Pour IBK dont c’est la deuxième visite chez son voisin du sud, après celle du 30 août 2013, ce séjour revêt un caractère spécial, tant il y a en termes de perspectives, « une nécessité de consultations régulières entre les deux pays sur toutes les questions d’intérêt commun, notamment la coopération politique, sanitaire, sécuritaire et économique », « la nécessité d’harmoniser les politiques de défense et de sécurité de deux pays et de mutualiser leurs efforts face à la menace terroriste transfrontalière », « encourager les hommes d’affaires des deux pays à accroître et diversifier leurs activités de part et d’autre ». Les attentes maliennes sont donc présentes et attendues. Le Mali attend de la Côte d’Ivoire le renforcement de la coopération bilatérale dans les domaines clés du transport maritime, terrestre et aérien, l’énergie et l’agriculture.
Alassane Ouattara a effectué deux visites au mali, le 19 septembre 2013 et en mai 2015 pour la signature de l’Accord de Paix d’Alger entre les Parties maliennes en conflit.
Au niveau des échanges économiques entre les deux pays dont les relations diplomatiques existent depuis le 11 avril 1967, avec un Traité d’Amitié, de Coopération et d’Assistance mutuelle signé le 30 août 1962 et un Accord portant création de la Grande Commission Mixte ivoiro-malienne, signé le 19 février 1977, à Abidjan, en 2017, le niveau global s’établit à 281.258 milliards FCFA.
Ce chiffre est en légère hausse par rapport à 2017 avec 279.981 milliards FCFA. La Côte d’Ivoire exporte vers le Mali du cacao, du café, la noix de cola, de la noix de cajou, du caoutchouc, du bois en grumes, transformé, de l’ananas, de la banane, de l’huile de palme, des huiles essentielles, des oléagineux, des plastiques, des produits pétroliers, des papiers et cartons.
Le coton, les basins, le bétail, le tabac, les engrais, les machines, le matériel de transport routier sont importés du Mali par la Côte d’Ivoire.
Les ports ivoiriens d’Abidjan et San Pedro sont les principaux ports d’acheminement du fret malien vers le reste du monde.
D’ailleurs IBK visite dans l’après-midi de ce vendredi le port d’Abidjan. Il rencontrera en 1h25 mn la communauté malienne présente en Côte d’Ivoire sous la conduite de l’Ambassadeur Ousmane Ag Rhissa.
De l’avis de Dr Prao Yao Séraphin, Enseignant-chercheur d’Economie des universités ivoiriennes, analyste pour PôleAfrique.info, « On peut situer cette visite du Président malien Ibrahim Boubacar Keïta en Côte d’Ivoire, à trois niveaux. Il y a d’abord le volet diplomatique. Il faut savoir que les deux pays entretiennent d’excellents rapports, depuis Modibo Kéita jusqu’à Amadou Toumani Touré, et maintenant IBK. Il est donc de bon ton que les deux Présidents se rencontrent pour accorder leurs violons, afin que les ressortissants de leurs pays respectifs se sentent chez eux, bien qu’étant à l’étranger. Ensuite sur le plan économique, il est important de rappeler que le Mali est un grand partenaire commercial de la Côte d’Ivoire. Cette dernière lui a même récemment décerné un prix en tant que son premier partenaire commercial. Un prix exceptionnel pour ses efforts en matière de coopération car toutes les importations ou exportations du Mali passent par le Port Autonome d’Abidjan. Enfin, le dernier point, concerne le volet sécuritaire. Le mali traverse des moments très difficiles. C’est à peine hier que monsieur Maïga, Premier Ministre du Mali a pu franchir le nord du pays, et de surcroît dans un avion international, celui de l’ONU. Comprenez la gravité de la situation. Il était donc normal que le Président malien vienne demander un renforcement du contingent ivoirien au Mali. Je pense même que cette visite sera sanctionnée par un accord pour le renforcement de l’aide militaire de la Côte d’Ivoire, au Mali. »