Notre pays occupe un rang honorable et plusieurs dispositions sont envisagées pour améliorer davantage la prise en charge des aspirations de la couche juvénile
La Convention relative aux droits des enfants (CDE) a 30 ans aujourd’hui. Le document est le premier traité international juridiquement contraignant concernant les droits des enfants. S’il faut le rappeler, la CDE a été adoptée à l’unanimité par l’ONU lors de l’Assemblée générale du 20 novembre 1989. Depuis, cette date historique est devenue celle de la Journée mondiale des droits de l’enfant. Le texte est aujourd’hui ratifié par tous les pays du monde, à l’exception des États-Unis. Ratifié par notre pays en septembre 1990, la CDE marquait la volonté du Mali de faire de la promotion de l’enfant un axe prioritaire du développement du pays.
Cela se réaffirmera avec l’adoption en 1992 du Plan d’action pour la survie, le développement et la protection des enfants. Notre pays a également ratifié le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et le Protocole sur l’implication d’enfants dans les conflits armés. Il faut aussi noter l’amélioration de la législation nationale avec de nouvelles lois, telles que la Loi portant sur la minorité pénale et l’institution de juridictions pour mineurs qui a intégré les principes directeurs en matière d’administration de la justice pour mineurs. Au plan institutionnel, des actions ont été menées. Ces actions ont concerné l’adoption de politiques et programmes et la création et/ou le renforcement des structures publiques de promotion et de protection des enfants.
Cependant, après 30 ans d’exercices, quelle appréciation peut-on faire de l’application de la CDE dans notre pays ? Il faut dire que ce 30è anniversaire de la CDE intervient dans un contexte difficile pour notre pays du fait de la crise. En effet, depuis 2012, plusieurs écoles restent fermées, privant du coup des milliers d’enfants de leur droit à l’éducation. Par ailleurs, notre pays connaît des problèmes comme les déplacements forcés des enfants, la séparation des enfants de leurs familles, la traite ou le recrutement des enfants aux fins de conscription dans des groupes armés, entre autres. Cet état de fait nécessite une reconnaissance et une protection continue des droits des enfants dans de telles situations humanitaires.
UN ENFANT SUR QUATRE- À ces problématiques s’ajoutent la persistance des pratiques traditionnelles néfastes notamment l’excision et le mariage d’enfant. Selon l’Enquête démographique de santé au Mali, phase 5 (EDSM-V), la prévalence des mutilations génitales féminines/excision (MGF/E) chez les femmes de 15-49 ans est de 91% pour les 5 régions du Sud : Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et le District de Bamako. En raison de la situation sécuritaire, l’EDSM-V n’a pas concerné les régions du Nord (Gao, Tombouctou, Kidal), où les taux de prévalence sont faibles. Par ailleurs, notre pays est le deuxième après le Niger qui enregistre le taux de prévalence le plus élevé de mariages précoces des enfants en Afrique de l’Ouest. Il faut aussi noter que la problématique des enfants de rue reste toujours d’actualité. Par ailleurs, le Mali enregistre un fort taux d’enfants malnutris. La tendance générale indique qu’un enfant sur quatre souffre de malnutrition chronique, tandis qu’un sur dix souffre de malnutrition aiguë, avec des conséquences économiques graves. Malgré la quasi-gratuité de la vaccination, les résultats du Programme élargi de vaccination (PEV) restent en deçà des attentes. Ainsi, en 2017, seulement six enfants sur dix ont été complètement vaccinés, soit 60,29% qui ont reçu toutes les doses des antigènes. Il faut aussi retenir que la problématique du non enregistrement à la naissance demeure. Le tableau est peu reluisant, mais, du côté de la direction nationale de la promotion de l’enfant et de la famille, on rassure que plusieurs dispositions sont prises pour faire face aux nouveaux défis et appliquer correctement la CDE pour la protection des droits des enfants.
Ayouba N’Goualé, directeur national de la promotion de l’enfant et de la famille, indique que «de nombreux obstacles freinent l’effectivité des droits de l’enfant au Mali, notamment la pauvreté, l’analphabétisme ou l’insuffisance des moyens de l’État et les stéréotypes comme la conservation de certaines pratiques et idéologies traditionnelles». Il plaide pour le renforcement des actions en vue d’étoffer les budgets affectés à la mise en œuvre de la Convention, en particulier pour la défense des droits économiques, sociaux et culturels des enfants. Pour l’application effective de la CDE dans notre pays, il est demandé à l’État de revoir à la hausse le budget alloué au ministère de la Promotion de la Femme, de l’enfant et de la Famille. Bonne fête aux enfants du Mali et d’ailleurs.
Mariam A. TRAORÉ
Amap-Ségou
Source: L’Essor-Mali