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Collision entre religieux et politique : tous comptables

L’histoire retiendra que le bras de fer entre le président du Haut Conseil Islamique, HCI et le pouvoir de IBK, est parti de la confection d’un manuel scolaire sur l’éducation sexuelle au Mali, en décembre 2018.

En effet, tout est parti d’un entretien de l’Imam Mahmoud Dicko, président du HCI sur Renouveau FM, une radio de la place, le mois de décembre 2018. Lors de cet entretien, il informait la communauté musulmane d’un projet en élaboration au Ministère de l’éducation, tendant à introduire l’enseignement de l’homosexualité au Mali. L’information a été naturellement relayée sur les réseaux sociaux et a suscité indignation et colère de l’opinion nationale. Ce qui a obligé le Ministre de l’éducation, de sortir pour démentir l’information devenue virale sur les réseaux sociaux. Contre réaction immédiate de Dicko qui monte au créneau avec les documents à l’appui, tout en rappelant ses combats antérieurs pour le code la famille sous ATT. Dicko veut organiser un meeting d’explication au Palais de la culture Ahmadou Hampate Ba, les membres du bureau du HCI désapprouvent dans leur grande majorité son initiative. Les partisans de Dicko le poussent à tenir la rencontre. Le jour J, des milliers de partisans de Dicko, convergent vers le Palais, trouvé fermé sur ordre des autorités du District de Bamako. Dicko, escorté par des milliers de partisans, arrive en héros au Palais de la culture. Le lendemain, depuis sa mosquée, il informe les nombreux fidèles venus l’écouter, de l’organisation d’un grand meeting pour le mois février 2019, avec la présence effective du chérif de Nioro du sahel, qui a dépêché un de ses représentants auprès de Dicko.

A la veille du grand meeting de février, prévu le dimanche 10 Février au stade du 26 Mars, de Bamako, Dicko, devant les caméras, dévoilent les billets de banque d’une valeur de cinquante millions de francs CFGA, envoyés par le PM Soumeilou Boubeye Maiga, en guise de soutien du gouvernement au meeting. Dicko en faisant retournant devant les caméras au PM sa contribution, l’accuse de tentative de corruption. Un communique du Gouvernement, suivi d’une réaction vidéo du PM sur les réseaux sociaux viennent ajouter à la confusion et la guerre par médias interposes entre Dicko et Soumeilou Boubeye Maiga, deux amis devenus, des ennemis déclarés.

C’est dans cette atmosphère délétère, de suspicion et de règlements de comptes que se tient le meeting du 10 Fevrier 2019 qui a fait coule tant d’encres et de salives. Le meeting a tenu toutes ses promesses. De meeting de prières pour le pays, l’organisateur en chef Mahmoud Dicko, a utilise avec grâce et bonheur la tribune pour faire le procès d’une gouvernance a vau l’eau, mais aussi pour régler ses comptes personnels avec son meilleur ennemi : le Premier Ministre, qui est déclaré persona grata. Son limogeage est l’une des recommandations phares du meeting. Qui aura le dessus dans cette guerre, entre l’aigle royal Dicko et le tigre de Badalabougou, SBM, tous deux faiseurs de roi ?

L’onde de choc provoqué par le meeting du 10 Février, de l’Imam Mahmoud Dicko et de Cherif de Niro du Sahel, n’est pas pour s’estomper dans l’opinion nationale. Ce meeting ressemble t’il a celui organisé par le même acteur, le 12 Aout 2012 ?

On se rappelle que le président intérimaire d’alors, Dioncounda Traore, de retour de soins à Paris, s’apprêtait à donner du sang neuf au Gouvernement de Cheick Modibo Diarra, le tout puissant Premier Ministre de pleins pouvoirs. Pour contrer toute velléité de la part de Dioncounda Traore, qui n’a jamais compris le silence de carpe dans lequel s’est muré, le PM CMD, après la légendaire attaque perpétrée, ayant occasionne blessures sur sa personne, CMD et les militaires ont utilisé, disons-le, sans mettre de gant, ont instrumentalisé le HCI qui a fait une démonstration de force dans le même stade du 26 Mars. Ce 12 Aout 2012, comme le dimanche passe, 10 Février 2019, le stade était plein à craquer, en présence des hommes politiques proches du pouvoir. Le 12 Aout 2012, le HCI via Imam Mahmoud Dicko, scandait le maintien de CMD comme PM et l’octroi d’un Ministère du culte et des affaires religieuses. La suite est connue.

Le dimanche dernier, le même Mahmoud Dicko, scande non pas le maintien du PM, mais le départ et en présence cette fois ci de politiciens opposes au pouvoir. Là, s’arrête la comparaison entre les deux meetings du HCI sous le règne de Imam Mahmoud Dicko et du Cherif. Il est aussi important de rafraîchir la mémoire collective, que c’est encore avec un chef religieux, Ousmane Haidara, dans le même stade, en présence de tous les gros poids du pouvoir actuel, y compris les plus hautes autorités, que le pouvoir est allé à la rencontre des religieux. Donc la collision, je dirai l’interrelation entre religieux et politiques, n’est pas nouvelle sous la troisième république. Hélas cela s’est aggravé avec l’avènement de IBK a Koulouba, en 2013. À qui la faute ? À toi, à moi, au politicien qui veut le beurre et l’argent du beurre.

Je laisserai le soin, a nos chercheurs, universitaires, de nous éclairer sur ce méga phénomène, qui risque si des solutions drastiques ne sont pas prises, de compromettre dangereusement, le tissu social dans le pays. Je me suis amusé, cette semaine à faire le monitoring des réactions des internautes sur les réseaux sociaux, notamment sur twitter et Facebook.

Le constat est effarant : en deux jours, c’est-à-dire, lundi et mardi, sur deux post relatifs au sujet, choisis au hasard sur Facebook : j’ai note 150 commentaires et 90 partages des deux messages. Le nombre de personnes impactées par les deux messages est de 42 536. Les commentaires se classent en deux catégories : ceux ou celles qui pensent que les politiciens sont les seuls responsables de la situation et les seconds qui accusent les religieux de profiter de leur statut.

Sur Twitter, ou, on rencontre beaucoup plus de personnalités, de cadres, le constat est le même : les avis sont partagés. Les maliens sont divises sur le sujet. Ne me demandez surtout pas de m’expliquer car ce n’est pas une étude scientifique que j’ai menée, mais juste une curiosité de citoyen.

Mon analyse de citoyen de la diaspora : Sur les deux réseaux sociaux, toutes et tous craignent les conséquences d’une telle collision entre les deux pouvoirs : religieux et politiques. Les deux disposent d’une arme fatale : les religieux peuvent secouer, dans un pays majoritairement croyant, l’épouvantail de l’homosexualité pour régler leurs comptes aux politiques, en cette année d’une énième tentative de révision constitutionnelle. Et les politiques disposent du d pouvoir de diviser les religieux pour régner, ce qui pourrait aboutir à une escalade religieuse aux conséquences imprévisibles.

Nous sommes coupables et comptables de la présence des religieux dans l’antichambre du pouvoir. C’est parce que les citoyens ne croient plus à leurs dirigeants qu’ils se tournent vers les religieux. Avec tout ce qui se passe au Mali, devrions nous rester à l’écart ?

Ouvrons les yeux la corruption est en phase terminale au sommet de l’état. Personne ne se pose la question de savoir si oui ou non y a corruption avérée de la part de SBM en envoyant 50 briques cash à Dicko et non au bureau du HCI.

Mettons la balle à terre. Défendons des idées pas des hommes : si nous voulons que les religieux soient hors du débat politique, arrêtons de théâtraliser les religieux, en renforçant la bonne gouvernance c’est à dire la transparence, la lutte contre l’impunité, le vol, la gabegie.

Si la confiance se rétablit entre citoyens et politiques, Dicko et tous les autres religieux retourneraient à leurs chapelles. La seule arme pour faire taire les religieux comme Imam Dicko est la bonne gouvernance.

Yachim MAIGA

Yachim MAIGA
Kinshasa, République Démocratique du Congo
Cell: +243852082715
yachimmaiga@gmail.com
yachimmaiga.blogspot.com
Compte twitter: @Yachimmaiga

La rédaction

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