La Chine est parvenue à éradiquer le paludisme après 70 ans de lutte contre cette maladie transmise par un moustique, a annoncé, mercredi 30 juillet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le pays, qui recensait 30 millions de cas par an dans les années 1940, n’a pas signalé un seul cas indigène au cours des quatre dernières années.
« Nous félicitons le peuple chinois pour avoir débarrassé le pays du paludisme, a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. La Chine rejoint les pays, toujours plus nombreux, qui montrent qu’un futur sans paludisme est possible. »
Les pays ayant enregistré trois années consécutives sans transmission locale peuvent demander une certification auprès de l’OMS pour valider leur statut de nation sans paludisme. Ils doivent accompagner cette requête d’éléments de preuve très rigoureux et démontrer leur capacité à prévenir toute nouvelle transmission.
La Chine est le 40e territoire à obtenir cette validation de la part de l’agence onusienne. La Chine est le premier pays de la région du Pacifique occidental dans la nomenclature de l’OMS à recevoir cette certification en plus de trente ans. Seuls trois pays en bénéficiaient jusqu’à présent : l’Australie (1981), Singapour (1982) et Bruneï (1987).
Élimination des zones de reproduction du moustique
Pékin a commencé, dans les années 1950, à identifier les endroits où le paludisme se propageait et à le combattre avec des traitements préventifs antipaludéens, a relevé l’OMS. Le pays a également éliminé les zones favorables à la reproduction des moustiques et a développé l’utilisation d’insecticides dans les logements. Il a lancé, en 1967, un programme scientifique pour trouver de nouveaux traitements qui ont mené à la découverte, dans les années 1970, de l’artémisinine, principal médicament contre la maladie extrait d’une plante.
Dans les années 1980, la Chine a fait partie des premiers pays à expérimenter les moustiquaires infusées d’insecticide. Selon un bilan effectué en 1988, plus de 2,4 millions avaient été distribuées sur l’ensemble du territoire. Le nombre de cas a chuté à 117 000 avant la fin des années 1990 et les décès ont été réduits de 95%. Des efforts supplémentaires, engagés en 2003, ont permis de descendre autour de 5 000 contaminations par an dans les dix ans.
Risque de contaminations locales
Après quatre ans sans contamination locale, Pékin a demandé sa certification en 2020. Des experts se sont rendus sur place en mai pour vérifier l’absence de cas local et s’assurer du dispositif pour éviter une résurgence. Mais le risque de cas importés reste source d’inquiétude, notamment en provenance du Laos, de Birmanie et du Vietnam voisins qui peinent face à la maladie.
Dans son rapport 2020 sur le paludisme dans le monde publié en novembre, l’Organisation a constaté que les progrès dans la lutte contre la maladie stagnaient, en particulier dans les pays africains qui affichent les bilans les plus lourds en termes de contaminations et de décès.
Après un recul régulier depuis 2000, quand la maladie faisait 736 000 morts, le nombre de décès a été estimé à 411 000 en 2018 et à 409 000 en 2019. Plus de 90% surviennent en Afrique et concernent en grande majorité de jeunes enfants (265 000). En 2019, il y a eu 229 millions de cas de paludisme, un niveau qui se maintient depuis quatre ans.
Source: RFI