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#Cop25çachauffe : mais où sont les forêts classées au Mali ?

L’exploitation acharnée de la nature par l’homme n’épargne plus les forêts classées, de sorte que l’on se pose aujourd’hui des questions sur le statut de ces forêts.

 

Connue jadis, pour sa richesse naturelle qui faisait d’elle à la fois un endroit convoité par les touristes et source d’appréhension pour les usagers de la voie principale reliant Bamako à Ségou, la forêt classée Faya, faisait honneur à tout le Mali. Avec ses 80 000 hectares, plusieurs catégories d’animaux se réfugiaient dans cette immense forêt. Elle contenait plusieurs types d’arbres. « Aujourd’hui, cette forêt a tendance à perdre tout ce qui faisait sa beauté », ne cessait de me répéter ma mère.

Cette destruction à petit feu s’explique par plusieurs facteurs parmi lesquels les feux de brousse, les coupures abusives du bois, l’agriculture, l’élevage extensif, la croissance de la population. La situation de cette forêt classée n’est pas différente de celle des centaines de forêts que compte le Mali. Toutes ces forêts ont été privées de leur nature de « forêt classée », à cause de la forte pression humaine qui, en plus d’être abusive, est hors la loi.

Incivisme forcé

Selon le directeur régional des Eaux-et-forêts de Sikasso, Mohamed Séidou, la loi N°10-028 du 12 juillet 2010 interdit toute forme d’exploitation de bois ou d’activités dans ces forêts classées. Une femme, qui habite près de la zone de Faya, m’a dit qu’elle n’a pas d’argent pour acheter le gaz et qu’elle ne peut pas faire autrement. « Nos parents ont coupé le bois de chauffe ici, nous avons grandi avec cette forêt. Venir nous dire aujourd’hui que nous n’avons pas le droit d’y aller chercher du fagot n’a pas de sens. Comment devons-nous faire si nous n’avons pas les moyens de nous payer le gaz, devenu si cher », maugrée-t-elle. La question reste posée, car bien que je sois contre ce phénomène, j’ai relativisé aussi en comprenant que les gens n’ont, en quelque sorte, pas le choix.

À l’occasion de la Quinzaine de l’environnement de 2019, le chef de cantonnement des Eaux-et-forêts de Bougouni, le capitaine Seydou Dao soulignait : « De nos jours, l’incivisme de la population vis-à-vis des textes et des agents des Eaux-et-forêts dans l’exercice de leur fonction constitue l’un de nos problèmes majeurs ».

Cet incivisme serait en grande partie la cause de la perte de ces forêts. Mais je partage plutôt l’idée de l’ignorance. Les citoyens ne sont pas bien informés et formés sur les dangers qui les guettent si ces forêts venaient à disparaître.

Irrégularités des saisons

« Le Mali n’a même pas encore touché les 10% de son territoire classé. Or il est recommandé à chaque pays d’atteindre les 15 à 17% pour pouvoir lutter contre les effets du changement climatique, la désertisation et la sécheresse », expliquait le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Housséini Amion Guindo, en août 2019. Ce passage vient confirmer le fait que la faute n’incombe pas qu’aux citoyens. Les autorités aussi ont leur part de responsabilité.

Les étendues vertes étant nécessaires à la lutte contre le réchauffement climatique, la désertification et la sécheresse, il convient alors de signaler qu’avec cette perte progressive des forêts classées du Mali, il ne fait plus de doute que notre pays contribue au réchauffement climatique. Un phénomène dont les conséquences sont bien visibles, notamment à travers l’irrégularité des saisons, les inondations, les sécheresses, la décrue du fleuve Niger à cause de son ensablement.

Sensibiliser les populations

Pour parvenir à sauvegarder ces « forêts classées », il importe que des campagnes d’information et de formation sur la place des forêts soient organisées sur toute l’étendue du territoire national. Au sein des écoles, bien que des jardins scolaires n’existent plus, chaque élève doit être amené, après des cours sur l’importance des arbres, à planter au moins un arbre chaque année et à l’entretenir.

La protection de l’environnement est une affaire de tout le monde, puisque les forêts contribuent également à l’alimentation du budget national. Dans un rapport publié en 2015, la direction nationale des Eaux-et-forêts expliquait que « les recettes brutes d’exploitation et de transactions de l’année 2015 se chiffrent à 1 772 389 385 de francs CFA ».

Source : benbere

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