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Cinéma américain : Le reflet d’une société inégalitaire

L’Amérique, précisément les USA, est le pays par excellence de l’immigration. Afflués essentiellement d’Europe, les migrants sont allés sauvagement bousculer les autochtones, les Indiens. Échappés des massacrés, les survivants se virent parqués dans des réserves.

La conjugaison de cet immense holdup avec celui non moins retentissant de l’esclavage pour constituer la main-d’œuvre, surtout dans les plantations de coton, a donné à cet immense territoire une envergure extraordinaire.

L’American way of life, cette vision idyllique faite de réussites cinglantes dans l’imaginaire populaire, s’est accaparé de ce puissant support qu’est le cinéma. Les superproductions, les méga stars y font profusion, éblouissant le monde entier et distillant ce mode de vie qui faisait rêver, mais qui semble aujourd’hui avoir perdu beaucoup de sa magie.

En effet, ces dernières années, une remise en cause de ces valeurs a fini, à l’usure, par éroder cet imaginaire. Son puissant cinéma, fer de lance de cette armada, n’en demeure pas moins exubérant, au point qu’on se pose la question de savoir s’il continue de porter la marque de la discrimination raciale. La réponse découle de l’image que donne la société américaine cachant mal une pratique qu’elle n’a jamais su renier.

En 1965, le militant des droits civiques, James Baldwin pour débattre du rêve américain face à la situation des Noirs aux états-Unis, affirmait : « Ce fut un choc énorme, lorsqu’enfant je vis les films de Gary Cooper pour la première fois. Tout en supportant Gary Cooper, je me rendis compte que les Indiens qu’il tuait, c’était moi. C’est un choc énorme de découvrir que son pays, son lieu de naissance, ce qui définit votre identité, ne vous laisse aucune place ».

Il estime qu’à bien des égards, l’industrie du cinéma américain fonctionne comme un reflet de la société américaine, reproduisant les mêmes inégalités sociales que le reste du pays.

La réalisatrice afro-américaine, Whack, explique que « le racisme et le sexisme sont partout, pas seulement à Hollywood. Les Afro-Américains, les Hispaniques, les femmes… Il faut nous battre pour pouvoir être entendus ».

Par cette lutte, les acteurs afro-américains s’affirment de plus en plus dans les films hollywoodiens grand public. Finies les années 50 et 60, l’époque où le cinéma était «For white only». Surtout au cours de la dernière décennie, de nombreux comédiens noirs ont réussi à se faire une place dans le milieu et jouent des rôles principaux dans des films qui figurent au box-office.

On peut penser à des stars comme Denzel Washington, Will Smith, Eddy Murphy, Dawne Johnson, Danny Glover, Oprah Winfrey, Whoopi Goldberg, Morgan Freeman. La liste d’acteurs, de producteurs et de réalisateurs afro-américains est de plus en plus longue. De par leur incroyable talent, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi ces acteurs sont de plus en plus plébiscités. Du moment que le spectateur, à majorité blanc, apprécie et que la rentabilité suit, les faiseurs de méga stars à Hollywood n’hésitent pas à y aller tête baissée. Ce qui signifie que la normalisation de la présence des acteurs noirs à l’écran est due à leur popularité au-delà de leur seule communauté.

Régis Dubois, auteur et réalisateur français, partant du principe que le cinéma est un reflet de la société affirme que « Certes, les réalisateurs et producteurs ont leur propre logique commerciale ou artistique. Mais l’air du temps les influence, même de manière inconsciente ». Aussi, il note que le cinéma des années Obama se conforme bien au discours consensuel et rassembleur de son président, restant sage et gentillet. Peu de films contestataires attaquant les fondements de l’ordre social. Pas des sujets politiques qui se révoltent par eux-mêmes. Le mythe du sauveur blanc qui libère les Noirs de l’asservissement semble perdurer.

Cet air des temps présents donne un souffle vivifiant au cinéma américain, après ces années sombres où il aurait été incongru de voir à l’écran un couple mixte. Loin de nous l’époque de « Devine qui vient dîner » incarné par le douillet Sidney Poitiers qui avait provoqué l’ire de certains de ses concitoyens de couleurs.

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