L’organisation des élections générales dans les délais impartis. C’est un vœu pieux de la classe politique, de la communauté internationale et de la société civile. Mais de sérieux doutes planent quant au respect du chronogramme annoncé. Seulement, la classe politique et gouvernement jouent à un jeu de quitte ou double.
C’est désormais presque un secret de polichinelle : les élections générales ne se tiendront pas à date. Cependant, le gouvernement donne l’impression d’en faire une priorité avec l’annonce de la mise en place d’une commission de relecture des textes y afférant, la communication d’un agenda et la mise en place d’une commission répartie en plusieurs groupes thématiques avec une répartition de tous les partis politiques dans les différents groupes créés. Si aucun parti n’a pipé mot quant à sa volonté de participer au processus, Choguel Kokalla Maïga, au nom du M5-RFP, a tonné. Selon le tigre en chef, la démarche du ministère de l’Administration territoriale n’est ni inclusive ni participative. L’ensemble des observateurs de la scène politique malienne ou presque s’étonne de ce grand mutisme de la classe politique qui, d’habitude, est très bavards quand il s’agit des questions d’élections. A quoi rime donc ce silence assourdissant des hommes politiques, s’interroge-t-on çà et là.
Sur la question, chacun y va de son commentaire. Pour les plus avertis, ce silence des hommes politiques quant au déroulement de la transition ne présage rien de bon pour la suite des événements. Soit ils ont une peur bleue pour les jeunes colonels qui ont tenté de les mettre à la retraite forcée dès les premières heures du coup de force du 18 août dernier, soit ils sont en hibernation pour se préparer à reprendre la rue. Comme ils savent le faire à chaque fois qu’ils sont menacés de disparition, comme c’est le cas aujourd’hui. Dans les deux cas de figure, ces observateurs estiment que les « mutins démocrates de Kati » doivent rester sur leur garde. Car s’il y a une seule chose dans laquelle excelle le politique malien, c’est bien sa capacité à rebondir.
Pour leur part, les partisans de la théorie du complot vont plus loin dans leur analyse. Ils sont persuadés que la classe politique a compris que les jeunes militaires, qui détiennent la réalité du pouvoir, ne voudraient pas rendre le tablier de sitôt. Les politiques auraient ainsi décidé de les accompagner, dans l’optique de leur mettre la pression pour qu’ils organisent les élections à date. Pour les tenants de cette thèse, la décision de la classe politique de participer aux commissions de relecture des textes est aussi une façon d’infiltrer l’Administration territoriale pour ne pas être surpris par ce qui s’y tramerait. Dans ce cas de figure, si les élections ne sont pas organisées au terme de la transition, ce ne serait pas la faute de la classe politique.
Les partisans de la théorie du complot vont jusqu’à insinuer que la classe politique, par expérience, est consciente que les petits 18 mois impartis pour la durée de la transition sont intenables. Mais, qu’elle attendrait seulement que le mot fétiche « report » soit prononcé par l’Administration pour sortir du bois dans lequel elle se cacherait.
Pour sûr, si l’administration pense pouvoir pousser la classe politique à la faute en l’obligeant à aller dans la contestation stérile avant l’heure, ce serait suicidaire pour la démocratie malienne. Parce que le vœu le plus ardent des politiques est de voir les hommes en treillis quitter la scène politique pour retourner dans les casernes. Ces hommes ont plus d’un tour dans leur sac et ils sont très pressés de revenir aux affaires. Au fur et à mesure que les semaines et les mois s’égrènent, les observateurs, mêmes les plus avertis, semblent se perdre dans les conjectures.
Dieu veille !
Harber MAIGA
Source : Azalaï-Express