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Chronique d’ine symphonie anachevée

Fidèle à la mémoire des Martyrs, demain, samedi 26 Mars 2016, la Nation commémore le 25e anniversaire de la Révolution.
Vingt-cinq ans ! Un quart de siècle ! Le temps a fait son œuvre. Comme le dirait le penseur, «Les jours passent, et ils emportent avec eux, les espérances trompées», les ambitions dévoyées, les aspirations déçues et les attentes trahies, devrons-nous ajouter pour ce qui est de notre Révolution.

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En effet, l’espérance née de notre Révolution du 26 Mars a laissé place, un quart de siècle après, à la désillusion et au désenchantement, au triomphe de toutes les impostures et toutes les forfaitures.
Le renoncement des uns, le défaitisme cultivé dans un limon de fatalisme collectif sur fond d’oubli commode et de compromission politiquement correcte ont éteint, dans l’indifférence et la banalité, la flamme et la ferveur révolutionnaire, éloignant la démocratie malienne et ses acteurs de l’idéal progressiste et de l’esprit du 26 Mars, du combat et du sacrifice de nos Héros et de nos Martyrs.

De nos Martyrs honteusement déclamés de façon circonstancielle, surtout pour les besoins de la cause. Qu’est-ce qui en reste, 25 ans après le 26 Mars ?
Il est vrai que la grande majorité de notre jeunesse n’était encore née quand fut la Révolution du 26 Mars. Quelle histoire lui transmettre ? Quelle leçon lui enseigner, lorsque la mémoire se met en congé pour laisser l’idéal et l’ambition commune au changement tomber dans l’oubli pour, si ce n’est dans la compromission et la prédation, l’opportunisme et les accommodements de coterie appelés consensus. Hélas ! Comme hier ?

William Shakespeare avait raison quand il dit que «le temps ressemble à un hôte du grand monde, qui serre froidement la main à l’ami qui s’en va et qui, les bras étendus, embrasse le nouveau venu».
Et pour cause. Après 25 ans, ce sont les contre-révolutionnaires et les héros de la 25e heure qui tirent désormais les marrons du feu ; les acteurs de la Révolution rasant les murs.
Normal, pour paraphraser feu le Président Modibo KEITA, lorsque les héros deviennent les fossoyeurs de la Révolution, c’est le festival des imposteurs. Or, le camarade Ernesto Che Guevara avait déjà prévenu : «dans une révolution, on doit triompher ou mourir».
Parce que de mort, que nenni (c’est la place de Moussa qu’on voulait) ! Et que de triomphe, après le 26 Mars, on le voulait à la Pyrrhus, qu’on a renié l’exemple de Babemba (plutôt la mort que la honte), on a ingurgité la compromission et la trahison jusqu’à la lie révoquant ainsi notre serment de préserver et défendre la mémoire des Martyrs cyniquement consacrés en norme républicaine et constitutionnelle.

Un quart de siècle après, notre 26 Mars, dès lors, ne ressemble-t-il pas plus à une grosse mystification, une vertueuse imposture, pardon à une Révolution de Palais qu’à une véritable révolution. Parce que, tel que l’enseigne Jean Jaurès, « il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience ». Où est la nôtre ? Révolution ou Putsch ? Chute d’une dictature ou avènement d’une démocratie ?
Quelle leçon retenir du 26 Mars sinon que celle qui enseigne que toute révolution est entamée par des idéalistes et des naïfs, poursuivie par des intrigants et des démolisseurs et consommée par des scélérats et des autocrates… comme pour paraphraser l’autre !
Réduite depuis une décennie à quelques laconiques communiqués (de plus en plus squelettiques), aux célébrations gênantes de dépôts de gerbes de fleurs sur le monument aux martyrs ou dans le meilleur des cas à de rares cogitations de nostalgiques, la Révolution du 26 Mars aura ce samedi un quart de siècle.
Noce d’argent, elle sera célébrée non pas pour rendre hommage à la mémoire des Martyrs, pour faire le bilan du parcours ; mais à la gloire d’un Homme pour exalter son égo sur fond de contrition et d’opportunisme.

25 ans après la Révolution de Mars, nombre sont ceux qui étaient dans les rues et qui se sentent aujourd’hui doublement floués et trahis par les élites oligarchiques d’hier devenues depuis une petite coterie mafieuse, une bourgeoisie compradore et latifundiaire arrogante et corrompue qui depuis 25 ans, festoyant avec les restaurateurs d’hier et crachant sur la mémoire des Martyrs, a mis le pays en coupe réglée et qui, au nom du consensus et de la compromission politique, pactise à travers des accommodements raisonnables pour perpétuer ses intérêts claniques.

Le 26 Mars, sauf respect pour la mémoire des Martyrs, est et reste à notre avis, une symphonie inachevée, pour appeler le chat par son nom l’histoire d’imposture concoctée, véhiculée et entretenue par :
– ceux qui croient que la démocratie pluraliste est la fin de l’histoire, pardon du processus révolutionnaire ;
– ceux qui ont eu leurs comptes et assouvi leurs ambitions administratives et institutionnelles, sociales et financières depuis 25 ans ;
– ceux qui ont substitué à l’intouchabilité d’hier l’impunité d’aujourd’hui ; le consensus d’aujourd’hui à la cooptation d’hier ; le clanisme d’aujourd’hui au clientélisme d’hier ; l’effondrement de l’État et de son autorité d’aujourd’hui à la dictature d’hier ; la corruption d’aujourd’hui à la misère d’hier ;
– ceux qui ont cultivé et excellé dans la corruption, le vol et la magouille en tous genres ;
– ceux ont profité et gravité vingt-cinq (25) ans durant autour du système de démocratie « confisquée », « pervertie », « corrompue »… ; et
– ceux qui croyaient pouvoir continuer toujours à conjuguer au passé et à mépriser l’insurrection populaire qui a eu raison du régime du Président Moussa TRAORE.
Vingt-cinq (25) ans après, que reste-t-il de l’esprit et de l’idéal ? Quelle histoire du 26 Mars enseigner aux générations futures ?
Vingt-cinq (25) ans après, le chemin parcouru permet-il de se ressaisir, de relancer l’espérance au changement, fédérer les acteurs autour de l’essentiel, réconcilier les Maliens sur leur parcours, leurs réussites, leurs échecs, leurs projets et ambitions communs ?

Vingt-cinq (25) ans après, face aux écueils, reculs, et tentatives de remise en question, faut-il faire le deuil de l’espoir, des acquis, des projets et des ambitions démocratiques?
Des Mouvements et coordinations de circonstance ou d’opportunité, avec de bonnes et mauvaises intentions, ont été suscités et mis sur les fonts baptismaux depuis pour rallumer la flamme et remobiliser les démocrates et les patriotes pour que ne soit pas vain le sacrifice des Martyrs.
Prise de conscience tardive ou calcul politicien ?

PAR SAMBI TOURE

 

Source: info-matin

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