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Conférence d’entente nationale : Le Président IBK très choqué par l’absence de l’opposition

Les partis d’opposition avaient prévenu qu’ils ne participeront pas à la Conférence d’entente nationale. Ils ont mis leur menace à exécution en boycottant la cérémonie d’ouverture. Ce qui n’est pas passé inaperçu. Ils n’ont pas été mentionnés dans la citation protocolaire. En plus, cette absence des leaders de l’opposition dans la salle a choqué IBK qui, sans les nommer, parlera d’eux dans une grande partie de son discours. Quelques extraits de ses interventions.

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[…] Un  immense  merci  à  vous  qui  avez  dépassé  vos  éventuels ressentiments, peut-être même vos rancœurs, pour être là, parce que ce qui va se jouer ici est bien plus important que nos colères, grandes ou  petites, bien  plus essentiel que nos états d’âme. Un immense merci, également, à ceux qui sont là  et  qui  se  le  verront  reprocher par ceux pour qui l’adversaire politique ne peut être qu’un ennemi.  Merci  pour  votre  courage,  chères  sœurs  et  chers frères ! Une pensée triste et affectueuse pour ceux qui auraient aimé être là, mais qui craignent de devoir le payer très cher, parce que telle est la règle, dans le parti, l’organisation, le groupe dont ils sont membres, car dans leur monde, saluer, tendre la main à un frère avec qui l’on a un désaccord, c’est trahir.  Ce  qui  nous  réunit  ici  est  bel  et  bien  une  Conférence d’Entente  Nationale,  où  devraient  se  régler  tous  les différends, surmonter toutes les rancœurs. Si nous ne nous retrouvons  pas  ici,  où  donc  nous  retrouverons-nous,  un jour ? Nous sommes tous les enfants d’une même mère, et la nôtre, en l’occurrence, est une Mère-Patrie et se  nomme Mali, République du Mali !

Certes, il faut à cette vieille mère quelqu’un pour veiller sur elle  jour  et  nuit,  et  c’est  un  Président,  qui  se  trouve  être, aujourd’hui, ma modeste personne.  Et, croyez-moi,  cette grande famille est exigeante. Pour mériter de se voir confier la garde de la Mère, il vaut mieux, dans ses comportements d’hier et d’aujourd’hui, avoir fait preuve de constance et de présence.  Dans  quelle  famille  laisserait-on  la  garde  de  la vieille  mère  à  un  fils capricieux,  qui  déserte  la  maison chaque fois qu’il est mécontent, à une fille inconstante, qui  boude  et  disparaît  chaque  fois  qu’elle  a  une  petite contrariété ? Sachons  donc,  par  notre  exemplarité,  notre  rigueur,  notre constance  en  toute circonstance,  mériter  la  confiance  de  la famille pour mériter la garde de la vieille mère, l’Etat. Notre égoïsme  et  nos  incohérences  d’aujourd’hui,  peuvent facilement  nous disqualifier  et nous  rendre indigne  de  la garde de la mère ! Je ne serai pas celui qui jettera la première pierre. Mais, que chacun,  en  son  âme  et  conscience,  en  permanence,  se demande en quoi ses postures enrichissent la démocratie, en  quoi  les  actes  qu’il  pose  contribuent  à  l’essor  de  la nation malienne.

Je  faillirais  à  mon  devoir,  si  je  ne  déplorais  pas,  ici, certaines absences et le discours qui les justifie. L’actualité, les événements de par le monde, nous rappellent chaque  jour  qu’il  n’y  a  pas  une  minute  à  perdre,  lorsqu’il s’agit  de  protéger  notre  pays,  notre  peuple, en  particulier contre le terrorisme et les diverses autres menaces du siècle nouveau.

Nous sommes, tous, la progéniture de la même Mère-Patrie. Les  uns  ne  sont  ni  meilleurs  ni  pires  que  les  autres.  Et  le respect,  la  considération  que  nous  devons,  les  uns  aux  autres,  implique  que  nous  sachions  respecter  le  travail  des autres.  En  ayant  à  l’esprit  que  même  le  travail  le  plus consciencieux  peut  comporter  et  comporte  toujours quelques imperfections.

Aussi, même en étant rivaux dans le combat politique, nous ne devons jamais perdre de vue que, sur cette terre du Mali, la  démocratie  n’approchera  les  abords  de  la  perfection  que lorsque  chacun  comprendra  qu’il  lui  appartient  d’apporter constamment  ses  idées  et  son  talent  à  l’œuvre  de  la Perfection Patriotique.  C’est l’addition de nos talents et de nos différences qui nous permettra d’enrichir la construction de la démocratie sur cette  terre  sacrée.  Et  l’on  ne  peut  espérer  bâtir  une  grande nation en se tenant à l’écart, en dehors, chaque fois que l’on n’est pas satisfait. Ou, pire, affirmer que l’on a en réserve ce qu’il faut pour améliorer l’Etat et les conditions de vie des Maliens, mais que, pour que notre peuple puisse en profiter, il devra attendre que vous arriviez aux responsabilités. Non, la nation se  construit sur la durée,  et ce que vous ferez viendra s’ajouter, dans la continuité, à ce qu’auront fait vos prédécesseurs.  Si  vous  pouvez  aider  votre  patrie,  votre peuple, c’est ici, maintenant qu’il faut le faire. 

Le chantier  est ouvert, et le  devoir nous  y appelle tous, autant que nous sommes!

La  meilleure  des  organisations  comporte  toujours  des failles.  Le  travail  des  plus  grands  génies  présente  toujours quelques insuffisances, et l’on ne refuse pas d’assister à un important événement familial, parce que l’organisation n’est pas  parfaite.  Que ce  soit  un baptême, des  fiançailles, un mariage,  ou  un  deuil  dans  sa  famille,  lequel  d’entre  nous déciderait  d’y  renoncer,  parce  que l’organisation  n’est  pas parfaite ?  Quand  bien même  c’est  vous, personnellement, qui  pilotez  cette  organisation,  vous  y  verrez  toujours  une faille, un détail manquant, au moment même où se déroule l’événement. Parce  que  cette  Conférence  d’Entente  Nationale  est  une modeste œuvre humaine qui, plus est, se veut un chantier, je vous dis merci !  Merci, sincèrement, du  fond du cœur, merci! “, a-t-il dit.

                 

  Siaka Doumbia

 

Un défouloir pour des participants

La Conférence d’entente nationale se poursuit. La journée du mardi a été consacrée à la libre expression. Les délégués s’inscrivaient pour vomir tout ce qu’ils avaient dans le ventre. Une sorte de défouloir. Ce qui, aux dires des organisateurs, est un des objectifs de la Conférence : que les gens puissent s’exprimer librement, mais dans la courtoisie.

El Moctar met un Pasteur mal à l’aise

Premier à prendre la parole, un pasteur d’une des églises qui voulait faire un exposé sur l’ethnie Bella. Car, à ses dires, les Bella sont victimes de déni de reconnaissance au Mali. Etant les plus nombreux au Nord du Mali, les Bella sont marginalisés. Il sera arrêté net par le président du présidium qui n’est autre que le ministre de la Réconciliation nationale, El Moctar, qui réagira que la Conférence d’entente nationale n’est pas une tribune pour créer des conflits intercommunautaires. “La Conférence d’entente nationale est nationale. Et on n’est pas là pour critiquer une ethnie”, a-t-il laissé entendre, mettant ainsi le Pasteur mal à l’aise.

 

La démission du gouvernement demandée

Un autre intervenant n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour critiquer le gouvernement qui est à la base de tous les problèmes du Nord. “Je demande la démission du gouvernement qui n’arrive pas à réconcilier les protagonistes, mais qui se permet de dilapider l’argent récolté pour la réconciliation. C’est le gouvernement qui est en train de diviser les populations à la base. Allez-y avec l’argent au Nord, vous allez voir que les gens vont se réconcilier”, a-t-il dit. Selon un ressortissant du Djitoumou, le problème de la crise du Mali est un problème entre l’Etat et les populations. Sinon, a-t-il dit, il n’y a pas de problème entre les communautés. “Le Djitoumou invite les communautés du Nord au festival du Djitoumou pour que le Nord et le Sud puisse faire la fête ensemble en vue du brassage à travers la culture“, s’est-il exprimé.

A sa suite, un autre Bella démentira les dires du délégué de Djitoumou. Pour lui, le problème du Nord est intercommunautaire. Car, argumentera-t-il, les différentes populations ne peuvent pas se déplacer librement d’une région du Nord à une autre sans être agressée. “La crise est communautaire. Et les Bella sont victimes de déni de reconnaissance. Nous sommes des Bella, des descendants d’esclaves. Nous n’avons pas honte de cela. Seulement, nous refusons de continuer à grossir le rang des autres ethnies. Nous ne serons plus des esclaves car nous avons des droits, nous avons droit à des privilèges. Nous avons le droit de nous exprimer. Nous sommes embastillés dans les régions du Nord. Il y a une mauvaise gestion de la diversité  ethnique et culturelle. La communauté Bella doit exister en tant que communauté. Nous n’allons pas adhérer à une Charte de réconciliation qui va continuer à embastiller la communauté Bella. Nous n’allons plus continuer à accepter d’être traités de façon inégalitaire “, s’est-il défoulé.

Résolution de la crise du Nord : Kidal est le problème

Pour certains intervenants, la réconciliation nationale doit commencer par la libération de Kidal qui est pris en otage par la Coordination des mouvements armés (CMA) et la Communauté internationale. “Il faut un traitement égalitaire entre les communautés de Kidal où c’est une minorité qui dicte sa loi sur le reste de l’ensemble des autres ethnies qui sont majoritaires. La paix doit commencer par Kidal qui se trouve être le problème. Tant que le problème de Kidal n’est pas réglé, il n’y aura pas de paix au Mali “, a-t-il indiqué.

                   Siaka Doumbia

 

 

Les coulisses de la conférence d’entente

La cérémonie d’ouverture sous une haute sécurité

La Conférence d’entente nationale du Mali s’est ouverte le lundi 27 mars 2017 sous la présidence du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéita. La cérémonie d’ouverture s’est passée avec un dispositif sécuritaire très impressionnant. Le Palais de la culture Amadou Hampâté Ba était quadrillé avec plusieurs ceintures sécuritaires. La première ceinture était placée entre Badala Séma et le Palais. A l’entrée de la cour du Palais de la culture, tout le monde devait montrer patte blanche avec des fouilles corporelles. Avant d’accéder à la salle Banzoumana Sissoko, le même dispositif sécuritaire était sur place avec fouilles corporelles. Dans la salle, les agents des forces de sécurité (en tenue et en civil) étaient très nombreux.

La CMA à la Conférence d’entente nationale

Absente à la première journée de la Conférence d’entente nationale, la Coordination des mouvements armés (CMA) a pris le train de la conférence en marche. Elle était dans la salle le 2e jour et a même ravi la vedette. Avant la reprise des travaux le mardi, son représentant, Almoud Ag Mohamed, a été reçu dans le salon d’honneur par Baba Akhib Haïdara (le président de la Conférence d’entente nationale). Cette entrevue a duré plusieurs minutes. Ce qui a même retardé la reprise des travaux qui a démarré à 10 h 20 au lieu de 9 h00 comme programmé. Et le comble, le représentant de la CMA a été invité à s’installer au présidium comme un des vice-présidents du bureau de la Conférence. A la reprise des travaux, Baba Akhib Haïdara s’excusera du retard du démarrage. Il annoncera la présence “des frères de la CMA ” qui étaient absents à la première journée. Cette nouvelle sera applaudie par la salle.

 La Concertation régionale de Kidal programmée

Après l’entrevue avec le représentant de la CMA, Baba Akhib Haïdara a informé la salle qu’une délégation se rendra à Kidal pour tenir la concertation régionale avant la fin de la Conférence d’entente nationale. Le porte-parole de Kidal n’a pas fait de restitution car sa concertation régionale ne s’est pas tenue. Mais il a tenu à décrier le manque d’infrastructure à Kidal. A ses dires, depuis le début de la crise, Kidal manque de services sociaux de base. “Les enfants de Kidal ne connaissent les routes bitumées qu’à la télévision. Il n’y a pas de route bitumée à Kidal. J’ose dire que le désaccord entre l’Etat malien et Kidal est dépassé”, a-t-il précisé.

 La restitution des recommandations

La 2e journée de la Conférence d’entente nationale a été consacrée à la restitution des synthèses des travaux des concertations régionales. Toutes les délégations ont passé une à une pour lire les conclusions de leurs concertations qui tournaient autour des groupes de travail “ Paix “ ; ” Unité ” ; ” Réconciliation “. Les recommandations des différentes délégations étaient, entre autres : l’amélioration de la gouvernance ; lutte contre l’impunité ; refondation du système éducatif ; répartition équitable des ressources de l’Etat ; retour aux valeurs positives du Mali qui sont le nationalisme et le patriotisme ; le renforcement de la communication entre les acteurs de la crise ; le respect de la souveraineté de l’Etat avec son caractère laïc ; désarmement des mouvements armés ; le retour de l’Administration sur l’ensemble du territoire national ; l’indemnisation des victimes de la crise ; le développement des structures et infrastructures de l’ensemble des régions ; le bornage des frontières du Mali avec les pays limitrophes ; lutte contre le chômage ; garantir l’unité et l’intégrité territoriale ; assurer la sécurité des personnes et de leurs biens ; enseigner la tolérance dans les écoles ; instaurer l’autorité de l’Etat ; encourager le jumelage intercommunale ; bannir l’intolérance religieuse ; renforcement des capacités des membres de la société civile ; création des polices municipales ; valorisation des chefferies traditionnelles ; organisation des semaines sportives et culturelles ; proposition de création d’autres régions.

 Les récriminations des délégués de Taoudenit

Les organisateurs ont eu la mauvaise idée “d’affilier” la région de Taoudenit à la région de Tombouctou pour faire une seule délégation. Cela n’a pas été du goût des délégués de Taoudenit. Et ils ont tenu à le dire dans la salle. Car, à leurs dires, Taoudenit est bel et bien la 9e région du Mali, une région à part entière. A ce titre, “nous ne serons plus d’accord que la région de Taoudenit soit affiliée à la région de Tombouctou”, a tenu à dire le porte-parole de la délégation de Taoudenit au Présidium.

Rassemblés par Siaka Doumbia

 

Source: Aujourd’hui-Mali

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