Le Maghreb, cette région d’Afrique du Nord partageant une histoire et des enjeux communs, est au cœur d’une reconfiguration politique et économique significative. L’Algérie, la Tunisie et la Libye, dans un mouvement coordonné, posent les bases d’une Union du Maghreb, cette fois excluant le Maroc. Cette initiative, perçue comme une réponse aux multiples défis régionaux, prend ses racines dans les tensions historiques entre le Maroc et l’Algérie, exacerbées notamment par la fermeture de la frontière entre les deux pays en 1994.
Le contexte de ces tensions remonte à des différends territoriaux et diplomatiques de longue date, incluant le conflit du Sahara Occidental. Les relations entre le Maroc et l’Algérie ont souvent été marquées par une méfiance réciproque, alimentée par des positions géopolitiques divergentes. L’exclusion du Maroc du nouveau projet maghrébin s’inscrit dans cette continuité de dissensions, illustrant un isolement régional de plus en plus prononcé pour Rabat.
Les réunions tripartites, qui se tiendront tous les trois mois, ont été inaugurées par un sommet sur le gaz à Alger, suivi d’une rencontre à Tunis. Lors de cette première réunion consultative, les dirigeants ont convenu de la création d’équipes de travail conjointes. Ces équipes auront pour mission de coordonner les efforts sur plusieurs fronts, notamment la sécurité régionale et les défis économiques, tels que les investissements dans l’énergie et la gestion des flux migratoires.
Face à cette dynamique, le Maroc ne reste pas passif. Le royaume chérifien intensifie ses relations internationales et développe sa politique étrangère avec une orientation stratégique claire. En entretenant des relations étroites avec des nations hors du Maghreb, comme Israël, les États-Unis et des pays européens, le Maroc cherche à diversifier ses alliances et à renforcer son intégration dans l’économie mondiale.
De plus, le Maroc poursuit sa stratégie de pénétration des marchés en Afrique subsaharienne, où il investit massivement dans des secteurs clés tels que la finance, le phosphate et les télécommunications. Cette approche est conçue pour pallier les limitations des échanges commerciaux au sein du Maghreb et pour tirer profit des opportunités de croissance dans des régions dynamiques.
Ainsi, tandis que l’Algérie, la Tunisie et la Libye avancent vers une intégration maghrébine redéfinie, le Maroc, mis en marge de ce projet, redouble d’efforts pour s’affirmer sur la scène internationale et régionale. Cette divergence de trajectoires pourrait redéfinir les interactions politiques et économiques dans l’Afrique du Nord, avec des répercussions potentielles bien au-delà de ses frontières.