La Chine, c’est connu, est la poubelle du monde. Le traitement et le recyclage de déchets électroménagers et industriels occupe tout un pan de l’industrie locale, emploie une main d’œuvre estimée à plusieurs dizaines de millions d’ouvriers et enrichit une poignée d’industriels qui ne reculent devant aucun challenge pour faire du juteux business.
Mais depuis le 1er janvier 2018, la patrie de Mao Zedong serre la vis et interdit l’entrée de son territoire à « 24 catégories de déchets solides, dont certains plastiques, papiers et textiles ». La nouvelle a fait, cette semaine, la « Une » de plusieurs journaux et sites et l’article que lui consacre Metrotime http://bit.ly/2DFCzoe résume bien la situation ‘La Chine ferme sa « poubelle », les pays riches paniquent’. Pour ceux qui ont eu la malchance de vivre les pics de pollution dans ce pays d’Asie le plus peuplé du monde, cette mesure n’est pas surprenante et constitue une courageuse décision de salubrité publique. Qu’elle soit vécue par les pays du Nord comme un « scénario-catastrophe » traduit tout simplement le cynisme de ceux-ci de se développer au détriment des autres et, plus grave, de les polluer sans état d’âme. Même à un niveau de responsabilité aussi élevé que le sien, Arnaud Brunet, directeur du Bureau international du recyclage (BIR) basé à Bruxelles ne peut soigner son discours : « C’est un séisme » et « on a toujours l’onde de choc. Cela a mis notre industrie en situation de stress car la Chine est tout simplement le premier marché mondial pour l’exportation de matières recyclables ». Au regard des chiffres, ce bon monsieur peut bien ruer dans les brancards : « L’Union européenne (UE) exporte la moitié de ses plastiques collectés et triés, dont 85% vers la Chine. Les Etats-Unis ont, eux, envoyé en 2016 en Chine plus de la moitié de leurs exportations de déchets de métaux non ferreux, papiers et plastiques, soit 16,2 millions de tonnes ». Par contre, personnellement, je trouve indécent qu’on en veuille à la Chine de protéger sa population et son environnement contre une pollution dont l’échelle de résorption se mesure parfois sur des centaines voire des milliers d’années. Des alternatives, il en existe certainement ! Des pays déjà suffisamment pollués au regard de leur niveau de développement comme l’Inde, le Pakistan, le Cambodge, le Vietnam, la Thaïlande et même certains pays de l’Amérique latine sont sur la liste ; ils vont accueillir à bras ouverts la nuisance, la maladie et, à terme, la mort que les autres ne veulent pas chez eux quand bien même ils les auraient produites. D’autres alternatives envisagées notamment aux Etats-Unis consistent à conditionner ces déchets pour les stocker sur des parkings ou sur des sites extérieurs », comme le révèle Brandon Wright, porte-parole de la NWRA (Fédération américaine des déchets et du recyclage). Dans l’urgence, l’Union Européenne vient de dévoiler sa stratégie en la matière qui vise à « … réduire l’utilisation des plastiques à usage unique, avec pour objectif que tous les emballages de ce type soient recyclables d’ici 2030 ». Selon les toutes récentes statistiques, « seulement 30% des déchets plastiques des Européens sont recyclés à l’heure actuelle et le reste finit incinéré pour produire de l’énergie (39%) ou en décharge (31%) ». Au regard de ces informations, il est tout à fait aisé d’’appréhender l’enjeu que représente la gestion des déchets pour les pays occidentaux producteurs et aussi pour les pays-poubelle qui, pour le prix d’un bol de cacahuète, se croient obligés de les accueillir. Serge de MERIDIO
Source: infosepte