La gare de Kayes sans monde, une image insoutenable pour beaucoup. Cette ville carrefour, polyglotte, porte de la pénétration française est devenue une ville sans entrée. Le chemin de fer est en déclin, les routes sont malfamées, pourtant Kayes a besoin d’accès. La région de Kayes est la plus grande contrée d’émigration au Mali. Ces ressortissants constituent sa principale source économique. Les villages de la région sont vides, des femmes seules, des terres fertiles traversées par le fleuve Sénégal sans bras valides pour les champs, des enfants éduqués sans leurs papas, n’’auront comme seul rêve que partir. Au Mali le nord seul n’est pas frustré, chaque région a besoin de se sentir dans un ensemble, les populations veulent tous se sentir privilégiés de la nation.
La région de Koulikoro, écartelée entre la savane et la capitale n’a plus toute sa sérénité. Bamako, la capitale est devenue une ville refuge, bondée, mal organisée et pas sécurisée.
Selon la fédération internationale des droits de l’Homme, le centre du Mali est devenu la zone la plus dangereuse du pays. Elle décrit dans un rapport que 40% des attaques y sont recensées. Elle affirme que prés de 1200 personnes auraient été tuées depuis deux ans et prés de 30.000 déplacées ou réfugiées sont des ressortissants de la zone.
Les conflits au centre ne sont plus ces conflits habituels, cycliques, quelques querelles entre agriculteurs et éleveurs. Aujourd’hui, l’armée est présente dans ces zones, et selon le rapport de la FIDH elle est responsables de 20% des violations des droits de l’homme, depuis le début de l’année. Nous avons aussi les donzos Bambaras vers Djenné et Dogons vers le plateau dogon. Des milices communautaires peules, dogons et bambaras qui se tuent, se massacrent au nom de la défense de leurs ethnies. Le Mali un et indivisible n’est il plus que des slogans vides dans les bouches de nos dirigeants de facto à Bamako ?
La constitution malienne est malmenées, se fait tordre dans tous les sens, la loi électorale est un jouet dans les mains du pouvoir, nos institutions sont toutes contestées, la société civile s’est politisée et s’est offerte aux politiques. Les leaders politiques se neutralisent. Les invectives fusent. Pourtant les ennemis communs qui veulent assujettir ce pays et ce peuple hagard, s’organisent et se renforcent, profitent de la mésentente de nos leaders.
Les assises nationales sont devenues une impérative. Les maliens ont besoin de se mettre en bloc pour sauver l’existence de leur pays, pour retrouver leur cohabitation et réinventer un mode de gestion de leur nation. Les règles de la démocratie veulent que chacun donne son avis.
Le rassemblement est la seule issue. La diaspora doit être défendue par nos ambassades, les régions doivent sentir la protection de l’Etat du Mali. Le malien doit être dans une communauté de fierté et d’assurance. Cela ne peut pas être possible sans un dialogue social. Chacun doit se sentir écouté et pris en compte par la nation. Les lois doivent être acceptées et doivent s’appliquer sur tous. Doit-on privilégier une région ou une communauté ? Toute la nation doit le savoir et la majorité l’acceptée selon des mécanismes pré établis.
Les maliens doivent s’asseoir pour réfabriquer un nouveau Etat. Ils doivent revoir le régime politique, les formes des institutions, les principes des lois. Ils doivent trouver les équilibres dans la gestion du pouvoir en fonction des poids d’exécution et des catégories sociales. Enfin identifier et mettre chacun sur son support adéquat de gestion selon des procédures et privilèges acceptés. Il faut un travail d’ensemble, des réflexions poussées et des spécialistes dans divers domaines.
Quand nous trouverons le moyen de nous asseoir, de nous écouter, d’harmoniser nos visions, le nouveau Mali fort et serein se dressera contre ses ennemis pour une victoire sûre.
Utopique ? Pourtant tellement obligatoire.
Macké Diallo