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COFOP: le panier de crabes

Ils ont en commun d’être des routards politiques, ayant observé différentes escales au cours de leurs pérégrinations. Sinon tout oppose les fondateurs de la Plateforme politique dénommée ‘’Coalition des forces patriotiques’’ (COFOP). Ce qui en fait un cocktail explosif, plus dangereux pour elle-même que pour le régime en place.

La Plateforme politique, dénommée ‘’Coalition des forces patriotiques’’ (COFOP) initiée par Moussa MARA, Moussa Sinko COULIBALY, Housseiny Amion GUINDO, Oumar MARIKO et Abdoulaye Amadou SY, a lancé ses activités le dimanche 21 octobre, à la Maison de la presse. C’était à la faveur d’une conférence de presse annonciatrice de la fin prématurée de cette Plateforme, à qui certains prédisait un grand destin.

L’impossible consensus
A propos des élections législatives, la Cour constitutionnelle par AVIS N° 2018-02/CCM du 12 octobre 2018 a arrêté : ‘’par conséquent, elle donne un avis favorable à la demande de prorogation de la Vème législature jusqu’à la fin du premier semestre 2019 en application de l’article 85 de la Constitution.
Dit cependant, que ladite prorogation doit intervenir au moyen d’une loi organique’’. Cet arrêt entraîne de facto un report des législatives, objet de la saisine du Gouvernement sur laquelle la Cour avait émis un avis défavorable.
Sur la question, Moussa MARA, Housseiny Amion GUINDO, partagent le rejet du report des élections législatives qu’ils considèrent comme attentatoire à la démocratie. Ils fustigent la démarche du pouvoir dans la forme et dans le fond.
Oumar MARIKO, lui, salue ce report, y voyant un moyen de ‘’corriger les irrégularités’’ qui ont entaché l’élection présidentielle de juillet-août.
Pour MARA et Poulo, la Convergence n’est pas un Front anti-IBK. Ils sont sans équivoque : Le Président Ibrahim Boubacar KEITA a été mal élu, mais il a été élu ».
Oumar MARIKO, par contre, ne reconnaît pas Ibrahim Boubacar KEITA comme le Président de la République, parce que n’ayant pas été le choix des Maliens.
On notera qu’à l’occasion de cette conférence de presse, en tout cas, le général démissionnaire Moussa Sinko COULIBALY et Abdoulaye Amadou SY ont plutôt brillé par leur funambulisme.
En ce qui est du parcours de ces alliés, il ne présage pas forcément d’un ménage harmonieux.
L’éternel opposant
Oumar MARIKO : éternel opposant, mais habitué des travées du pouvoir, de tous les pouvoirs qu’il pourfend et accompagne alternativement, méthodiquement, dans l’intérêt bien compris de la préservation de ses intérêts politiques et pécuniaires personnels.
Avec le régime actuel, à ses premières heures, il se distingue une nouvelle fois (c’est dans son gène), en ne signant pas la Plateforme de la Convention de la Majorité Présidentielle (CMP). Avec un pied dedans et un pied dehors, il a fini par s’acoquiner avec l’ADP-Maliba, selon des informations persistantes, sous le bruissement de 50 millions FCFA par député débauché.
Le Barbu national venait de faire ses adieux à la Majorité présidentielle, du moins en apparence. Mais, il n’a jamais rejoint l’Opposition, dont il ne reconnaît pas le Chef de file comme tel. Pourtant, il se considère comme opposant au régime et nombre de ses sorties incendiaires le laissent croire. Il restera toujours un personnage énigmatique.
Le pragmatique
Moussa MARA, lui, a servi le régime comme ministre et comme Premier ministre, avant un divorce retentissant auquel les événements dramatiques de mai 2014 de Kidal ne sont certainement pas étrangers. Il a la particularité d’avoir traîné sa bosse en plusieurs endroits, nonobstant l’étiquette de solitaire qui lui colle à la peau.
A l’occasion de la présidentielle de juillet-août 2018, il créait la surprise générale (parce qu’il n’est pas adepte des seconds rôles), en renonçant à sa candidature et en faisant de l’astrophysicien Cheick Modibo DIARRA (CMD), un néophyte politique, son champion. Un pari hautement risqué qui ne s’est pas avéré gagnant. Mais, le score engrangé était honorable. Il l’était d’autant plus que CMD a battu à plate couture un candidat de la première heure de la démocratie multipartisane et d’autres abonnés aux joutes présidentielles.
MARA, est celui qui a fondé avec les Housseini Amion GUINDO dit Poulo les Partis unis pour la République (PUR). Les ambitions personnelles ont rapidement creusé la tombe de ce regroupement ambitieux, à peine porté sur les fonts baptismaux. Les éphémères alliés ont alors emprunté des chemins différents.
Avec l’élection du Président IBK, les destins de ces 2 hommes allaient se croiser de nouveau. MARA est appelé dans le Gouvernement en qualité de ministre de l’Urbanisme, alors que Poulo occupait le portefeuille des Sports. Ils feront partie de l’ossature de la Majorité présidentielle, dont MARA, une fois nommé Premier ministre, commettra la lourde faute politique (aux yeux des barons du RPM) de vouloir prendre le contrôle en s’en autoproclamant président de fait.
L’éviction du Gouvernement et le Congrès du Parti YELEMA à Mopti dessineront une nouvelle orientation pour MARA. Désormais, Majorité et Opposition, c’est du pareil au même. Donc, il se met à équidistance des 2 camps politiques, jusqu’à… la création de la Plateforme politique dénommée ‘’Coalition des forces patriotiques’’ (COFOP) où il retrouve son ex-allié des PUR.
Le stratège
Housseini Amion GUINDO a été l’enfant chéri du Rassemblement Pour le Mali, celui dont l’élection aux législatives, à Sikasso, restera mémorable tant elle aura mobilisé tout le gotha du RPM qui s’est transporté dans la capitale du Kénédoudougou, mobilisé d’impressionnantes ressources financières. Au-delà d’un poste de député à pouvoir, l’élection de Poulo était un véritable défi personnel pour le RPM et son Président Ibrahim Boubacar KEITA. Les liens affectifs étaient certainement passés par là.
Le jeune député était également un enfant turbulent, l’enfant terrible qui, dans un de ses moments d’égarement, s’est promis de ‘’chasser TRETA du RPM’’, le tout puissant secrétaire général du Parti. La confiance qui n’a en réalité jamais été au beau fixe ne tardera pas à s’effilocher entre Poulo et le Parti qui l’a adopté et choyé.
Le 24 mai 2008, Poulo portait sur les fonts baptismaux le Parti Convergence pour le développement du Mali (CODEM). C’est sous la bannière de cette formation politique qu’il briguera la magistrature suprême du pays en 2013.
Fort de son relatif poids politique et de la force des liens affectifs qui résistent aux épreuves, il est appelé dans le premier Gouvernement du Président IBK, en qualité de ministre des Sports. Il ne quittera pas le Gouvernement jusqu’à sa démission le 7 mai 2018. Entre temps, il comptait parmi les piliers de la Majorité présidentielle.
Fin calculateur, il semble chercher sa voie en maintenant un équilibre stratégique entre la Majorité et l’Opposition.
L’arrivant
Moussa Sinko COULIBALY, bombardé général, s’est illustré par une déclaration lors de la proclamation des résultats provisoires définitifs du premier tour de l’élection présidentielle de 2013. ‘’Si les tendances continuent ainsi, IBK passera au premier tour’’, avait-il dit en substance. Ce qui lui avait valu une volée de bois vert d’autres candidats le taxant d’être un pro-IBK. Était-ce faux ? Il jouira du bénéfice du doute.
Le jeune général a amorcé un tournant de sa vie en troquant son uniforme contre le basin riche tout blanc. Par la même occasion, il est rentré de plain-pied dans la vie associative. Sa candidature à l’élection présidentielle sera d’ailleurs portée par la ‘’Plateforme pour le changement’’.
Après la présidentielle, il a adopté une posture oppositionnelle radicale s’affichant à côté des Soumi champion ou Dramane DEMBELE.
Il vient d’atterrir à la COFOP. Dernière destination ? Pas si sûr que cela, personne ne pouvant gager sur la longévité de ce regroupement.
Le revenant
Abdoulaye Amadou SY, qui se rappelle au bon souvenir des Maliens, est membre fondateur et président du Mouvement des Populations Libres, Unies et Solidaires/Rassemblement Malien pour le Travail et l’Alternance (MPLUS/RAMATA), une formation politique restée au stade larvaire depuis sa création. Employé en plein temps sous GMT, il a eu un moment de survivance sous ATT, avant de sombrer dans l’oubli. Il refait parler de lui, à travers le COFOP où il se présente beaucoup plus comme un spectateur qu’un acteur.
En somme, tout oppose ces alliés : pas d’affinité idéologique, pas de convergence de vue politique ni sur le présent ni sur le futur du Mali… Le COFOP est alors un regroupement dont le cruel destin est d’être éphémère. L’histoire nous édifiera. Dans l’immédiat, les profondes dissensions internes n’en font qu’un tigre en carton, ne pouvant nullement contrarier le régime en place. Il ne fera peur qu’à lui-même, en attendant de voler en éclats.

Par Bertin DAKOUO

Source: info-matin

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