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Club de la presse de radio Klédu: les VBG au centre des débats

Le Club de la presse de la radio Klédu, avec l’appui du bureau de l’ONU-Femmes au Mali, a organisé, samedi dernier, à l’Hôtel Mandé de Bamako, sa 80è édition qui avait pour thème: «La place des médias dans le cadre des défis à relever pour la promotion de l’égalité entre les sexes et la lutte contre marginalisation des femmes ».

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La rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la collaboration entre la radio Klédu et l’ONU-Femmes sur les questions de violences basées sur le genre (VBG) était présidée par la représentante du ministère de la Justice, Mme Diakité Djénéba Traoré, en présence du représentant résidant de l’ONU-Femmes au Mali, le Dr Maxim Hunato. Etaient présents aussi à la cérémonie, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, présidente de l’ONG Wildaf/ Mali ; Mme Diarisso Mariam Traoré de l’APDF ; et M. Zan Fomba, expert en communication de l’ONU-Femmes. On y notait aussi la présence des journalistes venus des 8 régions du Mali participer à ce 80è club de la presse qui était un cadre de rencontre et de retrouvailles entre les professionnels de la presse malienne.
«Briser le silence sur les VBG », tel était l’objectif de ce club dont l’activité principale a été une conférence-débat animée par les experts à la matière. Ainsi, les concepts de violences basées sur le genre, de droits humains fondamentaux et de justice ; les causes, conséquences et les services de lutte contre les violences faites aux femmes ont été les principaux sujets qui ont suscité des débats houleux entre conférencier et journalistes.
La place des médias dans le cadre des défis à relever pour la promotion de l’égalité entre les sexes et la lutte contre marginalisation des femmes était aussi au cœur des préoccupations.
Le concept de VBG a été défini et ses enjeux sur le développement d’un pays ont été largement expliqués par les conférenciers.

VBG : concept, enjeux et conséquences
Selon Mme Bouaré Bintou Founé, on peut définir une violence basée sur le genre comme «tout acte de violence dirigé contre une personne qui est dans une situation de faiblesse, et causant ou pouvant causer à cette personne un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de libertés, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privé». Aussi, a-t-elle précisé: « C’est quelque chose qui concerne les hommes et les femmes, mais les femmes en sont généralement les plus grandes victimes». La preuve, a-t-elle rappelé, pendant l’occupation du Nord en 2012, le Mali a enregistré une multitude des violences à l’égard des femmes et des filles. Parmi ces cas de violences, elle a cité les viols collectifs dans la prison islamique de Tombouctou, les flagellations des femmes dans l’ensemble des villes alors occupées par des djihadistes et ce rare cas de la femme lynchée par lapidation à Aguelhok.

Des chiffres accablants
Selon M. Anaye Sagara, du Plan national de lutte contre l’excision qui a brièvement dressé l’état des lieux de la violence faite aux femmes au Mali, les VBG existent dans notre pays même en période de paix et les femmes sont dans la plupart des cas victimes. Il a cependant, confirmé que c’est en 2012 que le Mali a connu des milliers de cas. Il a, à cet effet, révélé qu’en cette année-là, le Nord du Mali a enregistré 2 394 cas de VBG, dont 211 cas de viol et 248 cas de mariage forcé.
En 2013, il a eu 3317 cas de VBG, dont308 cas de viol, 353 cas de violence physique, 1114 cas de violence psychique et 841 cas de déni de ressources.
En 2014, le Mali a enregistré 90 cas de VBG, conte 1468 cas en 2015. Signalons que 95% de ces victimes sont des femmes et des filles.
Il a par ailleurs révélé que les acteurs de la lutte contre les VBG font généralement les prises en charge psycho-sociales des victimes et des recours à la justice
Quant à M. Fomba de l’ONU-Femmes, il a soutenu que les conséquences des VBG se placent en 3 catégories essentielles. Parmi ces conséquences il a cité les méfaits physiques qui se caractérisent par la mort, l’infirmité physique, comme la paralysie, les cécités, des cicatrices.
Après ses dommages physiques, la victime est automatiquement traumatisée. Il n’a pas lésiné sur les conséquences économiques, car une personne victime de VBG n’a plus sa capacité physique à travailler et sa prise en charge médicale s’avère très chère, et une grande partie revient à l’Etat.
Mme Diakité du ministère de la Justice a éclairé l’assistance sur les instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux sur la protection et la promotion des droits des femmes. Parmi ces instruments, elle a rappelé la Charte africaine des droits de l’homme et du peuple et le fameux Protocole de Maputo, une charte qui parle essentiellement de droits de la femme. Elle s’est réjouie de la ratification de la récente loi N° 2015-052 instituant des mesures pour la promotion du genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives qui contribuera, selon elle, une manière efficace à la lutte contre les BVG. Elle a par ailleurs déploré que par rapport aux stratégies de protection des victimes, que jusque-là, le Mali ne dispose pas de stratégie appropriée aux femmes. Cependant, elle a soutenu qu’à partir des leçons tirées de la crise de 2012, les réflexions sont avancées pour donner un texte précis qui prendra en compte les femmes, victimes des VBG en période de crise.
Pour les sanctions, elle affirme qu’elles varient en fonction de la gravité de la violence.
Au niveau de l’APDF, des centaines de femmes et de filles victimes de VBG sont prises en charge.
Selon Mme Diarisso, elles viennent à l’APDF traumatisées : « Il y a des certaines qui deviennent même folles », a-t-elle révélé, avant de confirmer qu’aucune couche féminine n’est épargnée par les VBG.
Les questions des journalistes ont porté sur les actions concrètes de ces acteurs de luttes contre les VBG pour réduire des chiffres qui sont accablants de 2012 à nos jours.

Des résultats encourageants
Selon le Dr Maxim Hunato, la volonté politique du gouvernement malien à apporter une réponse aux questions de violences faites aux femmes : « la question de violences faites aux femmes est de nos jour dans l’agenda du gouvernement, un point très important. Et, ce leadership du gouvernement pour appuyer les organisations à pouvoir avancer sur les sujets des VBG est à louer et à appuyer de façon à ce que ça donne des résultats encourageants ».
Il a par ailleurs exhorté les journalistes à accompagner les acteurs de lutte contre les VBG.
Il a mentionné que ces derniers jours, les chiffres ont baissé au niveau des communautés, des tribunaux et dans les commissariats: «ce qui dénote le résultat encouragent des tous les acteurs », a-t-il dit.
Il a aussi évoqué les réinsertions économiques des victimes de BVG que l’Onu-Femmes procèdent pour redonner l’espoir à toutes ces femmes qui sont victimes de marginalisation et de stigmatisation au quotidien.
Mais l’arbre ne devant pas caché la forêt, Mme Bouaré a déploré que les pesanteurs sociaux-culturels du Mali entravent cette lutte contre les VBG. Au Mali, 70% des auteurs présumés de VBG ne sont pas trainés devant le juge.

Christelle KONE

 

Source: info-matin

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