Au Mali, la santé de la mère et de l’enfant demeure un grand défi. Malgré les nombreuses politiques sanitaires menées dans ce sens, la mère et l’enfant restent les couches les plus vulnérables, avec un taux de 67% de mortalité maternelle et infantile dans le pays. C’est face à ce tableau sombre, que l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), a lancé le projet Colab mère-enfant, qui vise à améliorer les conditions de vie de ces deux couches. Mme Diallo Djouma Drame, chargée de programme « CoLab mère-enfant » au Sahel, a bien voulu répondre à nos questions.
Flambeau : Comment décrivez-vous le programme multi-acteurs pour l’amélioration de la santé mère enfant au Mali particulièrement, et qui sont les intervenants ?
Diallo Djouma Drame : Le programme CoLAB Santé mère-enfant au Sahel, porté par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l’organisation de soutien à l’entrepreneuriat innovant Bond’innov et l’association Makesense, vise à connecter les acteurs de la Santé de la Mère et de l’Enfant (SME) au Mali et au Niger, et à promouvoir les initiatives multi-acteurs pour changer concrètement le quotidien de millions de femmes et d’enfants. Le CoLAB Santé de la Mère et de l’Enfant se déploie autour de trois grandes phases : Une phase d’émergence, une phase d’appel à projet et une phase d’accompagnement.
Flambeau : Quels sont les défis liés à l’exécution du programme ?
Diallo Djouma Drame : Le Mali et le Niger ont hérité d’un système de santé pyramidal et hospitalo-centré, organisé essentiellement autour de la lutte contre la maladie à travers la mise en œuvre de programmes verticaux. La gouvernance est décentralisée pour les Centres de santé communautaires (CSCOM) et les Centres de santé de référence (CSREF). Pourtant, malgré des avancées certaines en matière de santé, notamment depuis l’impulsion des Objectifs du Millénaire pour le Développement, le Sahel enregistre encore les statistiques sanitaires les plus alarmantes du monde. Le taux de fécondité du Niger est de 7,2, contre 6,1 au Mali ; 1 enfant sur 5 meurt avant ses 5 ans au Sahel, et 1 femme sur 54 meurt des suites de sa grossesse.
Ces chiffres s’expliquent en partie par l’utilisation insuffisante ou trop tardive des services de santé, l’éloignement géographique de ces services, le coût des soins et des médicaments et la pénurie de personnel de santé, ce qui engendre une faible qualité des soins. La bande sahélienne est par ailleurs marquée par une pluviométrie et des saisons agricoles aléatoires, engendrant des crises alimentaires récurrentes.
Flambeau : Quelles solutions envisagez-vous face aux défis ?
Diallo Djouma Drame : Aujourd’hui, les acteurs concernés travaillent peu ensemble et les moyens existants pour collaborer et construire des solutions sont limités et sous-employés, alors même que les acteurs du terrain s’accordent sur la nécessité de décloisonner les approches proposées pour bénéficier de l’intelligence collective. C’est pourquoi l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l’organisation de soutien à l’entrepreneuriat innovant Bond’Innov, et l’association Makesense proposent une approche innovante favorisant la collaboration multi-acteurs.
Adam Diallo