Autrefois, lorsque le garçon atteignait l’âge de 17-18 ans, il lui était demandé de participer aux dépenses ménagères
Préparer le jeune homme à contribuer à la prise en charge du ménage est la valeur pédagogique ancestrale première dans toutes les ethnies du Mali. Le garçon qui atteignait l’âge de 17 ou 18 ans, avant l’accession de notre pays à l’indépendance et même plusieurs années « après le 22 septembre 1960″ faisait la fierté de ses parents. Il était béni et envié par tous les voisins dont la progéniture n’avait pas atteint cette majorité. Il n’était pas rare d’entendre les autres mères faire des commentaires favorables dont la phrase fétiche était: « dès l’année prochaine, Massa participera à la prise en charge du prix des condiments ». Ce rôle social éminent réservé à l’adolescent pourrait expliquer pourquoi autrefois les parents se réjouissaient plus de l’arrivée d’un garçon au lieu d’une fille dans le foyer. Nous avons recueilli l’avis de certains spécialistes. Selon, le sociologue Faco Diarra le premier facteur qui conduisait à cette fierté, était la sélection naturelle. Le manque de conditions d’hygiène et de santé faisait planer des menaces sur la survie des enfants. La nature se chargeait de faire grandir les enfants. Autrefois, les conditions d’hygiène étaient tellement déplorables que la mortalité infantile était très développée. Beaucoup d’enfants mouraient à bas âge. Quelques chanceux échappaient à ce mauvais sort. Les enfants qui arrivaient à avoir l’âge de 17-18 ans a-t-il dit, étaient considérés comme des élus. Le professeur Faco a expliqué qu’en ces temps lointains, le monde était essentiellement rural. Tous les travaux se faisaient à la main. Dès qu’il atteignait l’âge de 17-18 ans, il était demander à l’enfant, de contribuer au budget familial. Comme il n’ avait pas d’argent à donner, on lui faisait travailler ses muscles, d’où la fierté des parents de voir les enfants contribuer à la prise en charge du ménage. Certaines femmes qui n’avaient pas d’enfant, refusaient de manger dans le plat commun car leurs enfants ne cultivaient pas avec les autres. Elle avait du mal à s’intégrer au groupe parce que la production était collective. « Quand tu n’as pas quelqu’un pour participer à la production collective et que tu essayes de manger le produit du travail commun, on te considérait comme un intrus. Les femmes qui étaient bien éduquées refusaient systématiquement de manger le fruit de la sueur d’autrui. Aujourd’hui la tendance est inversée. A la ville comme à la campagne un garçon qui n’est pas scolarisé devient une charge, un fardeau. Le travail champêtre qui était considéré comme un facteur de valorisation, ne l’est plus. «C’est l’école et les métiers liés au diplôme qui font la fierté maintenant, c’est de voir un enfant qui a un boulot ramener de l’argent dans la famille. La fierté c’est aussi un enfant qui a fait des études, qui travaille dans une structure publique ou privée et qui apporte de l’argent dans la famille», a conclu le sociologue Faco Diarra Le doctorant en sociologie Moussa B. Thiam a fait comprendre que les raisons de la fierté des parents étaient que l’enfant arrivait à la fin de la socialisation primaire que constitue l’apprentissage au sein de la famille de la petite enfance à l’âge adulte. Arrivé à la socialisation secondaire, l’enfant commence à se prendre en charge et subvient à certaines dépenses de la famille, sinon les prend entièrement en charge. C’est aussi l’âge où le jeune garçon songe à se marier et à avoir des enfants. Dans le temps, c’était l’âge de l’exode rural ou des travaux champêtres. Beaucoup de jeunes quittaient leur famille pour aller chercher de l’argent. D’autres constituaient la main d’œuvre pour les travaux champêtres. la déception au rendez-vous dans les famil-les. Le chercheur a expliqué que de nos jours la donne a un peu changé à cause de la modernisation. A l’ âge de 17-18 ans, les études universitaires sont entamées. Une fois ces études terminées, l’enfant cherche à avoir un boulot. Ce qui n’est pas toujours facile . L’attente devient longue de sorte que la réjouissance des parents n’est plus comme avant. C’est plutôt la déception qui est au rendez-vous dans les familles depuis une trentaine d’années. Les jeunes maliens de 18 ans plus ne rêvent plus d’être flattés de contribuer bientôt au prix de condiments pour faire bouillir la popote familiale. La génération de l’avenir est désorientée. La lueur de l’espoir est éteinte dans le regard des cadets, des parents et des grands-parents. La fierté culturelle familiale du Mali profond , » A se ra na sonko bo yé »,( il assumera bientôt la prise en charge du prix des condiments du foyer) est -elle encore une valeur pédagogique de la socialisation de la jeunesse malienne? D’après la vieille soninké, Mamou Sylla, dès qu’un jeune homme atteignait l’âge de 17 à 18 ans, par honte ou par orgueil, il n’osait plus demander de l’argent à son père. Il travaille pour subvenir à ses propres dépenses et à celles de ses petits frères et sœurs. Contribuer au budget familial du vivant de papa et maman étaient une fierté pour lui. Ne jamais faillir dans l’accomplissement de ce rôle social poussait et pousse encore beaucoup de jeunes soninkés à aller à l’aventure. La sage femme à la retraite, la septuagenaire Fatoumata Koné rappelle que les époques ne sont plus les mêmes. Pendant l’ère coloniale , très tôt les jeunes pouvaient avoir un boulot. Il suffisait d’obtenir « le certificat d’études primaires » (CEP), pour décrocher un poste de commis dans l’administration ou une société commerciale de l’ancien Soudan français devenu République du Mali. Même pendant les premières années de l’indépendance l’obtention du Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) par le rejeton soulageait les parents des doutes sur son avenir. Mais de nos jours, il faut faire de longues études. Après cette étape, il faut attendre des années pour décrocher un aléatoire boulot. Au Mali du 21è siècle, se lamente Awa Diarra «le parcours du combattant est très long. C’est quand mon fils ingénieur diplômé en 2014 arrivera à avoir un boulot ou à créer son entreprise pour subvenir aux dépenses de la famille, qu’il redeviendra la fierté des parents » a-t-elle déploré. « Si les garçons prenaient très tôt la relève aujourd’hui la donne a totalement changé. A l’époque l’enseignement était de qualité, en plus il y avait du boulot pour tous. Mon grand père m’a raconté qu’il a été retiré de l’école quand son père est décédé. A l’époque, il était assez jeune. Etant le plus âgé de la fratrie, il lui fallait travailler et envoyer de l’argent à sa mère au village. Avec son certificat d’études primaires, il a pu avoir un boulot .» Qu’en pensent les jeunes ? Le jeune Mohamed Maïga est frais émolu d’une université de Bamako. Il est à la recherche d’emploi. En attendant, à 22 ans il est pris en charge par son père. Au 21è siècle malien quel jeune, peut facilement décrocher un boulot surtout avec un Certificat d’Etudes Primaires (CEP)? « Nous refairons un jour la fierté de nos parents à partir du moment où on a un diplôme. Le boulot nous attend quelque part» a-t-il ajouté. Un jeune originaire de la région de Ségou, Sekou Diarra, a expliqué que la fierté des parents reposait sur le fait que le garçon devenait un homme. «Devenir un homme avait tout son sens », a-t-il dit. «Les parents pouvaient confier à leurs enfants certaines responsabilités. Ils pouvaient aussi l’initier à certaines pratiques ancestrales ». « L’espoir que les parents avaient pour leurs enfants diminue de jour en jour avec le taux élevé du chômage. Rien ne garantit aux parents qu’après les études, leur jeune garçon pourra les prendre en charge », nous a martelé l’étudiant Abou assis à côté de sa mère à la porte de la concession familiale.
A. D. SISSOKO
Le conjoint, un allié puissant contre le cancer Selon une étude américaine, le fait d’être marié est associé à un taux de survie plus élevée chez les patients atteints de cancer. Contrairement aux idées reçues, le statut socio-économique et les ressources financières du couple auraient très peu d’incidence sur la guérison. En revanche, les soins, le soutien, l’écoute et le lien émotionnel joueraient un rôle primordial. Avoir quelqu’un à ses côtés dans l’épreuve de la maladie améliore les chances de survie. Selon les chercheurs de l’institut de prévention du cancer de Californie aux États unis, un conjoint aux petits soins aide à combattre le cancer. Cette conclusion peut paraître évidente, mais du point de vue des malades célibataires, les résultats, publiés dans la revue Cancer, interpellent. Le taux de mortalité est 27% plus élevé chez les hommes célibataires que les hommes mariés et 19 % chez les femmes. Le Dr Scarlett Lin Gomez et son équipe se sont intéressés à 800.000 patients à qui on a diagnostiqué un cancer entre 2000 et 2009. L’étude révèle que les ressources financières n’avaient pas beaucoup d’impact sur les chances de guérison d’une personne se battant contre le cancer. En revanche, être conduit régulièrement chez le médecin, bénéficier de bons petits plats, être coaché pour prendre ses médicaments, écouté et aimé sur le long terme améliore clairement l’état de santé en réduisant le stress notamment. Pour les chercheurs, ces travaux montrent à quel point il est vital pour les malades vivant seuls de faire appel à des amis, à de la famille pour faire face au traitement de la maladie. Il ne s’agit pas de trouver un mari ou une femme pour l’occasion, mais de renforcer les liens sociaux et les relations qui ont du sens, avec la famille par exemple, pour obtenir l’assistance logistique nécessaire et de la tendresse. À l’occasion de ces travaux, les chercheurs rappellent que vivre en couple sur le long terme améliore la santé et la qualité de vie en général. L’espérance de vie des gens qui vieillissent en couple est supérieure à celles des personnes âgées vivant seules. AFP/Relaxnews
Source : Essor