Plongée dans la crise dès les premières heures du conflit au centre du pays, la commune rurale de Dioungani, située dans le cercle de Koro, région de Bandiagara, a subi de grandes atrocités terroristes pendant longtemps. Aujourd’hui, tous les signes montrent que les terroristes veulent faire de la zone l’une de leur base d’opérations.

Située à la frontière du Mali avec le Burkina Faso, Dioungani est la plus vaste commune parmi les treize du cercle de Koro avec quarante-trois villages et plusieurs hameaux dont certains sont vidés à cause de l’insécurité croissante. Ainsi, malgré les multiples efforts du gouvernement et de l’armée dans la sécurisation des populations et leurs biens, la commune rurale de Dioungani est en passe de tomber complètement dans les mains des terroristes. Cela après avoir subi pendant longtemps des violences armées.

Mis en déroute par l’armée malienne dans certaines localités au centre et au nord du pays, les groupes terroristes refont surface dans plusieurs zones de la commune de Dioungani. Selon nos sources, ces terroristes sont constamment visibles par les populations et sont totalement libres dans leurs mouvements.

L’on apprend également qu’aucune structure étatique n’est encore présente dans la commune. Au même moment, les terroristes ont saboté tous les réseaux téléphoniques de la zone. « Nous avons l’impression que les groupes armés terroristes ont carrément remplacé les forces républicaines du Mali dans notre zone», nous a confié un habitant de la commune sous anonymat.

La même source a ajouté : « Il y a une intention assez claire aujourd’hui. Les terroristes ont le contrôle total de la zone. Ils ont saboté les réseaux téléphoniques. Au même moment, ils ont trouvé une solution et continuent de communiquer entre eux via d’autres moyens, notamment les talkies-walkies. Dans chaque village, ils ont toujours des gens qui rôdent et même qui viennent passer la journée avec nous munis de leurs armes. Ils jouent même le rôle de la police territoriale. Ils prennent la zakat à qui ils veulent, ils sanctionnent qui ils veulent et selon les actes posés. Ils contrôlent aussi tous les mouvements des différents villages (entrées et sorties). Ce que nous sentons est qu’ils veulent construire une nouvelle base terroriste à partir d’ici. »

Une zone interdite… !

De nos investigations, il ressort que ces hommes armés ont saisi une grande partie des champs cultivables des paysans de la commune pour en faire une base. « Personne n’a accès à ces zones. Même pas pour aller chercher du bois. Ils en ont fait une zone interdite. C’est une véritable base qu’ils sont en train de préparer », a ajouté notre contact.

Au même moment, l’on a appris aussi que toutes les femmes sont voilées. Pire, à part l’islam, toutes les autres religions sont réduites à néant. « Toutes les églises ont été fermées. Même si les chrétiens n’ont pas été forcés à aller à la mosquée, ils ne peuvent plus pratiquer leur religion. Mais, ces terroristes ont eu à lancer un ultimatum aux non-musulmans pour quitter le village de Douna-pen », nous a confié un habitant du village de Douna-pen toujours dans la commune de Dioungani.

Il faut préciser que même si l’objectif de ces assaillants se dessine autour de la commune de Dioungani, le cercle de Koro tout entier est toujours considéré comme un épicentre des groupes armés terroristes.

Ismaël Traoré

Source : Ziré