Il est dans nos contrées, un adage véhiculant l’idée selon laquelle : « un enfant qui passe son chemin sans saluer, ne verra pas beaucoup de jarres s’ouvrir sur sa route ». Car ce faisant, il n’est guère susceptible de s’attirer la sympathie de ceux qu’il croise. La sagesse populaire, par ce détour signifie ainsi à la jeune génération toute l’importance accordée à l’observance des règles de la civilité dans nos sociétés. Ces principes rejoignent les enseignements de l’islam qui exhortent de même à cultiver les bonnes manières dans la société : «… Quand donc vous entrez dans des maisons, adressez-vous mutuellement des salutations venant de Dieu, bénies et agréables. C’est ainsi que Dieu vous expose Ses versets, afin que vous compreniez. » (24-61) Il est de même recommandé : « Si on vous fait une salutation, saluez d’une façon meilleure ; ou bien rendez-la (simplement). Certes, Dieu tient compte de tout. » (4-86)
Les entreprises de consolidation des liens de parenté, les efforts de rapprochement entre voisins, la promotion de la convivialité entre simples individus ou groupes distincts amenés à partager pendant un certain temps le même environnement, participent de la concrétisation des enseignements de la religion musulmane. Les rappels du sens de la solidarité, de la considération mutuelle qui doivent être des constantes dans la communauté musulmane, sont étayés à cet effet par différentes prescriptions coraniques et des recommandations du Prophète (PSL).
En rapportant divers propos du Messager, les exégètes soulignent la portée de cet enseignement dans la vie du croyant. A un homme qui s’enquerrait auprès de lui de la meilleure manière de pratiquer l’islam, le Messager dira : « C’est que tu donnes la nourriture aux pauvres et que tu fasses le salut à celui que tu connais et celui que tu ne connais pas ». Dans une autre de ses recommandations sur cette pratique, il dira : « Celui qui est sur une monture doit le salut à celui qui marche, celui qui marche, à celui qui est assis, le petit nombre au grand nombre, le jeune au vieux. »
Pour le théologien, cet acte combat l’indifférence entre le musulman et son frère en religion. Les oulémas rappellent à ce sujet que « le Prophète nous recommande d’aller voir les malades, d’assister aux funérailles, de présenter le souhait à celui qui éternue, de contenter les adjurations, de secourir les opprimés, de répondre aux invitations et de saluer ».
Ainsi, pour les exégètes, le croyant musulman ne doit pas réserver son salut uniquement à certaines catégories de personnes, mais saluer conformément aux prescriptions de sa foi. Il s’agit là, selon eux, d’une exhortation à la réconciliation des cœurs des croyants, tant par la parole que par les actes.
Les théologiens rapportent à ce sujet les dires du Messager selon lesquels le salut échangé met fin au boycott réciproque entre croyants : « Il n’est pas permis à un musulman de boycotter un frère musulman au-delà de trois nuits, de sorte que, quand ils se rencontrent, chacun se détourne de l’autre. » En fait, soulignera-t-il, « le meilleur des deux est celui qui prend l’initiative de saluer ». À l’interlocuteur qui demandait : « Celui qui rencontre son frère s’inclinera-t-il devant lui ? », Non, avait répondu le Messager. « Est-ce qu’il lui donnera l’accolade ? »- Non. « Il lui prend donc la main et la serre ? » – Oui, lui avait-il dit.
- K. CISSE
Source :Essor