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Cinéma : « OKA, NOTRE MAISON », UNE ŒUVRE POIGNANTE ET SUPERBE

La salle principale du Magic-cinéma, ex-Babemba, a accueilli jeudi soir la première du film « Oka, notre maison » du célèbre réalisateur Souleymane Cissé. Pour cet événement, le public est venu en nombre malgré l’heure inhabituelle, 18 heures. Tous les sièges ont été investis, avant que les retardataires ne s’installent dans les deux allées puis ne se résignent à rester debout à la porte. Le succès populaire est donc déjà au rendez-vous pour ce long-métrage qui avait été projeté en séance spéciale lors du dernier Festival de Cannes en France.

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Cette première de « Oka, notre maison » a eu lieu en présence des ministres de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo, des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, Mohamed Ali Bathily, du député Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition.

Cette masse de spectateurs qui a fait le déplacement, n’a pas été déçue par la qualité de cette œuvre cinématographique. Souleymane Cissé est, en effet, resté fidèle à ses images éblouissantes, ses travellings sur la nature et les rues, ses gros plans sur les enfants et autres personnages, mais aussi sur des béliers ou des coqs. Le cinéaste continue d’utiliser le contre-jour pour dessiner sur l’horizon des silhouettes d’enfants, d’animaux ou de bâtiments. « Oka » renoue avec la beauté formelle et même l’onirisme qui sont la marque de fabrique du réalisateur.

Ce film confirme cette fidélité stylistique en débutant avec une séquence de Yeelen (1987), récompensé, entre autres, par le Prix du jury à Cannes. Le film peut alors embrayer sur l’histoire du réalisateur lui-même et celle de sa famille au fil de l’histoire du Mali.

Souleymane Cissé se remémore son enfance, ses souvenirs d’enfant aimé dans la cour familiale. Des décennies plus tard, le temps n’est plus à la quiétude. Le Mali est en proie à diverses épreuves dont une crise immobilière. Et ce sont les sœurs du cinéaste qui sont expulsées de la maison commune qu’elles ont toujours occupée.

Ce film est une sorte de « docu-fiction », à cheval entre le documentaire et la fiction, dont le point de départ est un acte aussi violent qu’injuste : des femmes âgées sont, sans raison, renvoyées de leur maison et campent dans la rue. Souleymane Cissé explore le passé pour rendre compréhensible un présent révoltant et, peut-être, le changer pacifiquement.

Souleymane Cissé fait un travail documentaire et personnel remarquable. Il avance, pas à pas, entre un passé qui fut prometteur et un présent qui est indigne. Ses souvenirs sont égrenés par une voix off, la sienne propre, elle-même surprise par tant de bonheur vécu. Armé de ce viatique, le cinéaste se met en devoir d’avancer vers celles avec lesquelles il a été élevé : ses sœurs. À travers elles et leur désarroi soudain, c’est la détresse de toute une population que le cinéaste filme, en excluant tout manichéisme, et en s’efforçant de se maintenir à échelle humaine.

Une séquence résume cette attitude, avec la caméra qui chemine dans les ruelles de la ville où les expulsés s’entassent, et qui saisit, tout à coup, les sœurs de Cissé en attente.  L’essentiel du film tourne autour d’une histoire vraie, celle d’un querelle judiciaire entre les Cissé et les Diakité, deux familles qui se connaissent depuis longtemps.

Y. DOUMBIA

 

Source : L’ Essor

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