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Contribution de la Plateforme des chefs traditionnels et coutumiers Touaregs dans la réussite de la Conférence d’entente nationale : une vingtaine de nos compatriotes vivant dans les camps des réfugiés en Mauritanie et au Burkina Faso invités à Bamako

Dans le cadre d’une participation inclusive de l’ensemble des fils et filles de notre pays, vivant au Mali ou ailleurs, les plus hautes autorités ont lancé une invitation à tous. Répondant à cette invitation, le Président de la Plateforme des Chefs Traditionnels et Coutumiers Touaregs de la Région de Tombouctou, Hamma Ag Mohamed, a réussit le pari de faire venir beaucoup de nos compatriotes vivants dans les camps des réfugiés depuis plusieurs années.

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Objectifs : Contribuer à consolider la paix, la cohésion, et l’entente entre tout les fils.
Homme de paix et de dialogue constructif, Hamma Ag Mohamed est un acteur incontournable pour le retour de la paix et du vivre ensemble. Depuis plusieurs années, la plateforme des chefs traditionnels et coutumiers touaregs œuvrent inlassablement pour la paix et la stabilité dans notre pays. C’est ce qui explique plusieurs voyages au Burkina Faso, au Niger, en Mauritanie, en Algérie, au Maroc et même en Libye.

Nous vous proposons ici des témoignages recueillis  auprès de nos compatriotes venus du Burkina Faso et de la Mauritanie pour prendre part à la Conférence d’Entente Nationale.

L’Espérance : Que représente cette conférence aux yeux des Maliens de Mauritanie?

Mohamed Al Hamis : Aux yeux des réfugiés de la Mauritanie, cette conférence est une bonne chose, parce que c’est pour l’entente nationale. C’est bien, mais les réfugiés n’ont pas été tellement impliqués. Ils sont un peu en marge de tout ce qui se passe. Ils n’ont pas été associés à l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Ils n’ont pas non plus été associés à cette conférence nationale comme cela se doit. Si ces assises se tiennent pour l’entente et non pour la mésentente, il faut corriger cet aspect et œuvrer pour qu’elles soient véritablement une conférence d’entente et de réconciliation sincère. Ce qui serait une bonne chose.

L’Espérance : Vous dites que les réfugiés n’ont pas été associés à la formation de cette conférence. A quoi cela est-il dû ?

Mohamed Al Hamis : Je ne sais pas. Peut-être qu’ils n’ont pas été consultés ou bien les conditions de participation n’étaient pas satisfaisantes.

L’Espérance : Qu’attendez-vous de cette conférence ?

Mohamed Al Hamis : Comme cette conférence a enregistré tous les acteurs, le gouvernement malien, la CMA, la plateforme, la communauté internationale, je crois que cela pourra aboutir à un déblocage du processus. La sortie de crise va s’accélérer. C’est en tout cas, ce que j’attends de cette conférence.

L’Espérance : Pensez-vous que cette conférence va définitivement mettre fin à la crise?
Mohamed Al Hamis : Bon, pas forcément. Mais elle doit être un début de la solution, car c’est une crise qui date de longtemps. Notre souhait, c’est de faire la paix et de rentrer au Mali. La conférence est au centre de nos préoccupation, c’est pour cela que nous avons quitté la Mauritanie pour venir y prendre part. Cependant, l’insécurité demeure, au nord  et ailleurs sur le territoire national. Maintenant nous demandons que l’Accord et les résolutions de cette conférence soient appliqués. Cela nous permettra, nous réfugiés, de rentrer chez nous. Car, c’est l’insécurité qui nous empêche de rentrer au bercail.

L’Espérance : Comment se déroulent les travaux?

Mohamed Al Hamis : Ça va bien. Cela s’organise bien. En termes d’organisation, ça va, ce n’est pas mal.  Au premier jour, il y avait eu un petit découragement, car la CMA n’était pas présente. Les gens étaient un peu frustrés, mais au deuxième jour ça va,  tout le monde a eu espoir je pense que ça va aller.

L’Espérance : Quel appel avez-vous à lancer aux Maliens par rapport à ces assises ?
Mohamed Al Hamis :
L’appel que je lance  aux Maliens, c’est de se ressaisir,  se comprendre,  de laisser le passé, s’accepter et se donner la main, d’essayer de construire une nouvelle maison,  un nouveau Mali dans lequel tout le monde se sent à la maison.
L’Espérance : Quel est votre dernier mot ?

Mohamed Al Hamis : Nous les réfugiés, on souhaite que le gouvernement, la CMA et la plateforme comprennent que les réfugiés vivent dans des conditions très difficiles. En dépit du fait que nous vivons dans un pays frère, la République Islamique de la Mauritanie, il faut reconnaître que ce n’est jamais facile de vivre loin des siens, hors de sa patrie.

L’Espérance : Comment se portent les réfugiés maliens vivant au Burkina Faso ?
Jidou Ag Moustapha :
Les réfugiés de Burkina Faso sont impatients  de rejoindre leurs pays. Ils attendent impatiemment leur pays et toutes les autres organisations signataires des accords de paix doivent œuvrer à aboutir à un accord de pacification totale, qui leur permet de revenir dans leurs localités respectives. Nous sommes impatients de tout ça et nous savons que le Mali fera tout pour pouvoir obtenir cette paix, dont tout le monde a soif.
L’Espérance : Pour vous, quelle est l’importance de cette conférence ?

Jidou Ag Moustapha : Ces assises sont très importantes. Elles nous donnent plus d’espoir. C’est l’occasion pour tout le monde de s’exprimer, chacun de vomir (excusez-nous pour ce terme) ce qui sentait au fond de lui-même et après avoir déchargé toutes ses mauvaises pensées, les rancœurs et, certainement, les gens vont pouvoir se donner la main pour retrouver le vivre-ensemble, la cohésion nationale.

L’Espérance : A travers cette conférence d’entente nationale, pensez-vous que la confiance est en train de revenir dans le camp du Mali ?

Jidou Ag Moustapha : Oui, la confiance peut revenir. Cela dépend  de comment on va poursuivre le processus. Bien sûr, on dit dans un proverbe touareg : « une personne qui a soif, tout ce que tu lui demande, il ne te parle que de l’eau ». Donc, les Maliens ont aujourd’hui vraiment soif de la paix et je crois que, dès que les conditions seront réunies, je ne vois pas pourquoi la confiance ne reviendra pas pour la réconciliation des cœurs et des pensées.
L’Espérance : Ceux qui ont refusé de participer à cette conférence, qu’est-ce que vous avez à dire eux ?

Jidou Ag Moustapha : Au début, c’était la CMA et l’opposition malienne qui étaient absentes. Mais après, la CMA a rattrapé le train et nous attendons aussi d’un moment à l’autre que l’opposition réfléchisse pour rectifier le tir. Mais, ce sont eux, les opposants, qui connaissent leurs conditions de refus de ne pas participer. Certainement, nous souhaitons de tout cœur que le président de la République voit avec eux comment les rassurer pour qu’ils puissent participer à la grande rencontre de la grande famille malienne.
L’Espérance : Cette conférence permettra-t-elle de mettre fin à cette crise qui a tant duré ?
Jidou Ag Moustapha : Ce forum permettra-t-il de mettre fin à cette crise ? C’est trop dire ! Mais dès qu’on a une conviction à sortir de la crise, nous pensons que ça va y aller. Ce n’est pas facile de résumer et de raccourcir six ans de guerre comme par une baguette magique. Mais, je pense que c’est la voie à suivre pour aller à la paix.

L’Espérance : Vous, en tant que réfugié, quel appel avez-vous à lancer aux autorités du Mali ?

Jidou Ag Moustapha : De corriger un peu leur système de l’injustice. Il faut que tous les Maliens se prennent la main dans la main et dans la justice, dans la légalité et dans le respect mutuel.
Il ne faut pas que ceux qui sont dans le pays considèrent ceux qui sont à l’extérieur comme inférieurs. Il ne faut pas que ceux qui sont à l’extérieur aussi pensent que ceux qui sont au Mali sont supérieurs. Ou qu’ils pensent que ceux de l’intérieur sont là que pour faire du mal. Que tous les Maliens se sentent comme des frères et des sœurs.

L’Espérance : Avez-vous un message en direction des Maliens ?

Jidou Ag Moustapha : Aujourd’hui, la balle est dans le camp des Maliens partout où ils sont. Il faut que chacun donne une leçon de morale à son prochain sur l’existence du pays, notre patrie et sur l’existence de l’autorité de l’Etat. Il faut que chacun sache qu’il y a une tâche qui l’attend et que ce n’est pas quelqu’un qui va venir le faire à sa place. Tous les Maliens doivent savoir que c’est la grande maison de leur grande famille qui est en train de se déchirer par endroits.  Donc, ce sont les Maliens qui ont le droit de se retrouver véritablement et sincèrement pour se donner des consignes et des conseils qui leur permettront de reprendre leur vie commune normale.

L’Espérance : Quel est votre dernier mot ?

Jidou Ag Moustapha : Je souhaite que chaque fois que le Mali, notre pays, prend des engagements sur un sujet quelconque, qu’il le respecte, qu’il l’applique à la lettre dans la mesure du possible. On ne demande pas l’impossible, mais dans la mesure du possible, il faut se faire respecter. Si non, cela détériore l’image de notre pays si nous devons prendre des engagements et ne pas les respecter. La communauté internationale a les yeux braqués sur nous.

Entretiens réalisés  par Bréhima Traoré

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