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COD sur le décès de SBM

Tout ce qui me revient en boucle, ce sont les alertes et les supplications de la famille de Soumeylou Boubèye Maiga pour demander son évacuation. Ces alertes face au refus catégorique des autorités malgré toutes les preuves de la dégradation de son état de santé et son pronostic vital engagé.

 

Expertise de la famille et contre-expertise de l’Etat ont été réalisées avec le même constat : s’il n’est pas évacué, il va mourir. Certains trouvaient quand même le moyen de le nier, jusque sur des radios, et à l’accuser sur son lit de mort «d’inventer sa maladie». Même la lettre ouverte de son épouse adressée au Président Goïta n’y a rien changé.

Quand j’entends certains responsables parler de sanctions illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec ce qui est arrivé à SBM. C’est injustifiable. Qui a pu conseiller cette erreur MONUMENTALE ? Et là ce n’est ni le cœur ni l’émotion qui parlent mais le réalisme d’une personne qui commence sérieusement à s’inquiéter pour l’avenir du Mali. Ce qui s’est passé dépasse tout entendement.

Pour ceux qui ont vu SBM dans ses derniers jours, l’homme n’attendait plus que la mort. Il semblait s’y être résigné mais pas sa famille qui continuait à se battre pour qu’il soit tout simplement soigné. Ils ont été reçus partout (oui, PARTOUT) avec la même réponse : «oh ce n’est pas si grave que ça !» Imaginez qu’on dise ça aux enfants du détenu et juste après à d’autres : «il n’a que ce qu’il mérite». La plupart disait d’ailleurs qu’il n’avait rien, sans jamais avoir vu l’intéressé de leurs yeux. Et pour cause, la chambre d’hôpital où il était strictement détenu était fermée et sa clé restait LITTÉRALEMENT dans la poche de ses geôliers gaillardement postés devant. Seul «un coup de fil» l’ouvrait de temps en temps. Quelques fois, à la demande insistante des médecins, on l’autorisait à sortir pour marcher sur quelques mètres. C’est de cela qu’on parle et pas autre chose : une faute sans pareil, une mort programmée.

Il avait perdu 27 kg et l’usage de ses jambes au point d’en devenir méconnaissable. Tout ça pourquoi ? Parce qu’il était reconnu coupable «sans aucun procès». Quelle justice est-ce donc ?! Si c’est cela le Mali Kura, ça fait peur : condamner un homme à mort «sans procès», sur la seule base de l’humeur des uns et des autres. Personne n’est à l’abri de ce genre de traitement. Pas même ceux qui aujourd’hui s’en réjouissent. C’est de cela qu’on parle et pas autre chose.

Le dernier vendredi avant son décès, des responsables ont, une fois de plus, été alertés par les médecins. Et là encore, la même réponse : qu’il y reste. La procédure, le procès ? Totalement oubliés. Il était juste condamné à mort «sans aucun procès». C’est de cela qu’on parle et pas autre chose. C’est triste!

Terrorisée par les méthodes employées, par «le sordide exemple SBM» et le déferlement de haine sur les réseaux sociaux, la classe politique et la société civile n’osaient plus parler alors que d’autres jubilaient. Au final, la famille (qui n’a rien cherché de tout ça) était seule. L’état qui avait la responsabilité d’assurer la bonne distribution de la Justice pour TOUS ses citoyens était aux abonnés absents. Quel dysfonctionnement !

Admettons que la justice était défaillante quand SBM était aux affaires, oui, admettons. Est-ce une raison pour que le Mali Kura fasse PIRE? Pourquoi lui a-t-on refusé et le procès et l’évacuation sanitaire? C’est de cela qu’on parle et pas autre chose: le Mali Kura…

Ceux qui disent qu’il aurait dû construire des hôpitaux tapent à côté mais malheureusement, à l’heure actuelle, rien ne leur fera voir le contraire. Mon pays est devenu méconnaissable et j’ai décidé de ne plus me fatiguer avec des explications à des gens qui ne veulent, de toute façon, rien comprendre. Je ne cherche ni à plaire ni à convaincre. Je dis juste ce que je vois : la haine, la méchanceté, la peur et la méfiance se sont amplifiés au détriment de l’état de droit et de la VRAIE justice dans le Mali Kura.

Le plus alarmant, c’est que la plupart des cadres sérieux du pays n’ose plus parler. Les gens observent le pays sombrer doucement dans l’incompréhensible. Au final, les maliens sont partagés entre des gens terrorisés et tétanisés par la situation actuelle et des gens à qui on a fait croire que l’utopie est réalisable de cette manière.

COD

Source : Info-Matin

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