Au total 75 jeunes, issus de neuf (9) pays de l’Afrique de l’Ouest, âgés de 16 à 55 ans, sont réunis à Bamako depuis ce jeudi 10 juin 2021 dans le cadre de la 1re édition de la Conférence internationale pour la Liberté de l’Internet et des Communications numériques (CILICON). Une initiative de la fondation Tuwindi en partenariat avec le National Endowment for Democracy (NED), une « fondation privée à but non lucratif dédiée à la croissance et au renforcement des institutions démocratiques dans le monde ».
Sortir des sentiers battus
Pendant trois (3) jours, les participants à cette conférence partageront leurs expériences sur les défis auxquels l’espace numérique sahélien est confronté, notamment les censures de services internet, les intimidations, les discours haineux, etc. « Pendant trois jours, nous discuterons de la jeunesse du sahel et de façon plus étendue de la jeunesse africaine », a indiqué Salif Sanogo, représentant du directeur exécutif de Tuwindi.
Rappelant les trois grandes explosions dont a fait état le célèbre scientifique Albert Einstein, à savoir la bombe atomique, la démographie et les mass médias, l’ex-directeur général de l’Office de la radio diffusion et télévision du Mali (ORTM), indique que le monde est de plain-pied dans les deux dernières explosions après la première. « Les tablettes, les smartphones, remplacent de plus en plus l’éducation », a-t-il souligné.
Selon les précisions de M. Sanogo, cette explosion de la connectivité doit offrir à la jeunesse africaine des outils pour se prendre en charge et sortir des sentiers battus.
Faire face à l’employabilité des jeunes
Quant à l’explosion démographique en Afrique, Salif Sanogo explique que 60 % des Africains ont moins de 24 ans. À l’horizon 2030, 35 % des jeunes dans le monde seront en Afrique alors que cette proportion n’était que 15 % en 2000, a-t-il laissé entendre dans une tribune intitulée « La jeunesse, pour le présent et l’avenir du sahel ».
D’après les précisions de l’ex-directeur de la Cellule de la communication de la présidence du Mali, 30 millions de jeunes pourraient arriver chaque année sur le marché de l’emploi à l’horizon 2030. Pour faire face à ce défi, il juge important de créer quelque 450 millions d’emplois. Les États sahéliens seuls ne pourront pas faire face à cette situation. C’est pourquoi M. Sanogo incite les jeunes sahéliens à l’auto-emploi.
En Afrique, dit-il, le secteur informel représente en moyenne 90 % des emplois. De plus en plus, les jeunes sahéliens comprennent que la lutte contre le chômage ne passe pas forcément par la fonction publique, a-t-il indiqué. À ses dires, il est plus qu’urgent de faire face à cette problématique de l’employabilité des jeunes. Car, dans la plupart des pays du sahel, victime de crise sécuritaire, les auteurs des attaques sont des jeunes. Leurs victimes sont des femmes, des jeunes et des enfants, a-t-il fait remarquer.
Utiliser les TIC pour changer l’Afrique
À travers cette Conférence internationale pour la Liberté de l’Internet et des Communications numériques, les organisateurs entendent créer un espace multisectoriel et multi acteurs afin de faire de l’internet un espace sûr et responsable. CILICON se veut un espace de mise en relation des jeunes du sahel et de façon plus étendue de l’espace Cédéao.
Cette conférence fait suite aux nombreuses expériences de la fondation Tuwindi qui « a conduit plusieurs projets visant à faire
participer les populations à la gestion des affaires publiques et créer un véritable espace d’échange et de concertation entre les autorités et les populations ». Des projets ayant prouvé la volonté des élus aussi bien que des populations à utiliser « des méthodes alternatives basées sur le téléphone mobile et le web » afin de « favoriser la participation des jeunes à la gouvernance locale ou nationale et l’émergence de la démocratie participative ».
Au cours de cette cérémonie d’ouverture, le représentant du directeur exécutif de Tuwindi conclut ses propos en invitant la jeunesse du sahel à rêver, à être plus dynamique, plus entreprenante, plus innovante et surtout à utiliser les TIC pour changer l’Afrique et le monde.
Fousseni Togola
Source : Sahel Tribune