La sanglante attaque contre l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo suscitait mercredi l’horreur au sein de la communauté internationale, politiques et médias confondus fustigeant une atteinte à la liberté d’expression.
De Tokyo à Washington, de Moscou au Qatar, les responsables et chefs d’Etat du monde entier ont multiplié les messages de soutien à la France et exprimé leur révulsion.
Politiques, têtes couronnées telles la reine Elizabeth II et le roi des Belges, organisations internationales et médias de tous pays ont rendu hommage aux victimes (12 morts, 11 blessés) de cette “journée noire pour la liberté d’expression”.
“La France, et la merveilleuse ville de Paris où cette attaque scandaleuse a eu lieu, sont pour le monde une référence intemporelle qui demeurera bien au-delà de la vision haineuse de ces tueurs”, a écrit le président américain Barack Obama dans un communiqué.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est directement adressé en français aux familles des victimes et au peuple français pour exprimer sa compassion et sa solidarité.
On est tous Français”, s’est exclamé le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, en visite à l’ambassade de France à Rome.
Premier à réagir, le chef du gouvernement britannique David Cameron a dénoncé des “meurtres révoltants”.
“Nous nous tenons aux côtés du peuple français dans le combat contre le terrorisme et pour la défense de la liberté de la presse. Ces gens ne pourront jamais nous ôter ces valeurs”, a-t-il martelé.
Le président russe, Vladimir Poutine, par la voix de son porte-parole, a dénoncé le terrorisme “sous toutes ses formes”, tandis que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a évoqué “un acte intolérable, une barbarie” qui “nous interpelle tous en tant qu‘êtres humains et qu’Européens”.
La chancelière allemande Angela Merkel s’est, de son côté, dite “bouleversée” par un “attentat abominable”.
De la Belgique au Canada, de l’Italie au Japon, les messages de soutien ont afflué de partout.
En Norvège, elle-même naguère endeuillée par le carnage provoqué par l’extrémiste de droite Anders Behring Breivik (77 morts en 2011), les principaux responsables politiques ont fait part en français de leur horreur sur Twitter.
En Turquie, le gouvernement islamo-conservateur a fermement condamné l’attentat commis à Paris, tout en mettant en garde contre le péril de l’islamophobie.
– “Jour noir pour la liberté d’expression” –
La réaction était très forte dans le monde des médias internationaux.
“La tuerie perpétrée dans les locaux de l’hebdomadaire français Charlie-Hebdo, à Paris, relève de l’horreur absolue”, a estimé la Fédération européenne des journalistes (FEJ), dont le siège est à Bruxelles.
“Une attaque barbare comme celle-là, c’est une affaire sans précédent”, a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF).
Amnesty International a parlé d’un “jour noir pour la liberté d’expression”. “Mais c’est d’abord une tragédie humaine épouvantable”, a ajouté Stephan Oberreit, directeur d’Amnesty International France.
L’Association de la Presse Internationale y voit une attaque non seulement contre les journalistes, mais aussi contre la liberté des médias en général”.
Le groupe international Bertelsmann a condamné une “attaque contre la liberté d’expression et la liberté de la presse”.
Tim Wolff, le rédacteur en chef du journal satirique allemand “Titanic”, qui a aussi publié quelques caricatures de Mahomet, a déclaré au journal régional “Wiesbadener Kurier”, ne pas vouloir se restreindre dans son travail après cet attentat. “Si un thème est important pour nous et que nous trouvons les blagues drôles, alors nous l’imprimons”, a-t-il déclaré. Il a ajouté qu’une telle attaque rendait le thème encore plus pertinent pour les auteurs satiriques.
La sécurité a toutefois été renforcée mercredi autour du journal danois Jyllands-Posten. Ce journal avait créé la polémique en 2005 en publiant des caricatures de Mahomet, qui avaient été reproduites par Charlie Hebdo quelques mois plus tard.
Kurt Westergaard, l’auteur des caricatures les plus controversées qui avait échappé à une tentative d’assassinat en 2010, s’est déclaré choqué par l’attaque “effrayante et horrible” contre Charlie Hebdo.
L‘écrivain Salman Rushdie a déclaré que la satire devait s’appliquer aux religions. L’auteur des “Versets sataniques”, contraint de vivre près de 10 ans dans la clandestinité après une fatwa émise contre lui par l’ayatollah Khomeini en 1989, a exprimé sa “solidarité à Charlie Hebdo”, appelant à “défendre l’art de la satire”.
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Source: Agence France-Presse.