Au Conseil national du patronat du Mali (Cnpm), finie la crise qui ne profite, en réalité, à personne. Comme a tenu à le préciser il y a seulement un mois, le capitaine d’industries Ibrahima Diawara alias Stone, lors d’une réunion de prise de contact entre les représentants des deux tendances en conflit. L’heure est donc aux retrouvailles pour mieux scruter l’avenir. C’est l’enseignement principal qu’il faut tirer de la réussite de l’Assemblée générale extraordinaire du samedi dernier, 2 août 2022, qui a connu une grande affluence, non sans prouver au passage que l’inclusivité reste le maître-mot de la dynamique unitaire actuelle au sein de l’organisation patronale.
Les délégués mandatés par les groupements professionnels et les Conseils patronaux de régions se sont mobilisés pour envahir la salle Moussa Balla Coulibaly du Cnpm où se tenaient les travaux, avec comme ordre du jour deux points principaux : la validation de l’Administration provisoire et l’adoption de la Feuille de route de sortie de crise, celle-ci devant déboucher sur l’organisation de nouvelles élections, après toilettage des textes pour en extirper les germes de contestation liées à un problème de compréhension de certaines dispositions, disons de quelques articles des statuts et du règlement intérieur.
L’Administration provisoire, composée de seize (16) membres (chacune des parties en a désigné huit) est présidée par le doyen du Cnpm, Soya Golfa, membre fondateur du Cnpm aux côtés de Moussa Balla Coulibaly. Il en a fait l’historique dans la salle, dans un discours émouvant, dans lequel il a fait un appel à taire les rancœurs et s’est ensuite dirigé vers les deux protagonistes de la crise, Diadié Sankaré et Madou Coulou, qui se sont étreints sous son œil vigilant.
En fait, le Cnpm a trébuché, mais n’a pas chuté. Bien au contraire, il sort grandi, disons ragaillardi de cette crise à travers laquelle différentes décisions de justice ont été rendues, mais convergeant toutes vers la même conclusion : les insuffisances dans le système électoral et plus généralement dans les textes régissant le Cnpm. C’est dire qu’à l’organisation patronale du Mali, l’heure n’est plus aux procès d’intention, mais à la prospective pour mieux aller de l’avant, dans un esprit positif. Ce très bon esprit se dévoile à travers des propos de Boubacar Hachimi Diallo, vice-président de l’Administration provisoire : “Nous remercions la justice qui, par ses décisions, a contribué à nous amener à nous rendre compte de nos insuffisances pour nous permettre de nous améliorer”.
De toute façon, l’Administration provisoire a été validée. C’est acté par l’Assemblée générale et c’est définitif ! Place à la dynamique unitaire d’un Cnpm où il n’y a désormais aucun clan déclaré. Et c’est donc parti pour l’exécution du chronogramme contenu dans le programme d’actions de sortie de crise qui a été lui aussi adopté lors de cette Assemblée générale du samedi 02 avril 2022. En d’autres termes, c’est un enterrement de première classe de la crise dont les obsèques seront certainement la prochaine élection du nouveau bureau dans quelques mois. Une élection qui sera organisée par une structure indépendante du Cnpm, gage de neutralité, révèle-ton à l’Assemblée générale extraordinaire.
Mais, curieusement, c’est ce jour de l’assemblée générale extraordinaire qui a été choisi pour convoquer à la police Boubacar Hachimi Diallo, le vice-président de l’Administration provisoire. L’occasion faisant le larron, même si c’était une coïncidence, cette convocation, en ce jour même, paraissait suspecte parce qu’elle pouvait déstabiliser ladite assemblée générale, voire la faire capoter. Nous n’osons pas affirmer que c’était le but.
En termes prosaïques, Boubacar H. Diallo a été convoqué à la police du 11è Arrondissement à la suite d’un soit transmis du parquet du tribunal de la commune 5. Une plainte de Mamoudou Haïdara (ex Segal du Cnpm nommé par Diadié), avec comme avocat Conseil Me Badiane (Avocat de Diadié Sankaré). Il se plaint d’avoir été chassé du Cnpm par les gendarmes, le jeudi précédent, alors qu’il venait s’installer à son bureau au Cnpm. Qu’allait-il advenir si Boubacar H. Diallo était retenu en garde en vue dès le samedi matin très tôt, alors même que les délégués venus de tout le Mali l’attendaient dans la salle pour cette allocution si importante qu’il a faite à la cérémonie officielle d’ouverture des travaux ?
De toute façon, cette manœuvre, selon des membres de l’Administration provisoire que nous avons approchés, “renforce leur vigilance et leur détermination à rester soudés et unis jusqu’à la fin du processus de sortie complète de la crise, en veillant scrupuleusement à l’application de la feuille de route adoptée par l’Assemblée générale”.
Ce ne sont pas de simples propos. De l’acte joint à la parole puisque les membres de l’Administration provisoire sont restés aux côtés du vice-président Diallo de 13h à 19h, faisant ainsi honneur à la confiance placée en eux. C’est dire que cette Administration provisoire assure, mais elle rassure aussi. Effectivement, mise en mission il y a seulement un mois, elle est parvenue à cette assemblée générale qui est une prouesse de sceller définitivement l’unité des cours et des esprits au Cnpm. Le vice-président Diallo, de rassurer aussi à son tour : “Je rassure tout le monde, ces actes sont un coup d’épée dans l’eau. Je reste déterminé à accomplir la mission. La marche vers la sortie de crise du Cnpm suivra son cours normal”. Peut-on dire mieux ?
Amadou Bamba NIANG