« Quels défis pour la cohésion et le vivre ensemble dans le Macina », telle était la problématique au cœur d’une conférence débat qui avait pour cadre le Palais de la culture Amadou Hampathé BA, le samedi 2 mars 2024. Initiée par l’Association des Ressortissants de la Ville de Tenenkou (ARVT) en synergie avec le Regroupement des jeunes du cercle de Tenenkou(RJCT), cette rencontre s’inscrivait dans le cadre des activités de la première édition du Festival culturel du cercle de Tenenkou placée sous le thème central « La culture au service du développement ! ».
L’objectif étant de parler du retour de la paix au Mali en général et, ensuite, dans le Cercle de Tenenkou en particulier dans sa dimension historique.
Pour décortiquer les jeux et les défis de ce vivre ensemble qui sont d’une importance capitale pour le retour de la paix et de la stabilité dans le Macina, l’ARVT avait fait appel à deux éminentes personnalités, notamment l’Ancien Premier Ministre Abdoulaye Idrissa MAIGA et l’Ancien Ministre Ousmane SY.
Ce festival culturel, selon ses initiateurs, avait pour objectif de mobiliser les Maliens de tout bord pour partager la culture du Cercle de Tenenkou et échanger sur les stratégies du retour de la paix dans le Macina.
Il se veut un espace d’échange, voire un carrefour de convergences d’idées et d’opinions favorables à l’éclosion d’initiatives novatrices propres à se prémunir des éventuelles dérives débouchant sur des conflits communautaires entre des populations qui jadis ont vécu en symbiose dans la paix, la concorde et la compréhension.
« Notre festival culturel doit servir de ressort capable de trouver des mécanismes où l’on sème les graines de la paix, de l’union, de la tolérance, de la cohésion sociale et du vivre ensemble », a déclaré le Colonel-major Abdramane CISSE, président de l’ARVT à l’ouverture des débats.
Etat des lieux
Il ressort des différentes communications que Tenenkou est l’un des cercles les plus touchés par la crise sécuritaire que traverse notre pays depuis 2012. Celle-ci a eu pour conséquence : la perte de nombreuses vies humaines ; le déplacement de milliers de personnes ; la fermeture de plusieurs écoles ; l’abandon de plusieurs foires ; et l’arrêt de nombreuses activités culturelles dont les plus importantes sont la régate de Tenema et la traversée des animaux à Diafarabé qui est à titre de rappel un patrimoine immatériel de l’UNESCO.
A cela s’ajoute la perte de repère et une acculturation à grande dimension de la jeunesse actuelle.
C’est au de ces situations susmentionnées que l’ARVT et le RJCT ont décidé d’organiser un festival culturel à Bamako pour : Faire revivre la riche culture du terroir ; partager les préoccupations des ressortissants du cercle sur le plan sécuritaire afin de trouver les solutions idoines ; conscientiser la jeunesse qui constitue la relève.
Les défis et les solutions
Pour Ousmane SY, le Macina est une diversité ethnique à l’image de toutes les localités.
« Cela est un atout et non une menace », a-t-il déclaré.
Il ressort de son propos que le Macina est le territoire où l’Etat à créer plus de problèmes que de solutions.
« L’administration et la justice constituent la hantise des populations », a-t-il dénoncé.
Parlant des défis, Ousmane SY a fait savoir que le potentiel foncier se dégrade davantage au moment où le système pastoral se trouve perturbé.
Cette situation qui prévaut à Macina, a-t-il expliqué, a des impacts sur la cohésion et le vivre ensemble et touchent d’autres régions riveraines rendant ainsi les relations devenues conflictuelles.
Pour changer la donne, l’ancien ministre de l’administration pense qu’il faut tout d’abord une gouvernance qui réconcilie l’État et les populations.
« Il faut mobiliser les intelligences et les énergies pour sortir de la crise», a-t-il conseillé.
De son avis, nous devons reconstruire la paix par le dialogue et le compromis.
«On ne peut pas gagner la paix par les armes», a-t-il tranché.
Autre solution préconisée par le ministre SY est relative à l’instauration d’une sécurité de proximité dans la zone.
Enfin, il s’est dit convaincu que toutes ces solutions resteront vaines si elles ne sont pas accompagnées par la prospérité économique à travers la responsabilisation des collectivités locales.
«Bamako étouffe le Mali. Nos territoires se vident et s’appauvrissent. Il faut créer des pôles économiques », a-t-il conclu.
De son côté, l’ancien Premier ministre, Abdoulaye Idrissa MAIGA, a précisé que la paix en soi est un savoir vivre.
Au passage, il a exprimé sa compassion pour les populations restées sur place pendant l’occupation terroriste.
« Nos sociétés sont condamnées à faire face aux défis. Nous avons les ressources pour y faire face », a-t-il insisté.
Selon lui, avec l’arrivée des nouveaux acteurs, le niveau de la violence a doublé, voire triplé au Sahel.
« Il faut recentrer l’État sur les questions de sécurité et de sûreté», a-t-il préconisé. Spécifiquement, pour le Macina, il souligna qu’il faut plus d’éducation où l’espace vital est rétréci.
« La violence sous quelque forme qu’elle se présente est un échec. L’éducation est la plus puissante arme pour résoudre les problèmes », a-t-il dit.
Alors que tout le pays attend impatiemment le début du Dialogu inter-Maliens, l’ancien PM a soutenu qu’il n’y a pas d’alternative au dialogue.
«Il faut accepter de dialoguer pour se réconcilier avec soi et les autres », a-t-il relevé.
Face aux défis qui assaillent la nation, M. MAIGA pense qu’il y a
un État à moderniser afin de débarrasser le Sahel des acteurs subversifs.
Par Abdoulaye OUATTARA