans les relations sino-nord-coréennes, il est extrêmement rare que des critiques soient adressées expressément à la Chine, principal allié de Pyongyang depuis la guerre de Corée en 1950, soulignent les observateurs. Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a d’ailleurs déclaré, lors de sa conférence de presse hebdomadaire, que la Chine a “une position claire et constante sur la question nucléaire dans la péninsule coréenne” et que sa position sur “l’amitié entre les deux pays demeure inchangée”.
Vers la remise en cause du traité d’amitié?
“La Chine doit-elle conserver son traité d’amitié et d’alliance avec la Corée du Nord ?” demande carrément le quotidien officiel chinois Huanqiu Shibao dans un éditorial. Signé en 1961 et renouvelé plusieurs fois, ce traité garantit une protection mutuelle en cas d’agression extérieure. En ce sens, “il a été utile à la paix dans la péninsule”, en empêchant une réunification imposée par la Corée du Sud ou des projets d’intervention militaires américano-sud-coréens, explique le quotidien nationaliste. Ce traité est toujours actif et il est vu comme “la clé” de la politique vis-à-vis de la Corée du Nord.
“Mais la politique nucléaire de la Corée du Nord constitue une atteinte à la sécurité régionale et nuit à la sécurité nationale de la Chine. Elle constitue en fait une transgression du sens du traité”, car elle fait risquer une intervention américaine.
“La Corée du Nord doit arrêter ses essais nucléaires, et la Corée du Sud et les États-Unis doivent mettre un terme à leurs menaces militaires”, affirme l’éditorial.
La Chine est voisine de la péninsule et, de ce fait, quiconque aura un geste déplacé nuira aux intérêts de la Chine et devra faire face à une réplique déterminée. La Chine ne permettra pas la pollution de sa région du Nord-Est par le nucléaire nord-coréen, ni la transformation de la structure de la péninsule par des moyens non pacifiques.”
Agnès Gaudu