Vendredi 11 décembre 2015, la visite de six jours du Président Ibrahim Boubacar Keïta dans la Région de Ségou tire vers sa fin. Et pourtant, l’étape matinale de Bla fut à la fois, la plus courte et la plus décisive. Car le Président Keïta qui est accueilli par une forte foule de jeunes scandant « IBK…courant…IBK…Courant »,  s’est senti quasi trahi par ses plus proches collaborateurs qui lui ont tout dit sauf ce que sa visite du terrain d’aujourd’hui lui a permis de voir, selon sa propre expression.

 Ce matin, si le Maire de Bla, Soungalo Mallé a décidé d’étaler le vrai quotidien de sa ville où le kilowatt de l’électricité est facturé à 280 FCFA pour une alimentation globale de 8/24 heures, c’est pour certainement trouver la solution. Ce qui a, en plus de le rassurer, irrité le Président de la République auquel il s’adressait au nom de sa population.

Selon le Maire, la situation de l’électricité pose vraiment problème ici. Beaucoup d’activités pouvant générer de revenus aux populations évoluant pour la plupart dans l’agriculture et l’agro-industrie sont au ralenti.

« Nous vivons dans le  noir, en tant que chef-lieu du Cercle comportant 7 communes», se lamente un enseignant du second cycle.

Mais avant, c’est le Maire Mallé qui a surtout réclamé la construction d’un certain nombre d’infrastructures dont des routes bitumées, des industries agro-alimentaires pour la transformation des produits locaux et la construction de centres de formation professionnelle.

«Une jeunesse sans emploi est malade», et «nous sollicitons la couverture de l’Energie du Mali SA à Bla » a discouru le premier élu local du cercle.

En réplique, IBK qui a rencontré des notabilités de la ville, rejoint le Maire et lui promet des lendemains meilleurs sur toutes ses revendications.

« Je suis venu ce matin à Bla, j’ai écouté le Chef du village qui m’a dit ce qui m’a profondément touché. Ce n’est pas de l’égoïsme, ce n’est non plus de la méchanceté », a enchainé le numéro UN de Bamako, qui s’interroge, « mais à quoi sert un dirigeant qui ne sait pas essuyer les larmes de ses populations ? ».

Le Président d’ironiser, « Pendant que des gens vivent dans le noir ici, nous qui sommes dans l‘éclairage à Bamako, nous-nous faisons appeler ‘’dirigeants’’, fermant l’œil tout en le sachant ! »

Dans un silence de mort qui s’installa brusquement, IBK insiste qu’à vrai dire, cette visite à Bla lui a montré beaucoup de choses. Apparemment, avant de se rendre à Bla, IBK avait été rassuré que tout y allait bien. Car, « certains ministres auquel il a donné des instructions semblent n’avoir rien fait », croit savoir un proche du pouvoir dans l’anonymat ».

«J’ai compris qu’avoir du monde derrière soi est différent d’être entouré de personnes sérieuses, honnêtes, a tranché net, l’hôte de Bla, qui ajoute, il y a la foule, il y a des hommes honnêtes, et j’ai compris ce que vous avez dit, populations de Bla…et à partir de la nouvelle année qui s’annonce, on verra celui qui n’accomplira pas les tâches qui lui seront confiées».

Devant les populations de Bla, très en colère, le Président gronde ses subalternes : « nous n’avons pas été installés au pouvoir pour porter de grands boubous et nous promener…Non, nous avons été installés pour vous servir, et trouver des réponses à vos attentes. Il est alors clair que nous devons renoncer au pouvoir si nous ne sommes pas pour remédier à vos soucis », a-t-il averti.

« Chaque jour on vient me dire des choses pas vraies dans le but de me rassurer, alors que ce sont des mensonges qu’on me fait parvenir comme si tout est rose, révèle-t-il. Mais, «VOIR une seule fois vaut mieux qu’il te soit rapporté un millier  de fois, et c’est ici que j’ai compris qu’on ne fait que me mentir  », a regretté le Chef de l’Etat.

Enfin, « ce que j’ai vu ne m’a pas du tout plu, mais Inch-Allah, je mettrai fin à ça car la situation à Bla m’a affecté », tranche-t-il une seconde fois.

Après avoir promis aux jeunes de Bla une salle de spectacles, il rassure les populations que les routes qu’elles réclament seront bâties ici et pas ailleurs.

« Ce que j’ai vu est largement suffisant pour m’alerter, je le dis, j’ai l’ambition de le faire», Wallahi jure le Président Keïta qui quitte le micro avec un visage serré.