Le 26 Mars 1991 a été un événement historique au Mali. C’est l’aboutissement des soulèvements répétés de la population contre le régime de l’ancien président de la République Moussa Traoré qui avait au terme d’un coup d’Etat militaire, mis fin au régime socialiste de feu le président Modibo Kéita, le mardi 19 novembre 1968. Il était devenu « impopulaire » après le décès en détention de Modibo Kéita.
C’est, dit-on dans certains milieux, que le refus de l’ouverture démocratique qui a accéléré le processus ayant conduit à l’arrestation du Général Traoré, par le chef de sa propre garde présidentielle, lieutenant colonel Amadou Toumani Touré et compagnons d’armes, avec une conjugaison des efforts de différentes sensibilités. Ce fut le début d’une nouvelle ère, celle de l’affirmation et de la reconnaissance officielle des droits et libertés individuelles et collectives.
Le processus démocratique malien a été parsemé de difficultés multiples. Un nombre important d’aspirations profondes et légitimes des populations sont restées sans suite. A partir d’un moment, la situation allait de mal en pis. Le second mandat de l’ancien président du Mali, Alpha Oumar Konaré fut l’occasion de découvrir de sérieuses lacunes et insuffisances du processus démocratique malien dont, l’effritement de l’autorité de l’Etat, l’institutionnalisation de la corruption et de la délinquance financière. A tout cela il faut ajouter la cherté de la vie et la persistance des problèmes de l’école. Des victimes de mars 1991, vivent difficilement avec de graves séquelles, parce que oubliées. On a aussi assisté à la dégringolade de certaines valeurs cardinales de notre société.
Malgré les Grands chantiers du développement réalisés sous ATT, les problèmes suscités n’ont pu être résolus à hauteur d’attente. Pire, l’insécurité dans les régions nord du pays a exacerbé la situation socio-économique. Les mésententes voire les adversités insenses au sein de la classe politique n’ont pas favorisé la consolidation du processus démocratique. Finalement arriva ce qui devait arriver. Il s’agit du coup d’Etat militaire du 22 Mars 2012.
Après ce coup de force de nos enfants, quel sens le 26 Mars 1991 a encore ? Quel sens et quel contenu peut-on donner à la célébration du 26 Mars 1991 ?
Ce sont autant de questions que l’on se pose après l’aventure du 22 Mars 2012. La plupart des attentes ne sont pas comblées à ce jour. Mais, on constate que les mêmes acteurs politiques, à quelques exceptions près, ayant contribué à la lutte pour l’avènement de la démocratie au Mali, aux lendemains du coup d’Etat du 22 Mars 2012, avaient fait volte-face, comme pour dénier au 26 Mars 1991 toute sa symbolique, comme pour s’en désolidariser.
Certains, à travers leurs déclarations, ont tenté d’abonder dans le mêmes sens que le Dr Cheick Modibo Diarra qui a eu l’audace d’affirmer que, de l’ouverture démocratique au coup d’Etat du 22 Mars 2012, il n’y aurait rien de positif. C’est à la fois honteux et dommage.
Contre vents et marrées, de principaux acteurs du mouvement démocratique sont plus que jamais déterminés à œuvrer de sorte que le 26 Mars 1991 recouvre tout son sens. La centrale syndicale UNTM a organisé une rencontre pour rappeler le rôle clé qu’elle a joué pour l’avènement de la démocratie au Mali. Aussi, le ministre de l’Action Humanitaire, au carré des Martyrs lors de la célébration du 26 Mars 2015 a invité les acteurs politiques et de la société civile à faire de sorte que ledit carré soit régulièrement entretenu et respecté, même au-delà des périodes de célébration de l’anniversaire du 26 Mars. Les défenseurs des idéaux du 26 Mars ne sont plus nombreux. Et, rares sont ceux qui aujourd’hui sacrifient à la commémoration de cette date historique.
Il est nécessaire aujourd’hui, plus que jamais que les uns et les autres changent de comportement toute fois s’ils souhaitent que le processus démocratique soit approfondi au Mali.
Tiémoko Traoré
source : Le Pouce