La jeune actrice-comédienne malienne, Mariam Kaba Kamissoko, adosse aujourd’hui la tunique de l’un des plus grands espoirs du 7e art malien. Sans pourtant passer par une école d’art, la jeune dame a su tracer son chemin dans le cinéma, devenant l’une des actrices maliennes les plus en vue de par son talent et son amour pour le métier. Portrait.
Avoir un diplôme dans un quelconque domaine d’activité est bien, mais avoir le talent et l’amour de son métier constituent le meilleur moyen pour y marquer les esprits. Voilà ce qui pourrait expliquer la fulgurante montée de la jeune actrice-comédienne, Mariam Kaba Kamissoko qui entame officiellement sa carrière d’actrice en 2014 avec l’Opéra ballet « Mawula » à l’occasion de la 10e édition du festival sur le Niger, après avoir fréquenté la troupe théâtrale Jean-Pierre Guingané de la Facultés des Lettres, Langues et Sciences du Langage (Flsl). En six (6) ans de carrière, elle compte une dizaine de courts, longs métrages et séries à son actif. Elle s’impose aujourd’hui comme l’une des figures montantes du cinéma malien.
Le succès de son dernier film long métrage, Le voile Secret où elle incarne le rôle de l’actrice principale « Aïda » l’a carrément propulsée au-devant de la scène cinématographique malienne, pas seulement grâce au succès « historique » du chef-d’œuvre du réalisateur Fousseyni Maïga, mais et surtout grâce à sa maitrise du rôle du personnage dans le film.
L’apprentissage sur le tas
Détentrice d’une maitrise en lettres modernes décrochée à la Faculté des Lettres, Langues et sciences du Langage (Flsl), Mariam Kamissoko apprend le métier d’actrice sur le tas. Cependant, son arrivée dans le monde artistique est loin d’être un fait de hasard. Au contraire, cela se manifeste à son jeune âge. En effet, depuis l’école primaire, la jeune Mariam nourrit un grand amour pour les activités culturelles : « J’ai toujours été active à l’école. Depuis le primaire, je participais à des sketchs et chorographies lors des activités culturelles scolaires. Aussi, je faisais de la danse moderne et traditionnelle du lycée jusqu’à l’université », nous explique-elle. L’arrivée de la jeune à l’université en 2009 coïncide avec la création de la troupe théâtrale Jean-Pierre Guingané du département lettres. Une troupe créée dans l’optique de promouvoir la filière lettres qui était à l’époque snobée par les étudiants qui pensaient que les lettres n’étaient que grammaire et romans. Une opportunité donc pour la jeune actrice de vivre sa passion des spectacles de la scène, notamment la danse et le théâtre.
Logiquement, elle intègre la troupe la même année. « Avec la troupe Jean-Pierre Guingané, on faisait de la chorégraphie, des sketchs et des créations théâtrales », confie Mariam qui devient très vite l’une des figures de proue de cette troupe universitaire sui sillonnera presque tous les pays de la sous-région comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Sénégal, le Niger, entre autres, où elle prenait part à des rendez-vous culturels internationaux. Dynamique et très remarquable sur scène avec la troupe Jean-Pierre Guingané, Mariam est repérée en 2014 par les initiateurs de l’Opéra ballet « Mawula » à l’occasion de la 10e édition du festival sur Niger.
Avant le festival, elle participe à une résidence à Ségou aux côtés des grands noms de la scène théâtrale malienne comme Maïmouna Hélène Diarra, Kardjigué Laïco Traoré et Maïmouma Dembélé. Cette chance d’avoir partagé la scène avec ces icones du théâtre malien conforte Mariam dans la poursuite de ses rêves de devenir une actrice de cinéma. Le rôle d’actrice et voix principale avec l’Opéra ballet « Mawula » au festival a été déterminant pour la révélation de la jeune actrice en lui ouvrant les portes du cinéma. Car la même année, Mariam joue son tout premier rôle en tant qu’actrice dans le court métrage Coumba, victime de la tradition, du réalisateur togolais Paul Jams.
La même année, elle joue dans la série télévisée Douwanado Sara ou « L’enfant béni » de Boubacar Sidibé avec Brico films. Ce fut donc le début d’une prometteuse carrière pour la jeune comédienne qui se verra très sollicitée par les cinéastes maliens. Résultat : elle compte aujourd’hui une dizaine de films, parmi lesquels : L’amour de la tradition (long métrage), Bamako ville aux trois caïmans (série), Bamako News (série), Bamako Kanu te sa (Long métrage 1 et 2) Chéitane (long métrage, pas encore sorti) et Afro Stars 22 (Série, pas encore sorti) et Le Voile secret, le long métrage de Fousseyni Maiga considéré actuellement comme l’un des meilleurs films de l’histoire du cinéma malien.
Le talent de la jeune actrice autodidacte n’est plus à prouver. Elle est aujourd’hui l’exemple palpable d’une réussite sans formation académique dans son domaine. Elle a su imposer sa marque sans avoir passé par une école d’art, mais seulement à travers sa personnalité et son talent. Toutefois, elle n’est pas à l’abri de quelques regards «académiques». « Centaines personnes ont tendance à vous négliger parce que vous n’avez pas fait d’école d’art, mais d’autres réalisateurs comme Boubacar Sidibé ne font pas attention à ce côté. Pour eux, si vous avez le talent, c’est l’essentiel », commente Mariam qui avait réussi à voler la vedette aux sortantes du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté (Camm) avec un rôle principal dans la série d’Afribone Bamako la villa aux trois Caïmans, avant de le délaisser au profit d’un autre, avec l’Opéra ballet Mawula. « J’ai été surprise qu’on m’ait donné le rôle de Fifi, un rôle principal dans la série, alors que j’étais pratiquement la seule actrice à ne pas avoir fait une école d’art ». Ne pouvant donc assurer les deux rôles principaux, elle a dû choisir un rôle de figurant dans la série.
Femme de caractère
De façon naturelle, Mariam est une jeune dame très prévenante avec un fort caractère. Celle qui n’aime pas « les surprises désagréables » et tous les rôles touchant cet aspect lui vont à merveille. Ainsi, elle affirme ne pas aimer les rôles des personnes innocentes dans un film : « J’aime être plus vue sur scène ou dans un film. J’aime surtout jouer le rôle de la femme méchante, la rebelle, celle qui ne se laisser pas faire, la femme battante, un peu comme dans la vraie vie où j’abandonne rarement quelque chose que je veux. Je préfère faire des victimes dans un film que d’être la victime. Je veuxtoujours avoir le contrôle des choses, c’est pourquoi j’anticipe les choses », commente celle qui a été au-devant de la scène pendant ses années universitaires. Car au-delà de son rôle prépondérant au sein de la troupe théâtrale, Mariam a été un membre très actif du Club Lettres, une association des étudiants de département Lettres de la Flsl. Club dont elle a respectivement été secrétaire générale et première présidente depuis sa création.
Coscénariste sur la série Afro Stars 22 et Bamako news (saisons 3 et 4), Mariam jouit également d’un talent de scénariste fait sans doute grâce à ses études de lettres. Individuellement, elle dit avoir quelques trois scénarios de films à peaufiner.
Aujourd’hui, les ambitions de la jeune dame sont claires : devenir une célèbre actrice-productrice avec le rêve de porter plus haut le cinéma malien qu’elle juge très prometteur et qui peut, avec les moyens à sa disposition, se mesurer aux grandes nations du cinéma du continent, voire du monde.
Youssouf Koné