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CHRONIQUE DU MARDI : Débat

Le Mali vient de commémorer le 25e anniversaire de l’avènement de la démocratie dans notre pays. 25 ans après les acteurs du mouvement démocratique ne font pas la même lecture des acquis et du développement du processus. Si d’aucuns estiment qu’un grand chemin aura été parcouru, d’autres pensent que le mouvement démocratique est mort et que les mêmes maux qui ont été combattus en mars 1991 persistent encore aujourd’hui avec plus d’acuité. Cela aurait été intéressant, à cette occasion, de pouvoir réunir certains de ces acteurs, aux avis différents, autour d’un plateau de débat pour mieux édifier l’opinion nationale.
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En effet, si le Mali a longtemps été considéré comme étant l’une des vitrines de la démocratie sur le continent, avec une alternance au sommet de l’Etat, il faut reconnaître que l’un des talons d’Achille de notre système démocratique demeure l’absence de débats contradictoires sur les medias publics. Le constat a toujours été fait, mais jamais la volonté de changer les choses n’a été perceptible. Or, une démocratie sans débats d’idées ne saurait mettre en avant la qualité de la liberté d’expression si chèrement défendue. Il faut dire que dans notre pays, les débats font peur, sans qu’on ne sache pourquoi et que tous les prétextes sont bons pour ne pas les organiser.
Dans cet exercice démocratique, c’est de la confrontation des idées que jaillit la lumière. Or, il se trouve qu’ici, en n’épousant pas les idées défendues par tel ou par les pouvoirs publics, l’on considère que tu t’attaques à l’autre ou alors que tu es un opposant au pouvoir. Ce qui fait que de nombreuses personnes, bien que développant des analyses objectives et non partisanes rechignent à venir sur un plateau de télé ou de radio pour les développer. De même, certains acteurs, hors micro, te développent des idées lumineuses et émettent des critiques pointues. Mais une fois dans un débat, on a du mal à reconnaître ces mêmes acteurs, car tenant un tout autre langage.
Il y a comme une peur qui s’est installée, celle certainement de perdre un certain privilège ou de ne pas être convié un jour à exercer certaines fonctions lucratives. A vrai dire, les débats d’idées dans notre pays sont perçus comme des attaques personnelles. Tous les mots sous pesés et soupesés pour jouer à l’équilibriste. Les mêmes mots sont décortiqués et interprétés à tort par des individus cherchant à entrer dans les grâces du pouvoir pour dénigrer leurs auteurs et les indexés comme étant des empêcheurs de tourner en rond.
Si nous restons dans le conformisme et que chacun cherche à caresser dans le sens du poil les tenants du pouvoir, comment veut-on pouvoir bâtir et consolider une démocratie qu’on se veut exemplaire ? Qu’on laisse aux politiques faire leurs discours dithyrambiques voire laudateurs, mais que les intellectuels puissent se départir de cette peur afin de défendre leurs idées et non d’épouser celles des autres dans l’espoir de pouvoir bénéficier d’un retour d’ascenseur. Sans accepter d’aller vers des débats contradictoires, qu’ils soient politiques, économiques, culturels ou sociaux, il ne faut pas être surpris qu’on fasse du surplace.
Cette chronique fera certainement débat et c’est tant mieux. 25 ans après mars 1991, il est temps que les espaces des joutes oratoires contradictoires puissent avoir droit de cité dans nos medias publics. Que les uns et les autres puissent dire haut ce qu’ils murmurent tout bas dans des espaces fermés. Que l’opinion nationale puissent savoir qui pense quoi de tel ou tel sujet et qu’à leur du bilan, les uns et les autres sachent qui choisir en fonction de ses convictions profondes et non sur des préjugés. Il est temps, vraiment temps que l’on cesse de faire le constat stérile de l’absence de débats contradictoires en libérant l’initiative.
Source: Les echos

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