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CHRONIQUE DU MARDI : Justice

Il fut un temps ou juger une personne, pour faire simple, demandait certes du temps, mais un temps relativement court afin d’ouvrir une enquête, d’instruire le dossier et d’aller au procès avec le verdict qui sera rendu à la fin. Des procès généralement suivis de près par les victimes qui ont une grande soif de justice, une justice que l’ensemble des justiciables souhaitent équitable et juste à la fois. Mais comme on le sait, c’est l’intime conviction du juge, au regard du droit, qui prime. Et qui parle d’intime conviction parle aussi d’une certaine dose de subjectivité volontaire ou non. Mais là n’est pas la question, car cette justice dont nous parlons n’était pas aussi budgétivore que celle que nous connaissons de nos jours.

Ahmad Al Faqi Al Mahdi mwanajihadi djihadiste terroriste proces cpi

En effet, à l’image de la « charity business » dont certains se sont spécialisés en faisant du malheur des autres leurs fonds de commerce, on en a d’ailleurs parlé dans cette chronique, de plus en plus, nous assistons à une justice spectacle et onéreuse.

Des juridictions spécialisées sont ainsi mises en place pour juger des cas spécifiques avec de super magistrats et des moyens colossaux. Des procès sont organisés en mondovision et la procédure est scénarisée, comme un feuilleton, afin de pouvoir justifier les fonds ainsi engagés.

On a ainsi vu le TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda), les Chambres Africaines Extraordinaires pour juger Hissen Habré, et encore plus près de nous, la CPI (Cour Pénale Internationale), qui juge en ce moment Ahmad Al Faqi Al Mahdi, pour la destruction des mausolées de Tombouctou.

Il ne s’agit pas pour nous ici d’entrer dans un débat pour savoir l’utilité de telles juridictions spécialisées ou non. Mais là où l’on s’interroge, c’est au niveau de leur coût. Oui, ces juridictions coûtent chères, très chères même. Elles sont tellement chères que l’on se demande si les fonds qu’elles mobilisent, n’auraient pas pu servir à autre chose.

Restons avec le cas de Ahmad Al Faqi Al Mahdi. Si la procédure a pris du temps, le procès même est allé assez vite, même si on attend encore son verdict. Mais pour ce seul jugement, la CPI, à chaque étape de la procédure, a lancé de nombreuses invitations à des personnalités de la société civile, du monde de la presse et de celui de la justice.

De même, les magistrats constituant cette cour spéciale ont droit à un traitement dont le montant donne le tournis, sans compter toute la logistique y afférente. En somme, pour juger quelqu’un à l’origine de la destruction de mausolées dont la reconstruction aura coûté quelques centaines de millions, il aura fallu engloutir le double, voire le triple de ce montant ! Si on parle beaucoup de parachutes dorés au niveau des patrons de grands groupes industriels, on peut aussi parler de procès en or pour certains magistrats au niveau de certaines juridictions spécialisées. Cela sert-il sincèrement la justice ?

Certainement que non. Dans le cas du procès de Hissen Habré, les milliards déboursés ont-ils permis de rendre une sentence ayant apaisé la douleur des victimes et de leurs parents ? Ces fonds considérables ont-ils apporté un plus à ce procès qu’une juridiction ordinaire n’aurait pas pu ? Avec cette justice à deux vitesses, l’on contribue à creuser davantage le fossé entre des justiciables sceptiques et allergiques à une sorte de déni de justice et une justice bling bling qui respire désormais le showbiz.

Maliden

 

Source: lesechos

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