Trois députés élus à l’Assemblée nationale pour le compte du parti Yéléma, notamment Moussa Mara, Assane Sidibé et Boukary Sacko, s’insurgent publiquement contre une prétendue commémoration du cinquième anniversaire de l’Accord d’Alger initiée par l’Assemblée nationale et renvoient les députés à ce qui doit être leur véritable devoir, notamment relire cet accord rejeté par les Maliens.
Leses trois élus du parti Yéléma à l’Assemblée nationale se sont exprimés publiquement à travers un communiqué, dans lequel ils reconnaissent n’avoir pris connaissance que par voie de presse, le 06 juillet, de l’initiative prise par l’Assemblée nationale d’organiser, les 07 et 08 juillet 2020, une cérémonie de commémoration du 5ème anniversaire de l’Accord dit pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.
Oui, par voie de presse ! La précision est de taille. Elle signifie qu’il y a encore des choses à dire et redire sur les méthodes en cours au sein de l’Assemblée nationale où des représentants du peuple qui y siègent sont informés d’une initiative si importante au même titre que le Malien Lambda.
Mais il n’y a pas que cela. Les députés Yéléma ont bien des raisons de s’insurger contre une telle commémoration relevant du vernis politique. Ils affirment, sans détours ni circonlocutions, que l’Assemblée nationale n’a rien à célébrer concernant cet accord. “Ce ne sera qu’une occasion de dépenser les faibles deniers publics de notre pays sans aucune retombée positive ni pour le Mali et encore moins pour les Maliens”, clament-ils haut et fort pour justifier leur refus de participer à ce qui s’apparente à une véritable mascarade.
En plus, soulignent-ils, l’Accord n’a pas fait l’objet d’un débat de la part des élus du peuple pour obtenir leur quitus et se doter ainsi d’une once de légitimité. Pourquoi alors mobiliser les députés dans le cadre d’une cérémonie solennelle pour célébrer cet accord ? Le faisant, les députés adhéreraient sans réserve à cet accord et engageraient désormais leurs responsabilités. “Nous informons les initiateurs qu’il a été régulièrement déploré que l’Accord pour la Paix n’ait été présenté devant l’Assemblée nationale, ne serait-ce que pour connaître la position de l’Institution sur un sujet aussi majeur”, écrivent-ils. Raison pour laquelle, ils posent la question : “Pourquoi s’évertuer à célébrer un acte dont on n’a pas été associé à la conclusion ?”
Par ailleurs, cet accord est trop décrié par les Maliens et n’a d’ailleurs enregistré que de très faibles acquis en termes de mise en œuvre. Dans ces conditions, célébrer son cinquième anniversaire par l’Assemblée nationale reviendrait à naviguer à contrecourant des aspirations du peuple malien, lequel s’est exprimé clairement lors du Dialogue national inclusif où la nécessité de la relecture de cet accord fut le point le mieux partagé. Les députés Yéléma tiennent donc à porter à la connaissance des initiateurs de cette cérémonie que “l’Accord reste très faiblement appliqué et les résultats escomptés sont loin d’être atteints. Au surplus, les Maliens, lors du Dialogue national inclusif, ont unanimement demandé la relecture du document.” C’est pourquoi, les élus Yéléma précisent : “Il aurait été, de ce fait, plus indiqué pour l’Assemblée nationale d’organiser des discussions préparatoires de la relecture de l’Accord, plutôt que d’employer des moyens importants pour juste le célébrer.”
Emboîtant le pas aux députés Yéléma, on peut aussi se poser la question sur la date anniversaire de la signature de cet accord qui s’est déroulée en deux temps à Bamako, d’abord le 15 mai à Bamako et ensuite au mois de juillet. Avant même de parler d’anniversaire, le flou artistique qui entoure cette cérémonie de signatures avec beaucoup de non-dits doit d’abord être proprement nettoyé et amener les Maliens à convenir d’une date officielle pour célébrer l’anniversaire de la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, si cela en vaut la peine.
Amadou Bamba NIANG