Le terme macronade (ou parfois macronnerie ou macronerie) est un néologisme politique utilisé pour qualifier diverses formules de l’homme politique et président de la République française Emmanuel Macron, en particulier les petites phrases prononcées lors d’interventions publiques.
Le président de la Transition malienne, le Colonel Assimi Goïta, vient d’enregistrer des… macronades.
En effet, après le coup de force du 24 mai dernier au Mali, le président français, Emmanuel Macron avait réitéré son souhait de « retirer » les soldats de Barkhane du pays. Dans un entretien au Journal du dimanche (JDD), le président français affirmait que la France retirera ses troupes si le Mali va “dans le sens” d’un islamisme radical, après un deuxième coup d’État dans le pays en neuf mois. La France, disait-il, avec environ 5 100 hommes au sein de Barkhane, soutient le Mali qui fait face depuis 2012 à une poussée jihadiste partie du Nord et ayant plongé le pays dans une crise sécuritaire avant de s’étendre au centre du pays. Et M. Macron, comme l’UE, de dénoncer un “coup d’État inacceptable” après l’arrestation du président Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane… Inacceptable ? Passons !
Sauf que le lundi dernier, comme le confirme le premier tweet officiel du nouvel homme fort du Mali, Emmanuel Macron dépêche une délégation voir Assimi Goïta. « Le lundi, j’ai reçu des envoyés spéciaux du président Macron, M Franck Paris et l’Amiral Jean Philippe Roland. Nous avons échangé sur les défis liés à la lutte contre le terrorisme et la stabilité du Sahel », lit-on dans le tweet du locataire provisoire du palais de Koulouba. L’on se demande alors si les macronades peuvent être de petites plaisanteries pour intimider. Sinon, comment le locataire du palais de l’Elysée peut-il dépêcher si rapidement des envoyer spéciaux vers celui qui avait posé, il y a moins d’un mois, « un acte inacceptable ». Macron a-t-il envoyé ses proches dire à Assimi Goïta qu’il est fâché ? Par exemple, pour peut-être lui rappeler des phrases comme celles-ci : “Au président malien Bah Ndaw, qui était très rigoureux sur l’étanchéité entre le pouvoir et les jihadistes, j’avais dit : ‘L’islamisme radical au Mali avec nos soldats sur place ? Jamais de la vie !’ Il y a aujourd’hui cette tentation au Mali. Mais si cela va dans ce sens, je me retirerais”.
Le chef de l’État français avait alors affirmé avoir “passé le message” aux dirigeants d’Afrique de l’Ouest qu’il “ne resterait pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition”. Il rappelle avoir dit depuis trois ans “au sein de plusieurs Conseils de défense que nous devions penser à la sortie”.
Pourquoi Macron, qui ne voulait pas rester dans un pays privé de « légitimité démocratique », s’empresse tant d’y envoyer des émissaires de si grands calibres, comme Franck Paris et l’Amiral Jean Philippe Roland ? De quoi Paris a-t-il peur ? De son départ ou de sa menace de quitter le pays auquel il est tant irrésistiblement attaché. L’on a l’impression que Paris veut compter jusqu’à dix avant de faire ses valises. Et en comptant, Macron se rend compte que nous nous approchons de 8 ou 9… Alors qu’Assimi Goïta reste toujours silencieux et calme ; non sans oubliant d’envisager que nul n’est indispensable sur terre, même si c’est …le meilleur ami ou allié !
Bruno D SEGBEDJI