Les travaux de la Conférence ministérielle sur l’accès aux ressources naturelles et les conflits communautaires se sont tenus à Bamako les 28 et 29 novembre. Organisée par l’Union Africaine à travers la MISAHEL et le gouvernement du Mali avec l’appui des Nations Unies, cette conférence vise à définir un cadre continental de prévention, de gestion et de règlement des conflits locaux liés aux ressources naturelles. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiebilé Dramé et l’ambassadeur Smaïl Chergui, Commissaire à la Paix et à la sécurité (Union africaine) étaient présents à la rencontre.
l’issue de deux jours d’échanges, les participants ont élaboré une déclaration dite de Bamako. Dans ce document ils ont exprimé leur préoccupation face à l’instrumentalisation, par les groupes armés terroristes et d’autres entités criminelles, des compétitions autour des ressources, en vue d’accroitre leur emprise sur les communautés et de financer leurs activités.
Ils ont déploré la persistance des conflits au sein des États membres de l’Union Africaine qui ont des effets négatifs sur la sécurité humaine.
Toujours dans la Déclaration de Bamako, la Conférence a rappelé l’importance de la coordination et de la complémentarité des initiatives et actions en particulier dans les domaines de l’alerte rapide pour une prompte réponse aux conflits liés à l’accès aux ressources naturelles. Avant d’encourager également les États membres de l’UA à signer, à ratifier et à transporter en droit interne les instruments juridiques pertinents en vue de faciliter la mise en œuvre des actions convenues dans la Déclaration de Bamako.
Selon les statistiques de la MINUSMA, près de 70% des conflits communautaires dans l’espace sahélo-saharien sont liés à l’accès aux ressources naturelles, notamment l’eau, les pâturages et les mines. Ces conflits se résolvent à travers des mécanismes traditionnels appuyés par les autorités administratives locales.
L’ambassadeur Smaïl Chergui, Commissaire à la Paix et à la sécurité (Union africaine), a affirmé: « Nous sommes confrontés à un paysage de crises de plus en plus complexe, caractérisé par une typologie protéiforme des conflits et impliquant l’imbrication d’acteurs et d’actions coordonnées aux dimensions transnationales. Les motivations politiques et économiques de ces acteurs sont dans bien des cas instrumentalisées par des idéologies dites religieuses extrémistes; ou les replis identitaires et l’absence de perspectives de développement communautaire ».
De ce fait, il a indiqué que les défis de la gouvernance érodent les démocraties fragiles avec leur impact sur le moral des populations et sur la perspective d’avoir un avenir meilleur et plus prospère.
Avant d’ajouter: « Vient se greffer, à cette complexité sécuritaire déjà en place, les conséquences des changements climatiques, avec des répercussions sur l’accès aux ressources telles que l’eau et la terre, la subsistance des communautés, menaçant ainsi leur sécurité alimentaire et entraînant des déplacements de populations induisant l’intensification notable des conflits intercommunautaires entre éleveurs et agriculteurs. Ces disputes s’expriment aujourd’hui en armes automatiques et sont très meurtrières, sans oublier leur récupération par des groupes terroristes en prédation, pour qui ces failles représentent des opportunités inespérées ».
Dans son discours de clôture, le Chef de la Diplomatie malienne Tiébilé Dramé a salué l’Union Africaine et les Nations Unies pour le choix porté sur le Mali pour abriter cette rencontre. Il a, par ailleurs, rappelé le rôle important joué par le Mali dans la stabilisation de l’Afrique à travers de nombreuses missions.
C’est fort de ce constat qu’il a souligné que le Mali a, aujourd’hui plus que jamais, besoin de ses frères et sœurs Africains pour sortir de la crise. Dans son appel, le ministre Dramé n’a pas non plus oublié les autres partenaires du Mali comme les Nations Unies.
Bandiougou DIABATE
Source: l’Indépendant