On maintient une paix qui existe, face au terrorisme il faut combattre et lutter pour instaurer la paix. Voilà ici ce qui doit nécessairement être la doctrine de l’intervention militaire onusienne au Mali.
Faut-il rappeler que la MINUSMA a été créée le 25 avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies en prenant le relais de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) à partir du 1er juillet 2013.
Et chaque année, on assiste au renouvellement de son mandat et toujours avec des nouvelles missions selon l’évolution du conflit armé au Mali, à titre d’illustration, en 2014 on lui assignait une mission comme priorités de faciliter un règlement politique et d’étendre sa présence dans le nord du pays. Cela a abouti à l’accord d’Alger. De 2015 à 2019 son mandat renouvelé successivement dans le but de soutenir la mise en application de l’accord de paix d’Alger. En raison, le contexte de l’intervention onusienne peut être appréhendé dans le cadre d’une guerre de rébellion, les mouvements indépendantistes, séparatistes et nationalistes au nord du Mali contre la République du Mali. Grâce aux concours de la communauté internationale l’accord de paix d’Alger fut signé en juin 2015 entre les deux parties Bamako et la coalition de mouvements rebelles sous la dénomination de la Coordination de mouvement de l’Azawad.
Dans cette optique, on constate que la mission de l’ONU joue sa partition, la MINUSMA intervient dans une multitude de domaines pour maintenir la paix, de la protection des hommes et leurs biens à la promotion et la défense des droits de l’homme, de désarmement, de démobilisation et réinsertion des ex-combattants rebelles.
Force est de constater qu’aujourd’hui, le mandat actuel de La MINUSMA ne suffit pas car il n’est pas robuste au regard de défis actuels du conflit au Mali, ce qui prévaut à ce stade il ne s’agit pas de maintenir la paix mais plutôt de lutter pour rétablir ou imposer la paix, contre les groupes armés terroristes qui sévissent le Sahel pas seulement le Mali.
Pour ce faire, l’ONU doit changer sa stratégie et son arsenal, à cette occasion la mission de l’ONU s’il y’a besoin de renouveler, légitimement ce mandat doit être axé sur le chapitre 7 de la charte des Nations unies, une position défendue par le Président sénégalais Macky Sall depuis plus de deux ans. En ce sens que ledit chapitre permet aux forces onusiennes présentes au Mali d’utiliser la force et en occurrence combattre le terrorisme, sur cet angle la MUNISMA dotée déjà d’une ressource humaine ( plus de 12 000 hommes actifs) et d’un moyen matériel de guerre remarquables , serait indubitablement une avancée majeure dans la lutte contre les groupes armés terroristes au Sahel.
En d’autres, cette stratégie est légitime car malheureusement plusieurs fois depuis 2015 les forces onusiennes ont été victimes des attaques terroristes lâches, la dernière en date du début Janvier et Février 2021, qui a coûté la vie de casques bleus ivoiriens et des blessés ceux du Togo. Grosso modo, la situation actuelle du Mali pourrait s’interpréter comme une menace à la paix et la sécurité internationales au regard de la situation gravissante au Sahel car c’est l’ensemble des pays d’Afrique occidentale qui semble menacé.
L’ONU a déjà admis par le passé l’autorisation de l’usage de la force si la population civile est en danger. Faut-il rappeler à ce stade le cas de Congo entre 1960-1964 où la force fut effectivement utilisée pour mettre fin à la sécession de l’État du Katanga. Durant le conflit en ex-Yougoslavie, on est passé de la simple interposition décidée par la résolution 743 du 21 février 1992 en vertu du chapitre 6 de la Charte à la possibilité d’employer « toutes les mesures nécessaires », y compris la force, dans le cadre du chapitre 7, par la résolution 819 du 16 avril 1993. De même pour l’opération Tempête du désert menée par une coalition de 29 États sous commandement américain qui libère le Koweït à l’invasion Irakienne. L’opération Turquoise au Rwanda, bien que tardive, a permis d’arrêter le génocide, celle de l’OTAN au Kosovo a stoppé l’épuration ethnique. Sauf que les ennemis à abattre ne sont pas les mêmes, il s’agit pour le cas du Mali des terroristes afin d’instaurer la paix.
En guise de conclusion, sans remettre en cause l’utilité de la présence de forces onusiennes, les instruments et le mandat de la MINUSMA sont devenus caducs en partie dans la situation actuelle du Mali. L’ONU depuis 1948 ses premières opérations, elle a su adapter et s’adapter, chose souhaitable également pour cas d’espèces du Mali et du Sahel.
Guindo Issiaka, Étudiant à l’Université de Paris
Source: Mali-Online