Le Premier ministre de Transition, Dr. Choguel Kokalla Maïga a été destitué la semaine dernière de la présidence du mouvement par une frange du M5-RFP. Aujourd’hui la question que certains se posent est de savoir si Choguel Maïga pourra encore rester à la Primature dans ces conditions ?
L’arrivée de Choguel Maïga à la Primature en juin 2021 a nourri beaucoup d’espoir et d’enthousiasme au sein de la population bien que certains analystes affirmaient à l’époque que Choguel est clivant. Qu’il va plutôt profiter de ce poste pour régler ses comptes avec ses adversaires politiques de longue date. L’histoire a donné raison à ces analystes parce que le Premier ministre n’épargne personne lors de ses prises de parole.
Cet enthousiasme de certains Maliens à l’endroit de Choguel s’explique par le fait qu’il a eu le courage de dénoncer les pratiques malsaines de l’ancien régime de feu IBK (mauvaise gouvernance, corruption, gabegie…)
Lors de son arrivée à la Primature, il a promis aux Maliens un Mali Kura où il y aura moins de corruption, une gouvernance vertueuse basée sur l’honnêteté et la transparence dans la gestion des affaires du pays.
Presque quatre ans à la Primature, le Mali Kura que Choguel a promis aux Maliens reste toujours un mirage. Les mêmes pratiques pour lesquelles il a combattu le régime de feu Ibrahim Boubacar Keita demeurent jusqu’à preuve du contraire dans l’administration.
Malgré ses échecs cuisants à mettre en œuvre son Plan d’action gouvernementale qu’il a défendu mordicus devant le CNT, Choguel K. Maïga semble parfaitement remplir le rôle qui lui est assigné : volontiers excessif, ses prises de parole vont toujours dans le sens des colonels au pouvoir, sans jamais prétendre aspirer à plus de poids.
D’ailleurs il y a moins de deux semaines, il a affirmé clairement qu’après plus de 40 ans d’activités politiques cette Transition est la concrétisation de toute sa carrière politique.
Mais en réalité en faisant une analyse approfondie, le citoyen lambda a l’impression que le Premier ministre n’est au courant de rien sur beaucoup de questions qu’on lui pose. Par exemple, lors de son passage dans l’émission “Mali Kura Taa sira” sur les ondes de l’ORTM le 29 février, il a répondu ne pas être au courant de certains dossiers brûlants comme la crise énergétique qui frappe de plein fouet les Maliens affirmant que c’est le président de la Transition qui gère ces dossiers.
En plus, sur la page officielle de la Primature, le Premier ministre ne fait que recevoir des associations, des organismes syndicaux et autres. Cela a poussé notre curiosité en demandant si réellement le chef de l’administration malienne est au courant de la gestion des affaires du pays.
De même qu’il nie être au courant de la gestion des affaires publiques, le locataire de la Primature est en difficulté récurrente. Il a été destitué la semaine dernière de la présidence du comité stratégique du mouvement qui l’a porté à la Primature par une frange des membres du M5-RFP.
Un mouvement sur lequel il s’est adossé, à chaque fois qu’il a eu des difficultés, pour asseoir un peu sa légitimité aux yeux des militaires, afin qu’ils puissent le maintenir à son poste. Aujourd’hui beaucoup de ses soutiens affirment que le Premier ministre est devenu plus un historien qu’un contemporain. Car, à chaque sortie publique, il ne fait que raconter des histoires et des anecdotes qui n’ont rien à voir avec les préoccupations pressantes des Maliens.
Au regard de tous ces faits, les chances de Choguel Maïga de rester à la Primature demeurent minimes. Surtout que dans un courriel, le M5-RFP de l’imam Oumarou Diarra a écrit au ministre de l’Administration territoriale avec ampliation au président de la Transition pour leur signifier la destitution de Choguel à la tête du M5-RFP.
Certains observateurs estiment que le chef du gouvernement, vieux routier de la scène politique malienne, a des cartes en main pour assurer sa survie. Jeudi dernier, il a joué une de ses cartes en convoquant la classe politique pour des échanges sur le retrait des Etats de l’AES et la fin de l’Accord de paix d’Alger.
Comme une réponse du berger à la bergère, la classe politique, dans une quasi-unanimité, a décliné l’invitation du Premier ministre, une façon claire de lui retourner l’ascenseur.
Ce deuxième revers, après celui que sa propre famille politique, à savoir le M5-RFP lui avait fait subir, affaiblirait pour ne pas dire consacrerait sa mort politique certaine, car on pourrait affirmer sans risque de se tromper que ses jours sont désormais comptés à la tête du gouvernement.
Certains diront que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a semé le vent et il est en train de récolter la tempête.
Ousmane Mahamane