Le vendredi 16 juin 2023 a été une journée particulièrement mouvementée à Bamako, dans la capitale malienne. Chacune des deux tendances du projet de de la nouvelle (OUI et NON) voulait tester sa notoriété à l’ occasion de cette dernière journée de campagne référendaire.
Au stade du 26 mars, les acteurs institutionnels, (membres du gouvernement, du Conseil national de transition (CNT), du Haut Conseil des collectivités et du Conseil économique social et culturel) appuyés par certains regroupements de partis politiques et organisation de la société civile ont levé le doute sur la volonté d’une grande partie des Maliens à passer à la quatrième République. Une volonté d’ailleurs mainte fois exprimée par le peuple malien lors des consultations nationales tenues ces dernières années. Pour ceux-ci, il est temps de réadapter celle qui constitue la norme nationale (constitution) aux réalités évolutives du moment, c’est-à-dire, corriger certaines insuffisances qui sont à la base de l’instabilité et des récurrentes crises politiques et institutionnelles dans le pays. En trois (3), décennies, cette constitution de 1992 a échappé à plusieurs tentatives de révision constitutionnelle souvent initiées par des présidents démocratiquement élus.
C’est convaincu de cette logique que le stade du 26 mars a refusé du monde le vendredi 16 juin 2023.
Mais du côté, de ces Militants de la « refondation de l’Etat » manifestaient d’autres contre toute adoption d’une nouvelle constitution au Palais de la culture Amadou Hampâté Ba. Ces figures étaient essentiellement composées d’anciens membres du Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), qui se sont désolidarisés des actions de leurs anciens camarades de lutte ; De membres du cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel, mais aussi et surtout de la branche religieuse érigée contre le mot LAÏCITE dans la nouvelle constitution à leur tête, le célèbre Imam Mahmoud Dicko, non moins l’autorité morale du mouvement à base des contestations contre le régime de IBK (M5-RFP).
Après leur demande, mainte fois exprimée de retirer le mot LAÏCITE de la nouvelle constitution, cette partie de la communauté musulmane est finalement descendue sur le terrain pour dire haut et fort NON aux autorités de la transition.
Même si tous ces partisans du NON n’étaient pas avec les religieux, (il y’ en a une bonne partie qui trouve que cette constitution une fois adopté donnera beaucoup plus de pouvoir au président de la république), la sortie de l’Imam de Badalabougou n’est pas à prendre à la légère au Mali.
Surtout que l’Imam n’a pas caché sa colère comme lors des manifestations contre le régime défunt de Ibrahim Boubacar Keita au boulevard de l’indépendance en 2020. « Je ne peux pas combattre IBK pour une cause précise et laisser d’autres personnes répéter la même chose… On ne peut lutter pour la justice, la dignité et l’honneur et laisser d’autres personnes confisquer cette lutte » a-t-il scandé sans langue de bois ajoutant en plus qu’il est temps que « le peuple malien se libère ».
L’imam Mahmoud Dicko, lors de cette occasion a dénoncé beaucoup de maux dont « l’instrumentalisation de la justice » par les militaires.
Même si beaucoup pensent qu’il n’a plus cette notoriété Mahmoud Dicko reste une menace pour la transition.
Issa Djiguiba
Source : LE PAYS