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COP26 : les pays pauvres ne veulent plus payer les dégâts de la crise climatique

“Vous êtes les premiers à souffrir et les derniers à recevoir de l’aide”, a reconnu le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres lors d’une réunion à la COP des pays du Climate Vulnerable Forum (CVF). Et d’exhorter à “faire plus pour protéger les peuples vulnérables des dangers clairs et actuels du changement climatique”.

 

Et ce sont justement ces dangers “actuels” que les plus menacés veulent voir pris spécifiquement en compte. La lutte contre le réchauffement et ses effets repose en effet sur “l’atténuation”, lutte contre les émissions par exemple, et “l’adaptation”, la préparation à faire face aux conséquences prévisibles. Les pays vulnérables veulent y ajouter les “pertes et préjudices” qu’ils subissent déjà.

Ce thème est bien mentionné dans l’accord de Paris et un “mécanisme international” existe même sur la question, mais les pays riches rechignent à ce qu’il soit sur la table en tant que tel. “C’est principalement la crainte voire la paranoïa sur les questions de responsabilité et de compensations” possibles explique Yamine Dagnet, du groupe de réflexion World Resources Institute. “Mais il ne s’agit pas de ça, il s’agit de ce qui va se passer quand ces petites îles vont disparaître”. Le thème a bien été mentionné dans une déclaration pré-COP de la “coalition de la haute ambition”, qui réunit “petits” et “grands” pays.

La tension monte

Mais les riches veulent en faire une partie du volet “adaptation” du financement. Volet qui n’atteint pour l’instant que le quart des sommes débloquées, conte 75 % pour l’atténuation, alors que l’ONU comme les pays pauvres réclament au moins la parité. D’autant que le besoins estimés d’aide aux plus vulnérables sont de “300 milliards par an à horizon 2030” selon Antonio Guterres.

Et que c’est précisément “l’échec à financer l’adaptation qui s’est transformé en pertes et préjudices”, souligne Abul Kalam Azad, émissaire de la présidence bangladaise du CVF. “Il faut un financement additionnel et séparé de l’objectif annuel” (de 100 milliards) pour les pertes et préjudices insiste de son côté Aiyaz Sayed-Khaiyum, ministre de l’Économie et du changement climatique des îles Fidji.

Et un financement qui n’ajoute pas à la charge de la dette des pays concernés, insiste-t-il : “Nous faire payer des intérêts sur de l’argent destiné à augmenter notre résilience serait cruel. Comme nous faire payer la mafia des énergies fossiles responsable de la terreur que nous inflige cette crise”.

Un allègement de dettes contre des investissements d’adaptation est d’ailleurs une des solutions évoquées.  L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) insiste elle aussi en tirant le bilan de la première semaine de la COP pour que les “pertes et préjudices” figurent dans le “bilan mondial (des financements), dès à présent et avec des objectifs quantifiés”.

De nombreuses ONG militent également dans ce sens, à l’image de la coalition Climate action network qui réclame “un plan qui réponde véritablement aux besoins des personnes sur la ligne de front de la crise climatique”.

Enveloppe séparée, échéancier précis ou nouveaux engagements, les plus pauvres ne veulent plus attendre sur la question, qui pourrait se transformer en point de blocage. Car “la tension est montée” dans les négociations, souligne Yamine Dagnet.

Comme en témoigne le révérend James Bhagwan, de la Conférence des églises du Pacifique, pour qui tout ce débat souligne “les inégalités grossières en matière de changement climatique”. “Dans le Pacifique, pertes et dommages signifie vie ou mort”, souligne-t-il. La prise en compte de ce volet du financement “doit se faire dans les prochains jours. S’ils (les pays riches) n’acceptent pas, la judiciarisation sera la seule option”.

Source : AFP

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